Contrées oniriques, paysages merveilleux ou abstractions apaisantes… Voici une sélection des photographes qui nous ont envoûtés cette année par leurs histoires ou leurs écritures singulières. Une invitation à la déconnexion !
Alexander Babarikin
Dans le monde d’Alexander Babarikin, les lumières se distordent et les teintes s’entremêlent. Les visages se confondent dans une infinité d’êtres anonymes qui semblent errer dans des méandres nocturnes, tels des spectres sans âme. « Bien que les tirages traduisent ma vision des choses, je ne pense pas qu’il ne s’agisse que de moi, quand je crée une image. Je m’efforce de partager les émotions que les autres peuvent ressentir. C’est ma façon de dire : “Vous n’êtes pas seuls”. C’est également l’une des raisons qui justifie mon utilisation de l’abstraction. Ce n’est pas à propos de moi, c’est à propos d’eux. C’est toute une poésie de l’entremêlement qui se crée.
© Alexander Babarikin
Namratha Thomas
En parcourant les profondeurs de sa mémoire, Namratha Thomas la recompose pour la préserver du néant. Animée par une force intuitive, l’artiste immortalise par l’image des instants qui s’échappent. Mêlant des collages à des photographies argentiques, elle instaure un dialogue entre le délitement du souvenir et sa préservation par le renouvellement.
© Namratha Thomas
Mikael Siirilä
Aussi esthétiques que mystérieuses, les images de Mikael Siirila créent l’abstraction. Originaire d’Helsinki, l’artiste réalise dans sa chambre noire des images réductionnistes où le détail est roi. « Mes images interrogent les notions d’absence, de présence, d’étrangeté et d’identité. Pour moi, le pouvoir d’une photographie est de suspendre la narration, de figer quelque chose, de manière silencieuse, non verbale. Ainsi, j’enlève toute identification possible pour souligner cette dimension », explique l’auteur. Du minimalisme pour reposer les esprits.
© Mikael Siirilä
Cody Cobb
« Ma photographie est influencée par mes expériences solitaires en pleine nature. Lorsque les conditions sont bonnes, celles-ci peuvent faire naître une réalité altérée, que je me sens obligé de capturer grâce à mon objectif »,
déclare Cody Cobb. Installé près de Las Vegas, le designer graphique et artiste 3D conçoit le 8e art comme un moyen de ressentir différemment, de s’évader et de percevoir l’environnement sous différents angles. Lors de ses excursions en nature, il joue avec la lumière ultraviolette pour capturer des clichés extraordinaires, tout droit venus de mondes inventés…
© Cody Cobb
Morgane Bohn
Dans Glory Melancholy, un projet auto édité en un tendre ouvrage, Morgane Bohn revient sur les traces de Nusa Lembongan, une île au large de Bali devenue fantôme durant les deux ans de crise sanitaire. « Dans les croyances hindoues, lorsque quelqu’un meurt, on continue à célébrer son âme qui, elle, survit. Tant que cette personne n’est pas incinérée, on doit s’occuper de cette âme. On couvre alors les tombes d’offrandes, on les protège du soleil par des ombrelles… Et c’est exactement ce qu’ils ont fait pour l’île en tant que telle. Tout a été mis en place pour continuer à faire vivre l’âme de Nusa Lembongan », raconte-t-elle. Un conte de vies abandonnées qui résonne comme un hymne à la résilience et à l’instant présent.
© Morgane Bohn
Kurt Bauer
Petites luxures, corps solaires, caprices et délices sucrées… Se cache, dans les images de Kurt Bauer, une invitation à vivre sans réserve, tout en se délectant du temps qui passe. Se laissant porter par le romantisme et la nostalgie que lui procure le 8e art il utilise le médium afin de saisir des mirages visuels, gorgés de malice et de légèreté. Une dose de chaleur pour les corps et les cœurs.
© Kurt Bauer
Inuuteq Storch
C’est au cœur du froid polaire, dans la ville de Sismiut au Groenland, qu’Inuuteq Storch s’est immiscé pour composer Keepers of the Ocean. Un ouvrage sensible dans lequel résonnent des voix multiples. « Au sein des images se croisent les relations humaines, les intérieurs des maisons, la vie nocturne, le quotidien, les émotions, les langues, les couleurs, l’honnêteté, et l’environnement », énumère l’artiste. Dans les routes désertes, sous des lumières crépusculaires brillent alors des existences patientes. Avec ce projet, il nous dévoile une histoire calme où la chaleur s’ancre dans le réconfort des habitudes.
Oumaïma Belouali
« Nous n’avons pas toujours besoin de courir à l’autre bout du monde pour être témoin de l’extraordinaire, autrement dit, des choses mystérieuses se produisent dans des endroits qui nous sont les plus familiers », confie Oumaïma Belouali. Une déclaration qu’elle met en images en proposant une véritable partition de sensations diffuses. Telle une réinterprétation du monde, ses images se lisent avec beaucoup de douceur et de joie communicatrices.
© Oumaïma Belouali
Olgaç Bozalp
C’est à travers le théâtre qu’Olgaç Bozalp s’est initié au 8e art. Mettant en scène ses personnages dans des décors bien pensés, l’artiste écrit un récit à la fois intime et universel, où se mêlent le réel et l’onirique. Dans Leaving One for Another, il compose une histoire de migration et de déracinement en s’inspirant de sa propre expérience. Né dans une petite ville de Turquie, loin des centres urbains, Olgaç Bozalp a visité près de cinquante nations depuis son départ. Un projet qui nous emporte dans un exode fantasmé.
© Olgaç Bozalp
Justine Valençon
Au sommet des dunes de sables de plages désertes ou solitaires, Justine Valençon célèbre les courbes féminines. Dans son projet placé sous le signe de l’engagement, Dunes, la photographe belge fige la liberté de femmes nues. Des clichés monochromes, sur lesquels elle esquisse des formes souples au pinceau. Une palette de teintes pastel qui habillent les corps et le paysage.
© Justine Valençon
Andrea Rosemercy
Photographe et directrice artistique, l’artiste originaire de Gérone − aujourd’hui établi à Barcelone − créer un véritable jardin visuel. Une pivoine enracinée dans une orange juteuse, des roses virevoltants dans des draps de satin… Dans sa pellicule argentique, la fleur est la star d’un conte merveilleux. À travers les images d’Andrea Rosemercy, le vivant subsiste malgré le passage des saisons, et les fleurs habillent les paysages de leurs pétales nébuleux. Une virée sensorielle.
© Andrea Rosermercy
Éloïse Labarbe-Lafon
« J’ai pour volonté de créer des mondes fictifs, sensibles, intimes et fantastiques. Je les pare de tonalités douces et donne aux images un aspect hors du temps et onirique. Les instants capturés sont tous différents, mais rassemblés, ils se répondent pour ne faire qu’un. Mon univers est empreint d’une atmosphère nostalgique. »
Inspirée par l’esthétique de Sarah Moon, Éloïse Labarbe-Lafon part puiser dans ses émotions pures pour créer de nouveaux mondes, aux coloris détournés. Comme happés dans une histoire dont on ne connaît ni le commencement ni la fin, les protagonistes de ses images nous invitent nous lover dans des étreintes lascives.
© Éloïse Labarbe-Lafon
Tom Nicholas Lewis
S’inspirant des banlieues qui l’entourent, Tom Nicholas Lewis bâtit un monde surréaliste où tout semble légèrement dénoter. Terrains de basket multicolores, jardins trop entretenus… Ici, l’absurdité visuelle est célébrée sous toutes ses formes. « Je suis inspiré par les mondes étranges qui germent dans mon esprit, peuplé d’humains vêtus d’habits fous sortant leurs pistolets pastel dans des zones urbaines étranges », commente-t-il.
© Tom Nicholas Lewis
Lieh Sugai
Dans la nature noire et blanche de Lieh Sugai s’évade le réel. Nous emportant tantôt au Japon, tantôt aux États-Unis, l’artiste effectue un voyage spirituel entre ses deux foyers. Désireux de refléter les liens intangibles qui relient les gens aux lieux, il symbolise les traces chimériques que les individus laissent sur leurs chemins. Une myriade de miracles visuels.
© Lieh Sugai
Kyles Jeffers
« La photographie est un miroir à la fois de ma conscience et de mon subconscient. Mon travail est définitivement lié à ma personnalité et à la façon dont je perçois mon environnement. C’est une volonté de ma part si mon œuvre est loufoque ou de mauvais goût […] », affirme Kyle Jeffers. Depuis ses balbutiements lycéens dans le monde du 8e art, l’auteur diffuse gaité et désinvolture à travers une écriture décalée. Des natures mortes qui dévoilent des objets du quotidien détournés, revêtant de multiples fonctions. Une pause pop qui redonne le sourire.
© Kyle Jeffers
Image d’ouverture © Justine Valençon