Photo Poche
12.50 x 19.00 cm
144 pages
Prix : 13.90€
Le lit, un simple meuble ? Tout juste paru aux éditions Actes Sud, le livre Photographies au saut du lit, conçu par Clara Bouveresse – qui en a également écrit les textes – revient sur le motif du lit, sa dimension universelle et personnelle. Omniprésent dans la photographie depuis ses débuts, au 19e siècle, ce pilier de notre quotidien est vu et revu à travers les yeux de Claude Cahun, Bieke Depoorter, Zanele Muholi ou encore Nan Goldin.
Pourquoi s’intéresser à nos lits ? Que représentent-t-ils pour nous ? Espace de répit ou de repli, lieu de contemplation pour les rêveur·ses éveillé·es, ou de torture mentale pour celleux qui recherchent désespérément le sommeil, le lit constitue un objet privilégié de l’expression de l’intime. Nombreux·ses sont les artistes à en avoir fait un paradigme des relations de pouvoir, un miroir des normes et des goûts sociaux. À notre époque contemporaine, celle du télétravail au lit parfois, l’espace nuptial est désormais contaminé par les impératifs de productivité et de compétitivité. « Le lit est un espace de répit, un refuge, mais il est perméable au monde extérieur, raconte Clara Bouveresse, qui est historienne de la photographie. Avec le télétravail, le lit peut même se transformer en bureau, et les selfies en font une scène partageable sur les réseaux. Cette porosité est ancienne mais elle semble toujours plus exacerbée, la photographie accompagnant ce brouillage des frontières entre privé et public. »
Que disent nos nids doux ?
« La plupart des photographes possèdent des images montrant des lits dans leurs archives : témoignages de leur vie amoureuse ou familiale, de leurs voyages, ou prétextes à des autoportraits et des mises en scène. Le lit occupe une place singulière dans l’histoire de la photographie et permet de la raconter sous un nouvel angle. » Le nid doux du matin encore défait, l’empreinte du corps dans les draps… le lit offre, par énigmes, des indices d’une personnalité, d’une intimité, d’une histoire. Présent dans des œuvres documentaires ou personnelles, il est un témoin que l’on interroge. Annie Ernaux, avec son compagnon Marc Marie, en avait fait par exemple le lieu de la « lecture des taches » marquant le lit, soit une manière d’ausculter les corps.
Clara Bouveresse avait déjà conçu un ouvrage – et une exposition aux Rencontres d’Arles – faisant brillamment dialoguer trois femmes photographes, Unretouched women, femmes à l’œuvre, femmes à l’épreuve. De la même manière ici, l’historienne de l’art s’intéresse à ses sujets de prédilection, le désir, l’ennui, la tristesse, la sexualité, la violence ou le deuil. Avec Photographies au saut du lit, elle raconte l’histoire du 8e art sous un nouvel angle, « à l’horizontale » – d’après son expression – , avec une sélection qu’elle assume être subjective, puisqu’elle est née d’une réflexion concernant les femmes, principalement en France et aux États-Unis. Mais qui présente, néanmoins, une multiplicité d’approches, de lieux et d’époques.