Robot, trop robot

04 novembre 2020   •  
Écrit par Finley Cutts
Robot, trop robot

Merveilleux terrains de jeux, les laboratoires scientifiques se découvrent à travers l’objectif de Mattia Balsamini. Bras robotiques, modélisations chimiques, espaces blancs et aseptisés… L’auteur italien fabrique de toutes pièces un univers futuriste et captivant.

« Mon père, ingénieur, me laissait toujours jouer avec ses instruments. J’étais fasciné par les processus mécaniques que je ne pouvais pas comprendre et que j’adorais observer. Ce cadre a développé en moi la sensibilité nécessaire pour apprécier la beauté de la technologie »

, se rappelle Mattia Balsamini. C’est après un beau projet sur le démantèlement d’une centrale nucléaire à Plaisance, pour le magazine WIRED en 2013, qu’il décide de se concentrer presque exclusivement sur cet univers technologique. Maître d’une esthétique immaculée et futuriste, l’artiste questionne dans ces nombreuses séries la notion de travail. « Que ce soit pour avancer dans la vie, comme mode de vie, mais aussi pour améliorer la qualité de la vie, la notion de travail m’attire énormément » explique-t-il.

En multipliant les reportages, Mattia Balsamini documente la pointe du progrès technologique. Des dernières innovations du MIT à la préparation de l’astronaute Alexander Gerst, le photographe scrute tous les aspects de ce monde ultramoderne. Devenues personnages à part entière, les machines dialoguent avec l’observateur, et entretiennent une inquiétante étrangeté.

© Mattia Balsamini© Mattia Balsamini

Machines humanisés, presque sensibles

En soignant ses images par des tons glacials, presque fantomatiques, Mattia Balsamini imagine une pureté troublante dans ces espaces. Il intervient directement dans le lieu, et projette, sans satyre, une part de sa fascination et ses questionnements pour l’avenir. « Je ne montre pas juste le lieu, mais j’applique un peu de mon idée du lieu à celui-ci. J’essaie de le considérer comme une représentation iconique, un symbole de ce que sera le futur proche », confesse-t-il.

« Ce que je souhaite montrer avec mes images, ce sont les liens entre les gens, leurs histoires, la fonctionnalité de la technologie et les éléments graphiques de l’ordinaire », raconte l’auteur. Malgré la place centrale des machines, c’est l’humain qui est au centre de l’œuvre de Mattia Balsamini. Quant à la technologie, elle incarne la notion de travail dans sa forme la plus élevée mais aussi la plus paradoxale. Nouveau vecteur de l’industrie, elle décuple la force de l’homme et libère son imagination, mais elle peine à la remplacer. « L’homme n’a pas été remplacé par des machines comme nous l’attendions naïvement, cela n’est pas encore arrivé et nous ne pouvons même pas être sûrs que cela se produira », explique le photographe. Ici, l’inverse se produit. Possibles témoins d’un anthropomorphisme, les machines prennent des formes humaines. Loin des images d’ouvriers aux gestes machinaux, on découvre des machines humanisées, presque sensibles, qui provoque un certain malaise chez l’observateur. Une manière pour Mattia Balsamini d’exploiter le concept de Valée Dérangeante. « Il existe une relation hypothétique entre le degré de ressemblance d’un androïde avec un être humain et la réaction émotionnelle à celui-ci. Les androïdes qui ressemblent trop à l’homme provoquent des sentiments d’étrangeté et de répulsion », conclut le photographe. Tel un dramaturge, Mattia Balsamini nous présente scientifiques et machines, les personnages du grand spectacle qu’est le progrès technologique.

© Mattia Balsamini

© Mattia Balsamini

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