La photographe allemande Polina Ganz explore des mondes imaginaires nourris par la culture underground, les visions lynchéennes et le désir de figurer l’irréel.
Marquée à jamais par l’avant-garde de Berlin-Ouest, où elle a grandi, Polina Ganz – aussi connue sous le pseudonyme sextravaganz – compose un univers étrange, à la fois queer, nocturne et habité par des échos cinématographiques. « Mon travail est un cabinet de curiosités moderne, où chaque photographie est une évasion dans un monde de personnages inventés », nous révèle-t-elle. Au fil des poses, ses modèles glissent dans d’autres peaux et deviennent des créatures de la nuit, des figures androgynes et immortelles, souvent inspirées du désir de l’artiste de leur donner une forme dans le réel. « C’est un paradoxe fascinant : l’appareil photo immortalise le temps, mais d’une certaine manière, il donne aux gens une nouvelle vie », raconte-t-elle.
Créer sans s’expliquer
Si l’influence de David Lynch est claire et revendiquée, ce n’est pas tant pour l’esthétique que pour sa volonté de ne pas se justifier. Elle en parle même comme d’un ami, intimement présent au moment de créer : « Il m’a appris à chercher ce qui n’est pas évident, et il m’a montré qu’il était possible de faire émerger des choses techniques au sein d’une imagerie onirique. » Chez Polina Ganz, les clichés ne sont pas faits pour être décryptés, mais pour être ressentis. Désormais installée à Paris, elle n’a rien perdu de ce goût pour l’ambiguïté et continue de faire des zones floues des espaces de liberté.