Raconter, inspirer, révéler… La trilogie qui nous sert de boussole pour composer chaque numéro de Fisheye a été précieuse pour départager les quelque 1 300 dossiers reçus pour la première édition du Prix Fisheye de la création visuelle. Lumière aujourd’hui sur Florent Tanet, Gabriele Cecconi et Étienne Francey, trois finalistes.
Florent Tanet
Florent Tanet, 36 ans, est connu pour son travail sur les natures mortes au graphisme rigoureux et sensuel qu’il compose pour de grandes marques (Bulgari, Boucheron, Chanel, Hermès, L’Oréal, LVMH…) comme pour lui-même. Dans cette nouvelle série sobrement intitulée Francis, il s’attache au travail d’un de ses voisins, ancien hippie devenu charpentier. « Depuis 2015, je photographie les objets, les marques, les restes et les chutes de bois qui se trouvent autour de son travail. Les microsculptures créées par accident, les objets qui s’assemblent malgré lui, les chutes qu’il entasse méticuleusement dans son atelier. À travers cette série, je documente une création en mouvement et montre un monde autour de son travail où l’accident est le début de la création. Cette série interroge la ligne fragile et invisible entre le travail de l’artiste ou de l’artisan, et celui qui le montre. »
Gabriele Cecconi
Bienvenue à Tiàwùk, une nouvelle planète située dans une galaxie non loin de la Terre. L’Italien Gabriele Cecconi est l’un des premiers chanceux à s’être rendu sur place afin de documenter cette découverte. « Les conditions environnementales sont extrêmes, mais suffisamment adaptées à la croissance et à l’acclimatation de la vie humaine », explique le photographe. Habitée par quatre millions de personnes, seuls 2 % de la surface de cette planète sont cultivables. La population souffre d’un trouble psychologique dont les symptômes se manifestent par une terrible vision matérialiste de leur monde. Leurs us et coutumes semblent provenir d’un scénario de film dystopique. Et pourtant, Tiàwùk n’est autre que Kuwait à l’envers, un pays en proie à un extrême capitalisme.
Étienne Francey
« Chaque immersion dans la nature est une découverte et un émerveillement. Je m’éloigne de plus en plus du concret pour me rapprocher de l’imaginaire. J’ai en tête un “monde à moi”, que j’essaie de retranscrire en images. » Né en 1997 à Fribourg, en Suisse, Étienne Francey, diplômé de l’École de photographie de Vevey, déploie dans sa nouvelle série, Seconde nature, divers artifices pour « déformer, colorer, éclairer, réfracter… Mon regard se focalise sur les formes, les taches, les couleurs… Les déformations créent un rendu surréaliste et pictural, tandis que l’utilisation du flash apporte une atmosphère menaçante. Parfois, des couleurs vives interpellent, attirent ou repoussent. Elles sont saturées, presque “trop belles” pour être vraies. Comme une dissonance qui cacherait le chimique de cette nature contemporaine. »