Réservé aux femmes

26 septembre 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Réservé aux femmes

Lancé en juin 2019, Foto Femme United est une plateforme web et un collectif, qui entend donner aux femmes photographes une plus grande visibilité. Un espace libre et privilégié, initié par l’Américaine April Wiser. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.

« En tant que photographe, j’ai travaillé en freelance pendant un moment, et j’ai souvent eu l’impression de ne pas être prise au sérieux. On s’adressait à moi comme si j’étais une assistante, on refusait même de m’embaucher pour la simple “faute” d’être une femme. Tous les ans, plus de femmes que d’hommes sortent d’écoles d’art et de photographie. Pourtant, le métier est dominé par les hommes. Foto Femme United existe pour donner à ces créatrices les opportunités qu’elles méritent »

, déclare April Wiser, la fondatrice de la plateforme Foto Femme United (FFU). L’artiste américaine, installée à Paris, a lancé @fotofemmeunited sur Instagram, il y a plus d’un an. Mais si la page attirait quelques habitués, une frustration grandissante a poussé la jeune femme à voir les choses en grand. « J’ai commencé à développer le projet d’une véritable plateforme numérique l’année dernière, et notre site web a vu le jour en juin dernier, précise-t-elle. Nous comptons à présent 23 photographes venues des quatre coins du monde: Chili, Pérou, Espagne, France, Royaume-Uni, États-Unis
ou encore Russie. »

Collectif de femmes photographes, mais aussi véritable tremplin, Foto Femme United grandit dans un lieu virtuel sur mesure. Un endroit où les artistes féminines peuvent se sentir chez elles. « Je ne souhaitais pas utiliser l’interface WordPress. Je préférais créer un site plus personnel, qui nous appartiendrait complètement », explique April Wiser, qui a 
financé cette plateforme seule, en attendant de futurs partenariats. Aujourd’hui rédigé en anglais, le site devrait devenir bilingue en publiant aussi des textes dans la langue natale de leurs auteures. Une manière de s’étendre et de communiquer avec le monde entier. « Chaque jour, nous recevons des messages nous remerciant de nos actions. C’est très gratifiant », confie la fondatrice.

© Anna Ogier Bloomer© Jennifer Adler

© à g. Anna Ogier Bloomer, à d. Jennifer Adler

Sans frein ni tabou

Interviews, portfolios, mais également essais féministes, Foto Femme United entend instaurer un espace libre pour toutes les artistes. Un lieu faisant place aux expérimentations, sans frein, ni tabou. « Si nous voulons donner une plus grande visibilité aux femmes photographes, notre plateforme s’intéresse également au manque de diversité au sein du 8e art – un milieu dominé par des artistes blancs – et à la question de la censure », explique April Wiser. Un engagement aux conséquences non négligeables: les images du collectif sont régulièrement bannies ou effacées des réseaux. Un blâme qui ne semble pas toucher la fondatrice de FFU. « C’est pour cela que j’ai créé cette plateforme. Nous ne sommes pas une simple galerie Instagram : nous nous impliquons, nous traitons nos sujets en profondeur, et nous pointons du doigt certaines inégalités », affirme-t-elle.

Leur thème de prédilection? Les femmes, bien sûr, et ce qui les touche. Sur le site, les artistes peuvent parler de ce qu’elles veulent sans crainte d’être jugées. Si les membres du collectif sont toutes photographes, certaines écrivent également, proposant aux lecteurs des textes philosophiques et sociologiques sur le féminisme et ses nombreuses formes. Une liberté grisante, réunissant une communauté qui ne cesse de grandir. « J’espère pouvoir faire évoluer notre plateforme pour développer cette notion de communauté », explique April Wiser. Travaillant sur une future exposition « pop-up » lancée avec un appel à participation, la créatrice de Foto Femme United ne manque pas de projets. « Il s’agit de donner aux femmes l’opportunité de se faire entendre », conclut-elle simplement.

 

Cet article est à retrouver dans Fisheye #38, en kiosque et disponible ici.

© Alejandra Fontecilla© Cecilia Rada Samper

© à g. Alejandra Fontecilla, à d. Cecilia Rada Samper

© Nailah Fuller

© Nailah Fuller

© Mary Kalhor© Leila Aondi

© à g. Mary Kalhor, à d. Leila Aondi

© April Wiser

© April Wiser

© Annmarie Tornabene© Bettina Pittaluga

© Annmarie Tornabene

Image d’ouverture : © Jennifer Adler

Explorez
Sandra Calligaro : à Visa pour l'image, les Afghanes sortent de l'ombre
Fahima (17 ans) révise dans le salon familial. Elle suit un cursus accessible en ligne sur son smartphone. Kaboul, Afghanistan, 24 janvier 2025. © Sandra Calligaro / item Lauréate 2024 du Prix Françoise Demulder
Sandra Calligaro : à Visa pour l’image, les Afghanes sortent de l’ombre
Pour la 37e édition du festival Visa pour l’Image à Perpignan qui se tient jusqu’au 14 septembre 2025, la photojournaliste Sandra...
05 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
Diverses espèces de requins, dont certaines sont menacées d'extinction, tandis que d'autres sont classées comme vulnérables, ont été ramenées à terre à l'aube par des pêcheurs commerciaux au port de Tanjung Luar, le lundi 9 juin 2025, à Lombok Est, en Indonésie. Tanjung Luar est l'un des plus grands marchés de requins en Indonésie et en Asie du Sud-Est, d'où les ailerons de requins sont exportés vers d'autres marchés asiatiques, principalement Hong Kong et la Chine, où les os sont utilisés dans des produits cosmétiques également vendus en Chine. La viande et la peau de requin sont consommées localement comme une importante source de protéines. Ces dernières années, face aux vives critiques suscitées par l'industrie non réglementée de la pêche au requin, le gouvernement indonésien a cherché à mettre en place des contrôles plus stricts sur la chasse commerciale des requins afin de trouver un équilibre entre les besoins des pêcheurs et la nécessité de protéger les populations de requins en déclin © Nicole Tung pour la Fondation Carmignac.
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
La lauréate de la 15e édition du Prix Carmignac vient d’être révélée : il s’agit de la photojournaliste Nicole Tung. Pendant neuf mois...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les expositions photo à ne pas manquer en 2025
Sein und werden Être et devenir. FREELENS HAMBURG PORTFOLIO REVIEWS © Simon Gerliner
Les expositions photo à ne pas manquer en 2025
Les expositions photographiques se comptent par dizaines, en France comme à l’étranger. Les artistes présentent autant d’écritures que de...
03 septembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les Femmes et la mer : mondes liquides
© Louise A. Depaume, Trouble / courtesy of the artist and festival Les Femmes et la mer
Les Femmes et la mer : mondes liquides
Cette année, le festival photographique du Guilvinec, dans le Finistère, prend un nouveau nom le temps de l'été : Les femmes et la mer....
03 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sandra Calligaro : à Visa pour l'image, les Afghanes sortent de l'ombre
Fahima (17 ans) révise dans le salon familial. Elle suit un cursus accessible en ligne sur son smartphone. Kaboul, Afghanistan, 24 janvier 2025. © Sandra Calligaro / item Lauréate 2024 du Prix Françoise Demulder
Sandra Calligaro : à Visa pour l’image, les Afghanes sortent de l’ombre
Pour la 37e édition du festival Visa pour l’Image à Perpignan qui se tient jusqu’au 14 septembre 2025, la photojournaliste Sandra...
05 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d'images
© Jenny Bewer
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d’images
Dans son numéro #73, Fisheye sonde les représentations photographiques de l’amour à l’heure de la marchandisation de l’intime. À...
05 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
Diverses espèces de requins, dont certaines sont menacées d'extinction, tandis que d'autres sont classées comme vulnérables, ont été ramenées à terre à l'aube par des pêcheurs commerciaux au port de Tanjung Luar, le lundi 9 juin 2025, à Lombok Est, en Indonésie. Tanjung Luar est l'un des plus grands marchés de requins en Indonésie et en Asie du Sud-Est, d'où les ailerons de requins sont exportés vers d'autres marchés asiatiques, principalement Hong Kong et la Chine, où les os sont utilisés dans des produits cosmétiques également vendus en Chine. La viande et la peau de requin sont consommées localement comme une importante source de protéines. Ces dernières années, face aux vives critiques suscitées par l'industrie non réglementée de la pêche au requin, le gouvernement indonésien a cherché à mettre en place des contrôles plus stricts sur la chasse commerciale des requins afin de trouver un équilibre entre les besoins des pêcheurs et la nécessité de protéger les populations de requins en déclin © Nicole Tung pour la Fondation Carmignac.
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
La lauréate de la 15e édition du Prix Carmignac vient d’être révélée : il s’agit de la photojournaliste Nicole Tung. Pendant neuf mois...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
RongRong & inri : « L'appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Personal Letters, Beijing 2000 No.1 © RongRong & inri
RongRong & inri : « L’appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Le couple d’artiste sino‑japonais RongRong & inri, fondateur du centre d’art photographique Three Shadows, ouvert en 2007 à Beijing...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger