Sejkko et ses maisons solitaires

17 octobre 2018   •  
Écrit par Anaïs Viand
Sejkko et ses maisons solitaires

Derrière le pseudonyme “Sejkko” se cache un photographe autodidacte portugais Manuel Pita qui étudie la complexité du monde en réalisant des portraits de maisons solitaires.

Scientifique de formation, Manuel Pita ou Sejkko s’est autoformé à la photographie. Son sujet de prédilection ? La solitude. « Je cherche, à travers mes compositions à documenter et comprendre la solitude », explique le photographe originaire d’Amérique du Sud. « J’ai grandi dans une famille relativement nombreuse et chaque réunion était immortalisée par des photos. Si mes oncles et mes tantes réalisaient des images, seul mon père parvenait à voir le monde avec un œil différent. Il savait immortaliser les moments, faire apparaître des sourires chez les gens timides », se souvient-il. Persuadé qu’il allait étudier les arts visuels, Manuel a pourtant exploré une autre de ses passions et est devenu docteur en Intelligence artificielle et en Sciences cognitives. « Ce n’est qu’après mon deuxième poste que j’ai réalisé qu’il me fallait nourrir le scientifique et le photographe en moi ». Aujourd’hui, la photographie est un outil indispensable lui permettant de naviguer dans son moi intérieur et de se découvrir jour après jour. « Le 8e art est devenu une sorte de thérapie, de maître spirituel qui me guide confie-t-il.

Une œuvre autonome

Ses lonely houses combinent deux éléments essentiels. « Mes premiers dessins d’enfant et la maison d’un médecin dans la ville où mes parents sont nés, sur l’île de Madère, au Portugal », précise-t-il. « J’ai démarré ce travail en 2014 et il a évolué sur Instagram jusqu’à la fin 2016, lorsque j’ai proposé une série de tirages en édition limitée à la vente. À cette époque, ces images étaient une façon de documenter mes observations personnelles dans ma relation avec ma propre enfance, mon développement en tant que scientifique, et ma reconnexion tardive avec le monde artistique. En terminant la série, je me suis rendue compte que je ne connaissais pas vraiment le médium et j’ai développé une obsession pour l’apprentissage. »

Pour repérer ces modèles colorés, Manuel s’est beaucoup promené. « J’ai vécu chacune de mes balades comme une méditation. Un temps précieux pour me lier tranquillement à la nature, aux bâtiments et aux gens qui m’entourent. J’ai besoin de me rendre plusieurs fois devant une maison avant d’être sûr d’en faire une œuvre autonome ». Car chacun de ses clichés compose des écosystèmes épurés où le regardeur pourra choisir entre le monde réel et un monde parallèle plus léger et rassurant.

© Sejkko© Sejkko
© Sejkko© Sejkko
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© Sejkko

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