Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, une série d’événements photographiques se déroulent en France en soutien aux artistes locaux·les. Le programme Stand with Ukraine s’insère dans cette démarche engagée. Grâce à cette collaboration entre le réseau Diagonal, le ministère de la Culture et l’Institut Français, des artistes, photographes et opérateurices culturel·les ukrainien·nes racontent leur pays avant la guerre, ses aléas et ses défis. Jusqu’au 15 avril, c’est au tour du Centre Photographique de Marseille d’accueillir ces œuvres itinérantes et de poursuivre ce réseau de solidarité avec l’exposition collectiveUkraine(S). Fruit de la curation de Kateryna Radchenko, fondatrice et directrice du festival Odesa Photo Days, ce parcours aurait initialement dû avoir lieu en Ukraine. Il déroule le récit d’un pays qui, avant même l’invasion de 2022, était en lutte pour sa liberté dans certains de ses territoires et en proie à une instabilité politique due, en partie, à la corruption généralisée.
Body as a propaganda aborde la place du corps comme marqueur social et culturel, parfois utilisé comme instrument politique, autant de résilience que de propagande. Le projet vidéo Female regroupe plusieurs artistes et donne la parole aux femmes photographes ukrainiennes. Ukraine, la vie d’avant, enfin, regroupe des photographies des six dernières années, venant notamment des archives de la photographe Oksana Parafeniuk et illustrant le quotidien en Ukraine. Chacun des endroits représentés est aujourd’hui touché, de près ou de loin, par la violence du conflit. La série s’impose alors comme une fenêtre troublante sur un passé récent, regardé par le prisme d’un présent tragique.
© Oksana Parafeniuk
La lutte infatigable pour la liberté
Photographe indépendante basée à Kiev, en Ukraine, connue pour son approche documentaire, Oksana Parafeniuk explore la résilience humaine sous toutes ses formes. Par la photographie, elle restitue leur dignité aux personnes confrontées à des difficultés humanitaires majeures. Son travail Ukraine, la vie d’avant est exposé depuis quelques mois dans plusieurs villes et festivals de France – il était, entre autres, à l’affiche des Femmes s’exposent. La photographe y déploie le récit poignant de l’Ukraine avant la guerre, du quotidien de son peuple, de ses défis et de sa mémoire. Toutes les photographies exposées ont été prises au cours des six dernières années. L’invasion sanguinaire que la Russie a lancée le 24 février 2022 a tout bouleversé, en transformant complètement le visage de ces territoires. On y reconnaît les terrils houillers à Toretsk, une usine de cokerie à Avdiivka – lieux de combats très violents –, les rues de Kiev et le mémorial de Maïdan ainsi que le sanatorium près d’Odessa : tous ces endroits, comme le rappelle la photographe, vivent depuis un an dans un enfer qui semble ne pas connaître de fin.
Ukraine, la vie d’avant se lit donc comme l’expression d’un chagrin immense, mais aussi comme une tentative de préserver la mémoire ukrainienne, de forger l’identité d’un pays et de documenter sa lutte infatigable pour la liberté. Maintenant, plus que jamais, l’autrice met en avant l’importance de documenter sur son pays, un travail qui n’est pas sans dangers pour les reporters sur place. « Il est important de comprendre à quel point il est difficile pour les photographes ukrainien·nes de travailler sur place en ce moment, explique-t-elle. Au cœur de la guerre, ils doivent parfois quitter leur maison en emportant le strict minimum, alors que des ami·es et des parents restent dans les villes bombardées. Nous travaillons dans des conditions extrêmement dangereuses. »
© Sergey Melnitchenko
© Mikhail Palinchak
© Roman Pyatkovka
© Mila Teshaieva
Image d’ouverture : © Oksana Parafeniuk