
Dans le cadre du programme hors les murs de l’Institut pour la photographie de Lille, l’artiste nigériane Rachel Seidu expose Peas in a Pod (comme deux gouttes d’eau, en français) au Théâtre du Nord jusqu’au 20 décembre 2025. Elle fait dialoguer les communautés queers de Lille et de Lagos dans un écrin de culture, pour en révéler les similarités et les différences.
Documenter la communauté queer, sa propre communauté, est pour Rachel Seidu une façon de constituer une archive pour les générations suivantes. « Au Nigéria, l’homosexualité est punie par la loi. J’ai rapidement su que j’étais différente. Et bien que je sois née à l’ère d’Internet, je ne percevais que la violence et la difficulté d’être queer dans mon pays », confie l’artiste nigériane. Sa mission : construire un corpus qui représente les joies d’être une personne LBGTQIA+. Invitée en résidence sur le territoire lillois par l’Institut pour la photographie, l’autrice rencontre une communauté queer et militante, une scène drag éclectique et des acteur·ices des luttes politiques. Après avoir établi des connexions et les liens, Rachel Seidu saisit des moments dans l’intimité, en extérieur, lors d’évènements collectifs, mais aussi en studio et dresse un portrait pluriel : drag queen, qui font vibrer les salles de la capitale des Flandres, comme Stargirl, Eya Lotus ou Ericka D Kafrine, des artistes ou des couples anonymes dont la tendresse et la force émanent des images sur les cimaises du Théâtre du Nord. Dans l’exposition Peas in the Pod (comme deux gouttes d’eau, en français), visible jusqu’au 20 décembre 2025, et disponible en audiodescription, la restitution de la résidence lilloise dialogue avec des photos, prises au Nigéria, de cette même communauté qui reste dans l’ombre et qui est menacé par des lois liberticides (l’homosexualité est passible de dix ans de prison et de quatorze ans en cas d’union).


Des fiertés qui transcendent les frontières
« Dans la presse ne figurent que les mauvaises nouvelles concernant les personnes queers en Afrique. Ici, je souhaite montrer que malgré l’oppression, nous avons une communauté florissante, que nous sommes là, heureux·ses et accompli·es », poursuit Rachel Seidu. Photographiant la marche des fiertés dans les rues de Valenciennes, et faisant converser ces images avec celles de la Pride cachée et en intérieur de Lagos, l’artiste met en exergue les moments de joie et de partage. « Ce que j’aime dans la communauté LGBTQIA+ c’est sa résilience, l’amour et la proximité qui se tissent entre chacun·e », raconte-t-elle. Entre Lille et Lagos, si la loi diffère, les existences queers prospèrent, se réinventent, résistent. Que ce soit Raphaël, qui milite avec humour et à travers de multiples disciplines artistiques pour les questions de genres et de sexualité, ou que ce soit Kim Davou, femme transgenre, amie de Rachel Seidu, « une diva qui adore faire la fête et publier ses expériences sur les réseaux sociaux » selon les mots de la photographe, tous·tes expriment leur désir vibrant de vivre librement, d’être eux-mêmes et de faire société. Rachel Seidu souhaite poursuivre ce projet au-delà des frontières de la France et du Nigéria. « Pourquoi ne pas documenter les communautés queers de Berlin, de Johannesburg ou de São Paulo ? », s’interroge-t-elle.






