
Sarah Bahbah a imaginé Can I Come In?, un format immersif à la croisée du podcast, du film et du documentaire. Dans les six épisodes qui composent la première saison, l’artiste incite le public à ressentir les émotions brutes des invitées qui, tour à tour, racontent une histoire intime.
« Can I Come In? est né de mon désir d’élaborer un type de narration qui soit authentique, sans filtre et émotionnellement honnête, où la vérité n’est pas extraite, mais invitée, un peu comme dans mon art. Je voulais bouleverser l’espace saturé des podcasts et créer quelque chose que les gens n’avaient jamais connu auparavant », nous confie Sarah Bahbah. Lancé en juin dernier, le projet se distingue, en effet, des autres formats que nous avons coutume de trouver sur les plateformes de streaming en tout genre. Cette première série de vidéos, découpée en six épisodes, propose autant d’univers à part entière dans lesquels les personnes invitées sont libres de raconter des histoires qu’elles ont besoin d’extérioriser. Construits de toutes pièces par l’artiste, les décors sont alors pensés comme « des sanctuaires », des écrins sur-mesure destinés à accueillir des témoignages crus. « Pour la première saison, j’ai collaboré avec Mia Khalifa, Liza Soberano, Nemahsis, BANKS, Cindy Kimberly et Yesly Dimate, énumère notre interlocutrice. En trois jours, j’ai créé six œuvres cinématographiques [uniques]. Chaque détail, de la couleur des murs à la nourriture sur la table, en passant par les desserts dont elles raffolent et les vices auxquels elles s’adonnent, était intentionnel. Rien n’était arbitraire. Tout avait une signification personnelle. »


Traumatismes et amour-propre radical
Pour ce faire, avant chaque tournage, Sarah Bahbah s’est entretenue avec ses invitées, préalablement choisies selon un processus intuitif, « presque spirituel ». Les échanges s’articulaient autour de trois questions : quelle histoire souhaitent-elles raconter ? Se sentent-elles incomprises par le monde ? Quel alter ego veulent-elles invoquer ici ? À partir de leurs réponses, l’artiste a imaginé des ambiances précises convoquant autant la vue et l’ouïe que le toucher, le goût et l’odorat. « Chaque élément, chaque vêtement, chaque parfum, chaque silence, chaque musique ont été soigneusement sélectionnés pour aider à libérer ce qui était emprisonné dans leur corps. Ce n’était pas une thérapie, et je ne suis pas thérapeute, mais je crois au pouvoir sacré du cinéma et à la libération que procure l’expression artistique. J’ai passé une décennie à créer ce type d’espace de guérison pour moi-même, et je voulais maintenant l’étendre aux autres », assure-t-elle. Chaque épisode dure plusieurs dizaines de minutes et aborde des thématiques intimes et sensibles, tels que les traumatismes, tout en célébrant un amour-propre radical, porteur d’une certaine puissance.
La suite de cet article est à retrouver dans Fisheye #74.