L’artiste française Sophie Calle a été récompensée du Praemium Imperiale pour l’ensemble de son œuvre. Cette prestigieuse distinction est aujourd’hui considérée comme le « Nobel des arts ».
Chaque année depuis 1988, la Japan Art Association décore des artistes pour leur contribution exceptionnelle dans cinq catégories : la peinture, la sculpture, l’architecture, la musique, le théâtre/cinéma. L’objectif d’une telle récompense, initiée par le prince Takamatsu, est de participer, selon ses mots, « à l’amélioration et à la promotion des cultures et des arts du monde ». Au fil des ans, celle-ci s’est imposée comme une référence dans la sphère de la création. Après avoir examiné de nombreuses propositions, les membres du jury se sont accordés sur Sophie Calle pour la peinture. Elle rejoint les 24 grands noms français qui ont déjà obtenu cette prestigieuse distinction. Lors de la cérémonie qui se déroulera à Tokyo le 19 novembre prochain, elle recevra l’équivalent de 88 000 €, un diplôme ainsi qu’une médaille des mains du prince Hitachi, président d’honneur de la Japan Art Association. Doris Salcedo, Shigeru Ban, Maria João Pires et Ang Lee, qui se sont respectivement distingués en sculpture, en architecture, en musique et en théâtre/cinéma, recevront la même dotation.
Une narration pleine d’humour et immédiatement reconnaissable
Artiste conceptuelle et pluridisciplinaire, Sophie Calle se distingue par une approche singulière de la photographie. Entremêlant le texte à l’image, elle façonne ainsi une narration pleine d’humour et immédiatement reconnaissable. Laissant une part importante au hasard, elle se plaît à brouiller les frontières entre fiction et réalité pour nous interroger, nous pousser à appréhender le monde sous un autre prisme. Sa dernière exposition en date, Finir en beauté, présentée cet été aux cryptoportiques d’Arles, dans le cadre des Rencontres, s’inscrivait dans ce sillage. Les œuvres montrées, issues de la série des Aveugles, devaient initialement faire partie d’À toi de faire, ma mignonne, au musée Picasso, à Paris. Seulement, à la suite d’un orage, des spores de moisissure se sont infiltrées, les condamnant dès lors à la destruction. Vouées à évoluer au fil du temps, les clichés s’offraient ainsi un dernier moment de gloire avant disparaître à jamais dans cet espace propice à la prolifération de champignons.