Un récit sensuel et sauvage

14 mai 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Un récit sensuel et sauvage

Le photographe polonais Łukasz Rusznica présente, au Festival Circulation(s), Subterranean River, un voyage mystérieux dans la nature japonaise, influencé par les croyances shintoïstes.

Photographe et commissaire, Łukasz Rusznica est installé à Wroclaw, en Pologne, où il dirige une galerie d’art. Inspiré par les livres, l’artiste construit ses séries en les imaginant sur les pages d’un ouvrage. Un processus long et consciencieux qu’il considère « affreusement romantique ». « J’ai appris à aimer les erreurs et les impasses. Il est crucial de prendre son temps, lorsqu’on crée. Cette dévotion au projet engendre de belles surprises », confie-t-il. Fasciné par l’image, Łukasz Rusznica a longtemps souhaité devenir réalisateur. C’est durant ses études de cinéma qu’il a découvert le 8e art. « J’ai réalisé quelques images, pour mon portfolio. Finalement, j’ai réalisé que le cinéma était un travail d’équipe, et que la solitude accompagnant les photographes m’attirait davantage », se souvient-il.

En 2016, le photographe est accepté à la résidence d’artiste European Eyes on Japan, et s’envole pour le Pays du soleil levant. « J’y ai étudié les graphismes japonais, me nourrissant de ces images jusqu’à créer mon propre imaginaire oriental », explique Łukasz Rusznica. À son retour en Pologne, il oublie ses images pendant un an, afin de se détacher des souvenirs qu’elles contiennent. Un processus nécessaire, pour l’artiste. « J’aime errer, me perdre, et me retrouver. Je réécris souvent ma propre expérience, en découvrant au fil du temps des symboles, des éléments – sur mon travail et sur moi-même – que j’ignorais », explique-t-il.

L’insaisissable et l’éternel

Dans Subterranean River, Łukasz Rusznica construit un univers métaphorique, sombre et mystérieux. Inspiré par le shintoïsme (un ensemble de croyances anciennes, reconnaissant le caractère sacré de la nature) et le folklore japonais, le photographe utilise des symboles ancestraux pour représenter la complexité de l’être humain. « Je donne à voir l’insaisissable et l’éternel, cette noirceur que nous portons en nous, les hormones et le sang dans nos corps, et la nature ». Un récit sensuel et sauvage, interrogeant le caractère divin de l’environnement. Le rouge apparaît souvent, dans les images de l’artiste, rappelant une certaine passion, mais aussi la vie, coulant dans chaque être vivant. Une manière de reconnecter les espèces entre elles. « La nature est notre foyer, elle est en nous. Lorsque nous la détruisons, nous nous détruisons également. À travers ces images, je fais appel à des notions très simples : l’empathie et la compassion », déclare l’auteur.

Dans le cadre du Festival Circulation(s), Subterranean River attire le regard. Les images écarlates, prenant la forme d’un papier peint, portant les clichés plus doux. « Même sans regarder directement l’installation, les visiteurs peuvent apercevoir ces flashs rouges. Une expérience qui stimule le regardeur, et l’attire dans mon univers », précise le photographe. Calmes, envoûtantes ou inquiétantes, ses clichés capturent une nature puissante. Une divinité abritant en son sein ses différents enfants : végétations, animaux et êtres humains. Un bel hommage à l’environnement japonais.

© Łukasz Rusznica© Łukasz Rusznica
© Łukasz Rusznica© Łukasz Rusznica
© Łukasz Rusznica© Łukasz Rusznica

© Łukasz Rusznica

© Łukasz Rusznica© Łukasz Rusznica
© Łukasz Rusznica© Łukasz Rusznica

© Łukasz Rusznica

Explorez
Sandra Calligaro : à Visa pour l'image, les Afghanes sortent de l'ombre
Fahima (17 ans) révise dans le salon familial. Elle suit un cursus accessible en ligne sur son smartphone. Kaboul, Afghanistan, 24 janvier 2025. © Sandra Calligaro / item Lauréate 2024 du Prix Françoise Demulder
Sandra Calligaro : à Visa pour l’image, les Afghanes sortent de l’ombre
Pour la 37e édition du festival Visa pour l’Image à Perpignan qui se tient jusqu’au 14 septembre 2025, la photojournaliste Sandra...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
Diverses espèces de requins, dont certaines sont menacées d'extinction, tandis que d'autres sont classées comme vulnérables, ont été ramenées à terre à l'aube par des pêcheurs commerciaux au port de Tanjung Luar, le lundi 9 juin 2025, à Lombok Est, en Indonésie. Tanjung Luar est l'un des plus grands marchés de requins en Indonésie et en Asie du Sud-Est, d'où les ailerons de requins sont exportés vers d'autres marchés asiatiques, principalement Hong Kong et la Chine, où les os sont utilisés dans des produits cosmétiques également vendus en Chine. La viande et la peau de requin sont consommées localement comme une importante source de protéines. Ces dernières années, face aux vives critiques suscitées par l'industrie non réglementée de la pêche au requin, le gouvernement indonésien a cherché à mettre en place des contrôles plus stricts sur la chasse commerciale des requins afin de trouver un équilibre entre les besoins des pêcheurs et la nécessité de protéger les populations de requins en déclin © Nicole Tung pour la Fondation Carmignac.
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
La lauréate de la 15e édition du Prix Carmignac vient d’être révélée : il s’agit de la photojournaliste Nicole Tung. Pendant neuf mois...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les expositions photo à ne pas manquer en 2025
Sein und werden Être et devenir. FREELENS HAMBURG PORTFOLIO REVIEWS © Simon Gerliner
Les expositions photo à ne pas manquer en 2025
Les expositions photographiques se comptent par dizaines, en France comme à l’étranger. Les artistes présentent autant d’écritures que de...
03 septembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les Femmes et la mer : mondes liquides
© Louise A. Depaume, Trouble / courtesy of the artist and festival Les Femmes et la mer
Les Femmes et la mer : mondes liquides
Cette année, le festival photographique du Guilvinec, dans le Finistère, prend un nouveau nom le temps de l'été : Les femmes et la mer....
03 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sandra Calligaro : à Visa pour l'image, les Afghanes sortent de l'ombre
Fahima (17 ans) révise dans le salon familial. Elle suit un cursus accessible en ligne sur son smartphone. Kaboul, Afghanistan, 24 janvier 2025. © Sandra Calligaro / item Lauréate 2024 du Prix Françoise Demulder
Sandra Calligaro : à Visa pour l’image, les Afghanes sortent de l’ombre
Pour la 37e édition du festival Visa pour l’Image à Perpignan qui se tient jusqu’au 14 septembre 2025, la photojournaliste Sandra...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d'images
© Jenny Bewer
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d’images
Dans son numéro #73, Fisheye sonde les représentations photographiques de l’amour à l’heure de la marchandisation de l’intime. À...
05 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
Diverses espèces de requins, dont certaines sont menacées d'extinction, tandis que d'autres sont classées comme vulnérables, ont été ramenées à terre à l'aube par des pêcheurs commerciaux au port de Tanjung Luar, le lundi 9 juin 2025, à Lombok Est, en Indonésie. Tanjung Luar est l'un des plus grands marchés de requins en Indonésie et en Asie du Sud-Est, d'où les ailerons de requins sont exportés vers d'autres marchés asiatiques, principalement Hong Kong et la Chine, où les os sont utilisés dans des produits cosmétiques également vendus en Chine. La viande et la peau de requin sont consommées localement comme une importante source de protéines. Ces dernières années, face aux vives critiques suscitées par l'industrie non réglementée de la pêche au requin, le gouvernement indonésien a cherché à mettre en place des contrôles plus stricts sur la chasse commerciale des requins afin de trouver un équilibre entre les besoins des pêcheurs et la nécessité de protéger les populations de requins en déclin © Nicole Tung pour la Fondation Carmignac.
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
La lauréate de la 15e édition du Prix Carmignac vient d’être révélée : il s’agit de la photojournaliste Nicole Tung. Pendant neuf mois...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
RongRong & inri : « L'appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Personal Letters, Beijing 2000 No.1 © RongRong & inri
RongRong & inri : « L’appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Le couple d’artiste sino‑japonais RongRong & inri, fondateur du centre d’art photographique Three Shadows, ouvert en 2007 à Beijing...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger