C’est à la MEP que Frank Horvat et Sandra Wis dévoilent le fruit de leur collaboration : Le Photosophe, des instants avec Frank Horvat. Un film captivant qui fait dialoguer photo et vidéo. Il est visible jusqu’au 27 novembre en Espagne dans cadre de la rétrospective Frank Horvat – Please don’t smile.
« Ce projet est né de ma rencontre avec le photographe Frank Horvat qui m’a permis de plonger dans son intimité, ses souvenirs et ses archives », explique Sandra Wis, la réalisatrice du film Le Photosophe, des instants avec Frank Horvat. La première fois qu’ils se sont vus, c’était il y a deux ans. Et depuis, une vraie complicité les lie. D’elle, Frank Horvat, raconte : « Sandra sait filmer d’une manière qui me touche. Elle va toujours là où je veux qu’elle aille, comme si la caméra pouvait suivre mes désirs ». On lit alors sur le visage de la concernée une immense émotion.
C’était le mercredi 2 mai dernier, lors de la projection du film Le Photosophe, des instants avec Frank Horvat, dans l’auditorium de la Maison européenne de la photographie (MEP). Sur l’écran, le public assiste à un véritable duel d’images de 73 minutes. Elle, derrière sa caméra. Lui, derrière son boîtier. Que ce soit en studio, dans un train ou sous un olivier de la maison de campagne de Frank Horvat.
Une promenade du regard
Dans ce film, l’ancien membre de l’agence Magnum nous raconte sa vision de la photographie à partir des instants clefs de sa carrière. Dans son studio, il nous dévoile quelques uns de ses diptyques, une façon pour lui de montrer aux autres ce qu’il se passe dans sa tête. L’un d’eux marque notre esprit : deux taureaux et un couple. Deux images et plusieurs interprétations. Et pourtant, la puissance qu’il en émane demeure.
Un saut dans les années 1960 nous emporte à New York où il réalise ses premières photos de mode pour quelques grands magazines (Elle, Vogue et Harper’s Bazaar). « Une bonne photo de mode, c’est un instant d’une femme », définit le photographe. Puis arrêt à Cotignac, où il revient sur les natures mortes qu’il réalise inspiré par une lumière qui ne cesse de l’obséder. Il évoque aussi ses délicieux portraits d’arbres, un hymne à l’axe du monde. « J’ai peur des chiens, mais pas des arbres », avoue le photographe, face caméra.
Le Photosophe… est une promenade du regard parsemée d’anecdotes et de conseils sur la réalisation d’une bonne photo. « Il ne faut pas qu’elle se répète, il faut qu’elle raconte quelque chose de différent », partage le photographe. Plus loin, il questionne le temps qui passe, une thématique chère au photographe-philosophe qui demeure attaché à la mémoire, aux souvenirs : « Les images sont des traces de la vie (…) aujourd’hui, on a tout vu et la photo fait revivre ce qui a disparu. » Et puis, avec une absolue modestie, il finit par avouer qu’il n’y est pour rien. « C’est le hasard qui fait tout, il apporte sa propre contribution. »
Le carpe diem selon Wis et Horvat
Sandra Wis signe ici un vrai long-métrage sur la photographie, sur l’instant photographique – bien loin de la classique biographie. Quant aux paroles du photosophe, elles résonnent comme une ode à la vie : « Regarder, voir et prendre. » Ce long-métrage est à retrouver en Espagne, au musée Palau Solterra, dans le cadre de la rétrospective Frank Horvat – Please don’t smile. À l’occasion de Paris Photo 2018, il sera aussi présenté à Paris en présence de Frank Horvat et de la réalisatrice Sandra Wis.
© Frank Horvat