Une MEP ouverte aux quatre vents

01 décembre 2018   •  
Écrit par Benoît Baume
Une MEP ouverte aux quatre vents

La Maison européenne de la photographie (MEP) possède une chose rare à l’heure actuelle dans le paysage culturel parisien : un exécutif connu et reconnu. Au moment où nous écrivons ces lignes, l’Opéra de Paris, le Grand Palais, la RMN, le Jeu de Paume et le Palais de Tokyo n’ont personne à leur tête, et cela risque de durer un petit moment ; la MEP, elle, a réussi le renouvellement de sa direction. Ainsi, Simon Baker a pris la suite du directeur et fondateur, Jean-Luc Monterosso, et Jean-François Dubos a succédé à Henry Chapier. Ce nouvel attelage a donc un blanc-seing de la Mairie de Paris afin de réinventer l’institution voulue par Jacques Chirac. « Le jury a choisi Simon Baker comme nouveau directeur, c’est un choix d’ouverture. Sentez-vous soutenus et protégés. Vous avez carte blanche pour remettre du désordre et ouvrir le débat », a chaudement commenté Christophe Girard, adjoint à la Culture de la Mairie de Paris. Pour son départ, l’ancien directeur, Jean-Luc Monterosso, a laissé un cadeau, une exposition de JR, dont il est commissaire avec Dominique Bertinotti, qui fera gonfler le nombre d’entrées, notamment grâce au 1,2 million de personnes qui suivent l’artiste sur Instagram, avant que la vraie nouvelle programmation ne débute en mars 2019. L’institution est laissée en très bon état financier à Simon Baker, qui veut attirer plus de monde dans sa demeure, dont une partie deviendra gratuite et ouverte : le café, la bibliothèque, la librairie – qui déménagera au rez-de-chaussée, avec une entrée possible depuis la rue François-Miron. « La Maison européenne de la photographie était un projet nécessaire au moment de sa fondation, et le succès rencontré en atteste. Mais l’environnement a changé, et la photographie aussi. Nous devons faire perdurer la singularité de la MEP et nous intégrer dans la capitale mondiale de la photo. Le lieu sera plus ouvert et accueillant avec moins de mètres carrés pour les expositions, mais une rotation plus fréquente », analyse Simon Baker, en une vision précise. Il consacrera une salle aux talents émergents et proposera des expositions attendues par un public plus jeune et plus enclin à consommer la photo sur Instagram, avec Ren Hang, ce photographe chinois qui s’est suicidé à l’âge de 29 ans en pleine gloire, ou Coco Capitán, artiste se situant entre la mode et Sophie Calle, avec 158000 followers sur le réseau social dédié à l’image. Des artistes jamais ou rarement montrés en France jusque-là. Un geste fort qui montre aussi une internationalisation certaine de la programmation, car en 2019, on ne devrait retrouver qu’Adèle Gratacos comme artiste française aux côtés d’Henry Wessel, Marguerite Bornhauser, Hassan Hajjaj ou Ursula Schulz-Dornburg dans les expositions. La mise en avant de la sublime collection devrait permettre de redécouvrir des auteurs oubliés. La MEP va ainsi continuer à jouir d’un statut à part dans le monde de la photo. Une institution à nulle autre pareille, qui a désormais toutes les cartes en main pour continuer à nous surprendre. Nous n’attendons que cela.

Explorez
5 coups de cœur qui inspirent les vacances d'été
© Diane Desclaux
5 coups de cœur qui inspirent les vacances d’été
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
30 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La FUJIKINA Arles, quand l'art rencontre la technique
© Gregory Halpern / Magnum Photos
La FUJIKINA Arles, quand l’art rencontre la technique
Du 8 au 12 juillet 2025, la FUJIKINA, manifestation mondiale autour de la culture photographique créée par Fujifilm, revient pour une 2e...
24 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
Les membres originaux du groupe Oasis, Japon, 1994 © Dennis Morris
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
En ce premier jour de l’été, partout en France, la musique est à l’honneur. À cet effet, nous vous avons sélectionné une série de...
20 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Archevêché by Fisheye : une 2e édition haute en couleur
© Marie Meister
Archevêché by Fisheye : une 2e édition haute en couleur
Du 7 au 12 juillet 2025, Fisheye investit la cour de l’Archevêché, lieu de rendez-vous incontournable du ()ff des Rencontres d’Arles, au...
19 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Arles 2025 : à la Galerie Triangle, la jeunesse a le dernier mot
© Nicolas Serve
Arles 2025 : à la Galerie Triangle, la jeunesse a le dernier mot
À l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles 2025, la Galerie Triangle revient avec GÉNÉRATION, un événement dense et...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
L'été photographique de Lectoure : rassembler par l'image
Parce que. Ici., 2021-2025 © Anne Desplantez & les enfants du Sarthé
L’été photographique de Lectoure : rassembler par l’image
« Ensemble », l’édition 2025 de L’été photographique de Lectoure, met à l'honneur le collectif. Du 12 juillet au 21 septembre 2025, la...
04 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nous autres, une ode à l'amitié et à la mémoire queer
Autoportrait avec JEB, E. 9th Street, New York, 1970 © Donna Gottschalk, Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix
Nous autres, une ode à l’amitié et à la mémoire queer
Avec Nous Autres, Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini avec Carla Williams, présentée jusqu’au 16 novembre 2025, le Bal signe une...
04 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
© Luke Evans
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
À travers son numéro #72, Fisheye donne à voir des photographes qui considèrent leur médium de prédilection comme un outil de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet