Antoine Delage et Alizée Delibrias, nos coups de cœur #368 se nourrissent tous deux de leur monde intime pour créer des œuvres et séries aussi touchantes qu’originales.
Antoine Delage
« J’ai commencé la photographie dans un souci de mémoire. Mon attrait pour cet art a commencé bien avant de manipuler un appareil. Petit, j’avais recouvert les murs de ma chambre d’images retraçant ma courte vie – représentant ma famille, mes amies, mes voyages – il ne restait pas un centimètre de papier peint voyant »
, se souvient Antoine Delage, 28 ans. Adolescent, l’auteur commence à découvrir ce qu’il aime particulièrement shooter. Une passion qui le conduit à intégrer ensuite l’ETPA de Toulouse, d’où il sort diplômé en 2015. S’il laisse évoluer son approche, et son esthétique, le photographe se laisse néanmoins guider par une chose : l’émotion. Une préférence qui le pousse à se tourner vers l’homme « sa complexité et ses préjugés, mais aussi le genre, le corps, ou la sexualité », énumère-t-il. En argentique, Antoine Delage préfère aborder l’intimité. « Je traite à travers cette pratique ma vie et ses aléas, comme les ruptures amoureuses, ou encore les voyages », poursuit-il. Dans 23h04, c’est l’Estonie – un pays qu’il a visité en août 2021 – qui retient son attention. « Elle possède une histoire mouvementée, avec un peuple et une culture à cheval entre l’Europe de l’est et les pays nordiques. On y trouve des jeunes ouverts au reste du continent, ainsi qu’une génération ayant connu l’URSS. Les diptyques permettent d’appuyer cette différence, en confrontant deux visions, tout en faisant le constat d’une évolution », confie-t-il.
© Antoine Delage
Alizée Delibrias
Étudiante en audiovisuel, Alizée Delibrias, 18 ans, est passionnée par le cinéma. « La photographie est la touche sucrée de ma vie », commente-t-elle. Après avoir réalisé de nombreux autoportraits, pour s’initier au médium, l’artiste s’est tournée vers la capture du corps, qu’elle perçoit comme une source d’inspiration sans fin. « Laisser apparaître les mouvements et les détails de la peau sur mes photos dévoile mon attirance pour ce sujet d’étude », poursuit-elle. Ses autres sujets de prédilection ? « Le rêve, le cauchemar et la mort ». Autant de thématiques qui suscitent une certaine fascination. « Les gens me disent que je suis glauque, mais il s’agit de sujets tabous dans notre société. Pourtant, nous y sommes confronté·e·s chaque jour, ce n’est pas quelque chose à ignorer – il faut en être conscient·e·s », ajoute l’autrice. Plongées dans la pénombre, éclairées par quelques faibles lumières, les silhouettes qu’elle met en scène semblent sorties d’un songe. Corps anonymes, vêtements trempés, collés sur les courbes, comme le marbre d’une sculpture, ses sujets révèlent son amour du mystère, et de l’inexplicable. « Dans mes clichés, j’essaie de questionner le regardeur sur lui-même : ce n’est pas seulement l’idée que je veux transmettre qui m’intéresse, mais aussi la manière dont celui ou celle qui la regarde la reçoit, la comprend », conclut-elle.
© Alizée Delibrias
Image d’ouverture : © Alizée Delibrias