Que faire, lorsque la liberté de circuler nous est enlevée ? Comment rendre compte, à travers la photographie, de notre environnement, de notre réalité ? Inspirés par le monde extérieur, la notion d’intimité, ou encore les expérimentations plastiques, les photographes ont rivalisé de créativité pour nous permettre, malgré la quarantaine, de nous évader d’un quotidien oppressant. Retour sur les travaux qui nous ont émus, questionnés, ou fait rire durant les confinements.
Aliocha Boi
En découvrant un Paris désert pendant le confinement, Aliocha Boi compose sa Quiet Symphony. « Ville d’ordinaire chaotique et mouvementée, elle s’était métamorphosée : un morceau plus calme et apaisé se jouait sous mes yeux », raconte-t-il. Inspiré par la notion d’entre-deux, l’interaction entre l’homme et son environnement, le photographe y a documenté l’abandon.
© Aliocha Boi
Léo Derivot
Jeune photographe devenu Marseillais quelques jours avant le confinement, Léo Derivot ne cesse de capturerde montrer ce qui l’interpelle dans la société contemporaine et de questionner notre rôle individuel et collectif. « Le confinement m’a offert le temps de penser l’importance de l’écriture militante, artistique, poétique à adopter pour présenter mon travail », confie-t-il.
© Léo Derivot
Arié Botbol
« J’ai été surpris d’observer à quel point les gens confinés avaient besoin de se défouler, de faire parler leur corps enfermé, et ce, sans distinction d’âge, de sexe ou de classe sociale »
, confie Arié Botbol. Le photographe a donc choisi de photographier les « déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelles des personnes ». Un portrait insolite de la quarantaine.
© Arié Botbol
François-Xavier Marciat
, photographe belge de 38 ans, livre dans Lockdown sa vision du confinement et de l’après. Un travail graphique et minimaliste commencé à la veille de la quarantaine, raisonnant étrangement avec l’actualité de l’année 2020.
© François-Xavier Marciat
Rafael Heygster & Helena Manhartsberger
En jouant avec notre perception du réel, dans Corona Rhapsody, les photographes Rafael Heygster et Helena Manhartsberger donnent à voir l’absurdité et le chaos engendrés par le confinement, tout en invitant le regardeur à questionner sa propre vision de la pandémie.
© Rafael Heygster & Helena Manhartsberger
Hugo Ribes
Toucher une poignée de porte, faire ses courses au supermarché, éternuer… Durant l’épidémie de Covid-19, le moindre geste est devenu un risque potentiel. Dans Mes ennemis invisibles, le photographe Hugo Ribes dresse une chronologie de ses interactions sociales et propose une analyse de ses nouveaux dangers.
© Hugo Ribes
Roxy Hervé
Naturellement nommée Covid19, la série de Roxy Hervé illustre l’isolement. Seule durant le confinement, la photographe s’est initiée à l’autoportrait et a interrogé la présence physique. Le résultat – en noir et blanc – reflète une « forme humaine abstraite semblant être coincée dans un espace hors du temps ».
© Roxy Hervé
Anett Pósalaki
« Depuis le début du confinement, je m’intéresse davantage à l’intime. Notre espace restreint est rempli de détails qui, lorsqu’on y fait attention, nous ouvrent les portes d’un nouveau monde »
, raconte Anett Pósalaki. Dans ses œuvres, le réel et l’abstrait se croisent , et composent un récit poétique expérimental.
© Anett Pósalaki
Karine Péron Le Ouay
Corps plongé dans la pénombre, accessoires et vêtements colorés sublimés par un rayon lumineux… Les créations de Karine Péron Le Ouay évoquent les clairs-obscurs théâtraux du Caravage. C’est dans l’intimité de son appartement, en plein confinement, que la photographe a réalisé cette série ludique et graphique.
© Karine Péron Le Ouay
Xiaoyue Pu
C’est dans le Wisconsin, en plein confinement, que Xiaoyue Pu débute Floating. « Je sortais faire du vélo tous les jours, le long des lacs de Madison. Au fil de ces balades, j’ai commencé à remarquer les dos des gens. En ne sachant rien d’eux, de leur histoire, de leur personnalité, il me semblait découvrir des détails précieux, une certaine honnêteté en observant leur corps tournés », raconte-t-elle.
© Xiaoyue Pu
Patrick Sagnes
« Le premier jour, j’ai installé la chambre photographique au milieu de la cour, sans rien dire. Curieux et impressionnés mes voisins se sont succédés pour analyser de plus près cet objet insolite », raconte Patrick Sagnes. En les prenant pour modèles, le photographe rêve avec eux de destinations regrettées.
© Patrick Sagnes
Alexandra Serrano
Proche de la nature, Alexandra Serrano a constitué, durant le confinement, un herbier délicat. En mêlant procédés anciens, coupures de journaux et végétation, elle insuffle un souffle poétique à notre quotidien. « Cueillir, c’est scruter le paysage avec attention, c’est une pratique qui rend plus sensible au vivant », déclare-t-elle.
© Alexandra Serrano
Image d’ouverture : © Karine Peron Le Ouay