Une inquiétante familiarité

23 avril 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Une inquiétante familiarité

Avec Warn’d in Vain et Back to Nowhere, deux ouvrages complémentaires illustrant ses voyages à New York et en Crète, le photographe grec Charalampos Kydonakis réinvente la street photography et dévoile ses visions cauchemardesques.

« Je n’aime pas être “enterré” sous un style, qu’il soit street, documentaire ou encore paysage. Je réalise tout simplement des photos sales »,

déclare Charalampos Kydonakis, plus connu sous le pseudonyme de Dirtyharrry. Architecte de formation, cet artiste crétois a acheté son premier boîtier argentique en 1997, avant de se tourner vers le numérique en 2008. Il partage depuis, sur son « dirty blog », ses errances cauchemardesques dans des lieux sans repère. Séries – et livres – complémentaires, Warn’d in Vain et Back to Nowhere font le récit de deux expériences de voyages uniques. « La première représente le vagabondage d’un étranger dans la ville la plus photographiée du monde – New York – et la seconde dévoile ma vision de la Crète, cette île que jamais je ne pourrais percevoir à la manière d’un étranger », explique l’artiste.

© Charalampos Kydonakis

Créations chimériques

Imprégnées d’une énergie macabre, les images des deux ouvrages se fondent dans une mise en scène similaire. Le flash éclaire des détails étranges, effrayants, et les trainés laissées par les hommes, les objets, évoquent des fissures surnaturelles. « Si les deux environnements sont différents, ces projets ont été shootés par une même personne, conservant les mêmes souvenirs et les mêmes agonies », prévient Charalampos Kydonakis. Poussé par sa grande curiosité, il traverse les villes, les pays, à la recherche de l’inconnu, s’immisçant dans les quartiers emblématiques des métropoles, ou les paysages nocturnes et sauvages. « Je ne veux pas rater la moindre occasion de découvrir un endroit, qu’il soit lointain ou voisin », précise-t-il.

Dans ce chaos visuel, on devine l’amour du photographe pour le surréalisme et le cinéma d’avant-garde. Au cœur des clichés, les volutes mystérieuses et créations chimériques rappellent les tableaux hallucinatoires du peintre et sculpteur Max Ernst, qui, comme le photographe, transformait le réel en rêves éveillés. En plongeant au cœur de cet univers tumultueux, la notion de familiarité s’estompe. Où nous trouvons-nous ? Dans les rues grouillantes d’une ville américaine ? Au bord de la mer Égée ? Ou dans l’imaginaire sans limites d’un artiste fou ? À travers ces scènes oniriques, les silhouettes des lieux se métamorphosent et projettent leurs ombres sur nos certitudes.

 

Warn’d in Vain et Back to Nowhere, autopublication, 160 pages chacun

© Charalampos Kydonakis

© Charalampos Kydonakis

© Charalampos Kydonakis© Charalampos Kydonakis

© Charalampos Kydonakis

© Charalampos Kydonakis© Charalampos Kydonakis

© Charalampos Kydonakis

© Charalampos Kydonakis© Charalampos Kydonakis

© Charalampos Kydonakis© Charalampos Kydonakis

© Charalampos Kydonakis

Explorez
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
Untitled, 2008 © Anna Di Prospero
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
La grande halle de la Villette accueille, du 9 au 12 octobre 2025, la nouvelle édition du Salon de la Photo. Rendez-vous en ce début...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 29 septembre 2025 : expositions et représentations
Speak the Wind, 2015-2020 © Hoda Afshar, Courtesy de l'artiste et de la Galerie Milani, Brisbane, Australie.
Les images de la semaine du 29 septembre 2025 : expositions et représentations
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye vous parlent de certaines des expositions du moment et de sujets qui...
05 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Billie Eilish, hasard et ambivalence : dans la photothèque de Jenny Bewer
La première photographie qui t’a marquée et pourquoi ? © Jenny Bewer
Billie Eilish, hasard et ambivalence : dans la photothèque de Jenny Bewer
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
03 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Panorama 27 : au Fresnoy, l’image réinventée
Daniel Duque, Pacifico, film, 2025, production Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains © Daniel Duque
Panorama 27 : au Fresnoy, l’image réinventée
Au cœur du Fresnoy, l’exposition annuelle Panorama est devenue un rendez-vous incontournable. Pour sa 27e édition, l’événement orchestre...
02 octobre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Oxalis (détail), 2024 © Pooya Abassian
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain ont annoncé hier, à la Guerlain Academy, le nom du troisième lauréat de leur prix Art &...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
13 expositions photographiques à découvrir en octobre 2025
Residency InCadaqués 2025 © Antoine De Winter
13 expositions photographiques à découvrir en octobre 2025
La rentrée scolaire est souvent synonyme de foisonnement d'expositions. Pour occuper les journées d'automne et faire face à la dépression...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
Untitled, 2008 © Anna Di Prospero
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
La grande halle de la Villette accueille, du 9 au 12 octobre 2025, la nouvelle édition du Salon de la Photo. Rendez-vous en ce début...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Rencontres du 10e 2025 : une biennale en prise avec le monde
© Chloé Nicosia, One Hundred Trillion Dollars / Courtesy of the artist and Rencontres photographiques du 10e
Rencontres du 10e 2025 : une biennale en prise avec le monde
Pour cette édition 2025 des Rencontres photographiques du 10e, qui défie une nouvelle fois les attentes, les photographes mis·es en avant...
07 octobre 2025   •  
Écrit par Milena III