Une invitation à la déconnexion

29 janvier 2020   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Une invitation à la déconnexion

Pour son premier ouvrage auto-édité, Mode Avion, Maxime Letertre partage sa passion du monde aéroportuaire. Des photographies planantes réalisées au smartphone.

« J’ai grandi à proximité d’un aérodrome et j’ai toujours aimé regarder les avions évoluer dans le ciel », se souvient Maxime Letertre. En 2015, riche de son expérience de photojournaliste pour le quotidien Ouest-France, il entame un travail de documentation personnel autour du voyage en avion. « J’ai dans un premier temps partagé mes images sur mon compte Instagram », explique-t-il. Quelques clichés plus tard, il se lance dans l’aventure de l’auto-édition. Le choix des photos, la disposition…rien n’est laissé au hasard. « Il me tenait à cœur de faire en sorte que ce livre ne soumette pas aux lecteurs une histoire parfaitement linéaire. J’espère que ceux qui s’y plongeront trouveront matière à projeter leur propre imaginaire du voyage en avion », confie le photographe français. 

André Malraux ou encore Sylvain Tesson…Maxime Letertre ne cache pas ses références à la littérature. Il conte le monde aéroportuaire comme une histoire d’amour intense et passionnelle : « L’aéroport est une promesse : celle de sortir de soi, de se confronter à l’altérité, de s’ouvrir à des idées nouvelles en allant au contact d’autres cultures, de confronter ses préjugés à la réalité, de revenir différent ». Le parallèle au livre du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry est inévitable. Maxime Letertre ne dessine pas de mouton, mais il apprivoise la photographie. Dans Mode avion, le 8e art prend les commandes et offre la possibilité au lecteur de laisser libre cours à ses songeries. 

© Maxime Letertre© Maxime Letertre

L’art de la phonéographie 

« J’ai voulu explorer le potentiel de cet outil qui a bouleversé nos vies et notre rapport aux autres. Si, au début, le rendu n’était pas au rendez-vous, j’ai tout de suite été conquis par le fait qu’il laisse place à davantage de spontanéité qu’un reflex », explique le photographe adepte du cellulaire. Des hublots, tour de contrôle, et de nombreuses silhouettes s’entremêlent dans Mode Avion. L’aéroport est un lieu de pause, le voyageur s’y trouve en suspens d’un nouveau départ. Maxime Letertre se sert de l’instantanéité de la prise en main de son téléphone portable pour capturer ces instants hors du temps. Le format carré de ses clichés est « parfaitement adapté à [sa] recherche esthétique marquée par une vision très graphique du monde ». En noir et blanc, les clichés de Mode Avion plongent le lecteur dans une « dimension fictionnelle et intemporelle plus forte ». 

Durant ses voyages, Maxime Letertre se laisse transporter par la musicalité de Moderat, Kiasmos ou encore de Rone. Pour lui, les sonorités invitent à regarder le monde autour de soi avec davantage de poésie. « Ce supplément d’âme est précieux pour composer une photographie », souligne-t-il. Dans une démarche pluridimensionnelle, l’artiste souhaite prolonger cet ouvrage par une exposition. Ou encore, par l’élaboration d’un accompagnement musical. Mode Avion s’impose alors comme un passeport à la déconnexion, dans cette société où tout semble s’accélérer.

 

Mode Avion, auto-publié, 22,75 €, 38 p.

© Maxime Letertre© Maxime Letertre
© Maxime Letertre© Maxime Letertre
© Maxime Letertre© Maxime Letertre

© Maxime Letertre

Explorez
12 expositions photographiques à découvrir en juin 2025
Vietnam, 1971 © Marie-Laure de Decker
12 expositions photographiques à découvrir en juin 2025
L’arrivée de l'été fait également fleurir de nombreuses expositions. Pour occuper les journées chaleureuses ou les week-ends, entre deux...
05 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sebastião Salgado, cinquante ans de photographie humaniste
© Sebastião Salgado
Sebastião Salgado, cinquante ans de photographie humaniste
Le photographe brésilien Sebastião Salgado nous a quitté·es ce vendredi 23 mai 2025 à l’âge de 81 ans. Porteur du courant humaniste...
26 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Chris Mann et les histoires abstraites de Bakou
© Chris Mann
Chris Mann et les histoires abstraites de Bakou
Au fil de ses projets, Chris Mann immortalise des paysages à la lisière de deux mondes. Dans Interzone Baku, cet adepte des tirages...
20 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Antoine Boissonot sur sa Loire intérieure
L'eau du fleuve parle à celui qui écoute © Antoine Boissonot
Antoine Boissonot sur sa Loire intérieure
Antoine Boissonot embarque sur la Loire à bord d’un canoë pour un voyage photographique introspectif. Se laissant porter sur l’eau...
07 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
La Fabrique du Regard – Le Festival #3 : La jeunesse face au pouvoir de l'image
Nos Iris © Julia Borderie & Eloïse Le Gallo
La Fabrique du Regard – Le Festival #3 : La jeunesse face au pouvoir de l’image
Du 3 au 8 juin, le Bal se transforme en un espace d’échange et de transmission à l’occasion de la 3e édition de La Fabrique du Regard –...
06 juin 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
12 expositions photographiques à découvrir en juin 2025
Vietnam, 1971 © Marie-Laure de Decker
12 expositions photographiques à découvrir en juin 2025
L’arrivée de l'été fait également fleurir de nombreuses expositions. Pour occuper les journées chaleureuses ou les week-ends, entre deux...
05 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La MAZ recompose la map
© Shai Andrade, Omi Ori, 2022
La MAZ recompose la map
Pensée dans la continuité des Rencontres photographiques de Guyane, la Maison de la photographie Guyane-Amazonie (MAZ) ouvrira ses portes...
05 juin 2025   •  
Écrit par Eric Karsenty
L’image comme manifeste au Moulin Blanchard
Le Beat Hotel, 9 rue Gît-le-Coeur, Chambre 41. Thelma Shumsky, scientifique américaine et son amie suédoise Gun, 1957 © Harold Chapman (TopFoto, Roger Viollet)
L’image comme manifeste au Moulin Blanchard
Le Moulin Blanchard rappelle que l’art peut encore être une arme intime et révoltée. Rien d’exhaustif : soixante ans après la Beat...
04 juin 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche