Fisheye vous donne la parole durant le confinement. Chaque semaine, découvrez des photos et son auteur(e). Hyper active, Léonor Lumineau a trouvé comment lutter contre l’enfermement.
Sportive inarrêtable, passionnée de culture, photographe… Qui es-tu ?
Sportive ? Oui. Passionnée de culture ? Je dirai plutôt que la culture « traditionnelle » me manque. Photographe ? J’essaie ! À l’origine, je suis une journaliste, pigiste en presse écrite. Je travaille plutôt sur des sujets économiques, sociaux, sociétaux, ou environnementaux. J’ai toujours beaucoup aimé faire des photos, j’ai commencé par faire des images pour illustrer certains reportages. Puis, j’ai voulu affiner tout cela, et j’ai intégré la formation en photo journalisme et photo documentaire dispensée à l’École des Métiers de l’Information (EMI-CFD) pour travailler mon regard. Je viens de terminer.
Comment vis-tu ton confinement ?
Pas trop mal, j’ai la chance d’avoir un appartement agréable et très lumineux, parce que situé très haut dans une tour. J’ai du mal avec l’enfermement, mais j’essaie de m’adapter. Je n’arrive plus trop à proposer des piges pour l’instant, les confrères font déjà un travail remarquable pour couvrir la crise, et je ne vois pas trop ce que je pourrais apporter de nouveau et d’intéressant. J’essaie donc d’avancer sur les projets que je voulais faire avant, quand le temps me manquait. Et je réfléchis à des sujets pour après. Je fais du bénévolat pour des associations. Et je réalise cette série.
La crise du Covid-19 a fait naître une série, Confinée…
Cette série est le fruit d’un “exercice” sur le confinement que nous ont proposé mes deux directeurs de formation à l’EMI-CFD, les photographes Julien Daniel et Guillaume Herbaut, puisque nous étions dans les deux dernières semaines de la formation quand le confinement a débuté. Raconter mon quotidien de confinée me semblait sans intérêt. Je voulais tester un nouveau format, créer des mini-mondes frictionnels à l’aide d’éléments activant l’imaginaire : une lumière, une ombre ou encore un déguisement. En réalisant cette série, je m’évade et je m’occupe : je déplace tous les meubles pour créer une scène, je fabrique des accessoires, et je fais plein d’essais. Renouer avec mon imaginaire me fait très égoïstement du bien en ce moment. Je vais poursuivre ce projet jusqu’à la fin du confinement – si je garde l’inspiration !
Y-a-t-il une ou des activité(s) indispensable(s) que tu n’as pu représenter ?
Je voudrais photographier une balade en voilier, mais cela va demander beaucoup de préparation qu’il s’agisse d’accessoires ou de décors. Et puis je voulais représenter un apéro au bord du canal avec les copains, parce que c’est une des activités qui me manquent le plus. Je n’arrive pas à trouver le cadre, ni la mise en scène.
Qu’as-tu appris sur ta pratique photo en cette étrange période ?
Mes capacités d’imagination n’ont pas totalement disparu. Il faudra que j’intègre cela d’une manière ou d’une autre dans ma pratique photo d’après confinement. Et puis cette période et ce projet me permettent de faire des tests techniques et matériels, et de constater que j’apprends plus et mieux en prenant le temps de tâtonner, plutôt qu’en étudiant la théorie. J’ai aussi appris qu’il fallait que je prenne plus le temps de me poser, pour observer et comprendre le parcours de la lumière. Je fais souvent les photos de cette série en fin d’après-midi, lorsque la lumière qui arrive dans mon appartement est la plus belle.
C’est la première fois que je pratique l’autoportrait aussi. Comme beaucoup de gens, je ne suis pas forcément à l’aise avec ma propre image, et je n’aime pas trop être devant l’objectif. Et puis, je suis journaliste, je m’intéresse plutôt aux autres.
Si tu devais être confinée avec un ou une photographe, qui serait l’heureux/se élu(e) ?
. J’aimerais qu’il m’explique comment il parvient à faire des photos aussi émotives. Ou bien Véronique de Viguerie afin qu’elle me raconte son incroyable parcours, ses reportages, et comment elle travaille avec Manon Quérouil, son binôme. Par contre, je ne sais pas si ils seraient heureux avec moi, car que je peux être un peu agaçante en confinement.
Quel est ton mantra favori, histoire de rester optimiste ?
Je n’en ai pas…
Un dernier mot ?
Merci ! Je suis contente si ces photos peuvent faire naître quelques sourires dans cette période compliquée…
Mardi, jour 1 de confinement, j’ai été à la piscine.
Mercredi, j’ai pris les transports en commun pour aller travailler. Je me suis bien lavée les mains en arrivant…
Lundi, semaine 2 du confinement, j’ai un peu déprimé quand même…
Mercredi, j’ai été à mon club d’escalade pratiquer deux-trois voies.
Vendredi soir, évidemment, je suis sortie teufer avec les copains.
Mardi, j’ai été au musée pour me changer les idées.
Jeudi, j’ai essayé de rentrer dans les cases de l’administration. Sans succès, comme le reste de l’année.
© Léonor Lumineau