Sara Imloul : la magie du calotype entre photographie et art plastique

Sara Imloul : la magie du calotype entre photographie et art plastique
La galerie parisienne Hopstreet accueille la photographe Sara Imloul parmi ses protégé·es. Connue pour son usage moderne du calotype, l’artiste donne vie à des univers en noir et blanc intrigants, parsemés de magie. Sa première exposition solo est ouverte à Hopstreet Bruxelles jusqu’au 29 avril.

La photographie de Sara Imloul possède quelque chose de profondément magique, envoûtant, capable de faire ressortir des souvenirs enfouis. Ses noirs et blancs semblent surgir de visions intimes et de mémoires anciennes. Photographie et collage se côtoie subtilement, dans une constante recherche de langages nouveaux et de techniques personnelles. Elle se sert notamment du calotype – un procédé mis au point par Henri Fox Talbot en 1840, permettant d’obtenir un tirage par contact à partir d’un négatif papier. Son univers iconoclaste lui a valu plusieurs récompenses, parmi lesquelles le Prix Levallois, ainsi qu’une exposition aux Rencontres d’Arles. Deux ouvrages ont été consacrés à l’artiste aux Éditions Filigranes, Passages en 2022 et Das Schloss en 2014.

Fin février 2023, la galerie parisienne Hopstreet a accueilli Sara Imloul parmi ses artistes représenté·es. À l’heure de l’image numérique et des réseaux sociaux, cette artiste « a choisi la lenteur, l’Arte Povera de la photographie » écrit la critique d’art Maud de la Forterie dans la revue artpress. « Si je suis restée attachée au procédé du calotype, fastidieux et lourd, avec un temps de pose très long, c’est parce qu’il me rappelle aussi la pose des modèles en peinture, explique la photographe. Au fond, c’est la scène qui m’intéresse et c’est ainsi que je crée ce journal fictif. »

© Sara Imloul

La pratique de la magie en photographie

« Pour moi, l’art et la création ont un lien très fort avec l’imaginaire, la métaphysique, la magie, le passé, les fantômes, les souvenirs… » affirmait Sara Imloul lors d’un entretien accordé en 2020 dans le cadre du programme Elles X Paris Photo. C’est par le théâtre qu’elle entre en contact avec la photographie, une expérience qui lui permet de cultiver son amour de la mise en scène dans ses clichés. L’usage du calotype et du noir et blanc contribue à la création d’atmosphères hypnotiques et donne vie à une véritable pratique de la magie en photographie. Comme l’explique Maud de la Forterie, chaque négatif est retravaillé à la main. Dans son atelier, elle invente des techniques personnelles qui lui permettent de créer son monde mystérieux d’images en mêlant dessins et collages à ses tirages photographiques. Elle travaille soit en noircissant le sel pour ajouter de la lumière, soit en le soustrayant avec du ferricyanure de potassium pour obtenir un effet plus ombré.

Telle une alchimiste, Sara Imloul semble constamment chercher l’équilibre entre photographie et art plastique. Les objets qui composent ses images sont comme une archéologie personnelle, traversée de croyances animistes. Chaque image se transforme en reliquaire, en autel symbolique, fruit d’un processus de recherche, d’écriture, puis de mise en scène et de post-production. « [Sara Imloul] parcourt les obscurités d’une mélancolie inscrite dans les objets et les lieux. Ce n’est pas un simple recensement, c’est l’obstinée recherche de l’écho de ses bruissements intérieurs, de sa part d’ombre qui jamais n’en produira, écrivait Jacques Damez de la Galerie l’Escale, lors du Prix Levallois 2019. Cette archéologie n’est pas qu’intime, elle met en résonance les formes plastiques des avant-gardes modernes avec cette technique des prémices de l’invention de la photographie qu’est le calotype. »

© Sara Imloul
© Sara Imloul© Sara Imloul

© Sara Imloul

Explorez
Aleksandra Żalińska rend un tendre hommage à sa grand-mère
© Aleksandra Żalińska
Aleksandra Żalińska rend un tendre hommage à sa grand-mère
À travers But please be careful out there, Aleksandra Żalińska photographie sa grand-mère, avec qui elle entretient une grande...
22 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Elie Monferier : visible à la foi
© Elie Monferier
Elie Monferier : visible à la foi
À travers Sanctuaire – troisième chapitre d’un projet au long cours – Elie Monferier révèle, dans un noir et blanc pictorialiste...
21 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Eimear Lynch s'immisce dans les préparatifs de soirées entre adolescentes 
© Eimear Lynch
Eimear Lynch s’immisce dans les préparatifs de soirées entre adolescentes 
Dans le souvenir de bons moments de son adolescence, Eimear Lynch, aujourd’hui âgée de 29 ans, a imaginé Girls’ Night. Au fil des pages...
19 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #519 : Pauline Köhlen et Ryan Young
© Pauline Köhlen
Les coups de cœur #519 : Pauline Köhlen et Ryan Young
Pauline Köhlen et Ryan Young, nos coups de cœur de la semaine, s’intéressent à une forme d’ancrage. La première interroge notre relation...
18 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 18.11.24 au 24.11.24 : un cycle d’existence
© Eimear Lynch
Les images de la semaine du 18.11.24 au 24.11.24 : un cycle d’existence
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye esquissent les contours d’un cycle d’existence pétri de souvenirs et...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Chaumont-Photo-sur-Loire, une 7ᵉ édition où la  poésie tutoie l'engagement écologique
Décolorisation, 2024 © Letizia Le Fur, courtesy Galerie Julie Caredda – Paris
Chaumont-Photo-sur-Loire, une 7ᵉ édition où la poésie tutoie l’engagement écologique
Sur les bords de Loire, dans l’idyllique domaine du château de Chaumont-sur-Loire, se sont installées cinq expositions qui célèbrent la...
23 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Marie Le Gall : photographier un Maroc intime
© Marie Le Gall
Marie Le Gall : photographier un Maroc intime
Absente depuis vingt ans, lorsque Marie Le Gall retourne enfin au Maroc, elle découvre un territoire aussi étranger que familier....
22 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Aleksandra Żalińska rend un tendre hommage à sa grand-mère
© Aleksandra Żalińska
Aleksandra Żalińska rend un tendre hommage à sa grand-mère
À travers But please be careful out there, Aleksandra Żalińska photographie sa grand-mère, avec qui elle entretient une grande...
22 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas