Les coups de cœur #516 : Maru Kuleshova et Rebeca Balas

28 octobre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #516 : Maru Kuleshova et Rebeca Balas
© Maru Kuleshova
© Maru Kuleshova

Dans nos coups de cœur de la semaine, Maru Kuleshova et Rebeca Balas examinent les profondeurs du corps humain. L’épiderme devient le canevas de la mémoire collective pour la première, tandis que la seconde cherche à révéler l’authenticité et la vulnérabilité qui se dissimule derrière chaque être.

Maru Kuleshova

Maru Kuleshova a fait du corps une toile vivante pour exprimer la nature humaine, l’intime et l’expérience de la guerre qui « à bien des égards, restent les territoires de l’expérience humaine inexprimée et est souvent inaccessible à une pleine compréhension » soutient-elle. Marquée par la deuxième guerre du Karabakh en 2020 et le début de la guerre en Ukraine, l’artiste russe, aujourd’hui exilée en France s’intéresse à la mémoire collective et les traumatismes laissés par la guerre, et sa propre intimité à travers la photographie. « Je suis dyslexique, ce médium est, depuis l’adolescence, mon outil de langage premier, moins verbal, plus tactile » confesse Maru Kuleshova. La lumière infuse ses images oniriques pourtant marquées par un sentiment de douleur. Le nu lui permet une exploration des moments authentiques de sa propre vie — dans des autoportraits — ou une excursion intime et dénudée dans les expériences des autres. « Pour moi, la nudité est synonyme d’organicité, de pureté et de liberté. L’érotisme est absent » ajoute-t-elle. Peut-être est-ce là une façon de plonger dans cette mémoire collective qui anime tant la photographe.

© Maru Kuleshova
© Maru Kuleshova
© Maru Kuleshova
© Maru Kuleshova
© Maru Kuleshova
© Rebeca Balas

Rebeca Balas

Rebeca Balas puise son inspiration dans la vie de tous les jours et la synesthésie. « Ma photographie est un journal des sentiments » révèle-t-elle. Avec son approche analogue, elle cherche la beauté dans les détails, elle dévoile les sentiments de liberté totale et de nostalgie. La lumière la guide autant lorsqu’elle capture la spontanéité de la nature que lorsqu’elle saisit le corps humain. « Le corps et les pigments de la peau sont à la fois expressifs, naturels et délicats, raconte la photographe madrilène. La nudité est une vulnérabilité partagée. En fin de compte, vous montrez une partie de vous intégralement sans vous cacher sous des couches. » C’est ainsi que la photographe communique ses réflexions personnelles, l’intime et la simplicité qui entoure le quotidien, tout en essayant d’élaborer un cadre immersif pour les spectateur·ices.

© Rebeca Balas
© Rebeca Balas
© Rebeca Balas
© Rebeca Balas
© Rebeca Balas
À lire aussi
Les coups de cœur #513 : Alexis Barbe et Eduardo Oropeza
© Eduardo Oropeza
Les coups de cœur #513 : Alexis Barbe et Eduardo Oropeza
Alexis Barbe et Eduardo Oropeza, nos coups de cœur de la semaine, puisent leur inspiration dans les métropoles. Le premier capture leur…
07 octobre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœurs #512 : Manon Jana Chayah et Amit Machamasi
© Manon Jana Chayah
Les coups de cœurs #512 : Manon Jana Chayah et Amit Machamasi
Dans nos coups de cœur de la semaine, Manon Jana Chayah et Amit Machamasi arpentent les terres meurtries, documentent les jeux des…
30 septembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Explorez
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
© Sara Lepore / Instagram
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
La maison se fait à la fois abri du monde et porte vers le dehors, espace de l’intime et miroir de nos modes de vie. Les artistes de...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
What’s the word? Johannesburg! : L'Afrique du Sud se raconte à la Fondation A
© Afronova Gallery, Alice Mann, Siphithemba Mshengu, 2018.
What’s the word? Johannesburg! : L’Afrique du Sud se raconte à la Fondation A
Accueillie jusqu'au 21 décembre 2025 à la Fondation A, située à Bruxelles, l’exposition What’s the word? Johannesburg! nous présente le...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
© Jet Siemons
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
Dans Hannie & Billo – The Trail Project, Jet Siemons retrace la trajectoire d’un couple, Hannie et Billo, à partir d’un album photo...
18 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Ekaterina Perfilieva et l'intime au cœur de la fracture
© Ekaterina Perfilieva, Nocturnal Animals
Ekaterina Perfilieva et l’intime au cœur de la fracture
À la fois distante et profondément engagée, Ekaterina Perfilieva, artiste multidisciplinaire, interroge une contemporanéité...
17 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
© Valérie Belin
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
L’heure des rencontres « 7 à 9 de Chanel » au Jeu de Paume a sonné. En cette rentrée, c’est au tour de Valérie Belin, quatrième invitée...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot