Reines du ring, la nouvelle exposition de Théo Saffroy prend place au Point Éphémère jusqu’au 24 août. Ce projet documentaire est dédié aux lutteuses de la lucha libre mexicaine, une exposition entre combat au corps à corps et revendications féministes.
« Cela a changé ma vie », c’est ce que répond Théo Saffroy à propos de son premier voyage au Mexique à l’âge de 19 ans, un tournant dans le quotidien de ce « p’tit gars ». Tombé amoureux du pays, dans lequel il reviendra, il va s’inspirer d’une de ses coutumes les plus populaires, la lucha libre, pour une série photo qu’il perfectionne depuis plusieurs années maintenant et qui découle aujourd’hui sur l’exposition Reines du Ring installée au Point Éphémère. Cette discipline devenue extrêmement populaire « est un retour en enfance incroyable. Ils disent souvent que ce sont leurs super-héros à eux », explique le photographe touché par cette liesse que provoque la lucha libre.
Entre art et sport, combat et représentation, cette lutte mexicaine n’est pas seulement un spectacle. Elle trouve ses origines dans l’engagement contre le sexisme. Inspirée par les premières luchadoras des années 1980, la nouvelle génération s’engage dans cette pratique pour dénoncer le machisme mexicain qui cause chaque année de nombreux féminicides, faisant du Mexique l’un des pays les plus prolifiques en la matière. Mélange de lutte gréco-romaine et de plusieurs arts-martiaux, la lucha libre revendique avant tout, à travers les femmes qui le pratiquent, une cause sociale : celle d’avoir la même liberté que les hommes.
Un art de vivre
« C’est plus qu’un simple sport, c’est un mode de vie. La lucha libre fait partie du patrimoine culturel et immatériel du pays », confie Théo Saffroy. Une manière de vivre que raconte son exposition, Reines du ring, à l’aide de récits et d’histoires personnelles que lui ont confié les principales artisanes de cette discipline. Souvent issues de milieux en difficulté et ayant elles-mêmes connues des moments compliqués avec des chemins de vie différents, ces combattantes deviennent, métaphoriquement et intrinsèquement, maîtresses de leur destin lorsqu’elles enfilent leurs masques et tenues. Comme une carapace, ce costume flashy leur permet de se transformer pour muter en ce personnage qui lutte dans l’arène et pour ses droits. Théo Saffroy leur rend hommage dans une sorte d’album de famille exposé au Point Éphémère jusqu’au 24 aout. En plus de photos, les témoignages des plus célèbres luchadoras du Mexique viennent compléter les images de l’artiste et raconter les histoires qui s’y rattachent.