Voyage dans les méandres du passé

25 septembre 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Voyage dans les méandres du passé

À l’espace photographique du Leica Store, Marzio Emilio Villa expose La marée de la mémoire, une recherche poétique et identitaire, entre souvenirs effacés et présent familier.

Né au Brésil en 1987, et adopté alors qu’il avait trois mois, Marzio Emilio Villa a grandi en Italie. Suite à une formation aux Beaux-Arts de Milan, où il apprend la peinture et la sculpture, l’artiste se tourne vers la photographie pour capturer la figure humaine. Ses créations, aux dimensions picturales, explorent la complexité de l’Homme et des sociétés contemporaines. L’exposition La marée de la mémoire illustre un voyage personnel, que l’auteur a entrepris afin de découvrir ses racines. « Ma mère m’a toujours dit qu’il fallait que je me rende au Brésil afin que je découvre le territoire d’où je viens. Mais j’ai attendu trente ans pour y aller », sourit-il. À l’aide d’adresses et de notes trouvées dans une boîte conservée par sa mère, Marzio Emilio Villa a planifié son périple en avance, en cherchant sur Internet les lieux qui ont marqué son passé.

Durant un unique voyage, il a capturé des lieux symboliques, chargés de souvenirs. « Je suis rentré du Brésil en mai 2018, mais je n’ai touché à mes photographies qu’en janvier 2019. J’avais besoin de prendre du recul, de les laisser vivre », confie l’artiste, qui a poursuivi sa quête en Italie, entre Milan et la Ligurie – une région où il passait ses étés lorsqu’il était plus jeune. Entre protagonistes marquants et paysages à demi oubliés, Marzio Emilio Villa construit un récit délicat, entrelaçant les notions d’absence, d’amour et de mémoire.

Aux confins de la mémoire

« J’ai l’habitude de travailler en noir et blanc, mais je suis passé à la couleur pour ce travail. Je suppose que c’est une question d’émotion, de ressenti »,

explique le photographe. La marée de la mémoire, avec ses images désaturées, laisse place à la couleur de manière presque imperceptible. Alors que l’auteur capture l’hôpital qui l’a vu naître, au Brésil, l’église dans laquelle il a été baptisé, ou encore l’orphelinat où habitait son frère, les notes de couleurs naissent, à la manière de souvenirs retrouvés. Dans des compositions rappelant les tableaux des grands peintres, Marzio Emilio Villa laisse le flux et le reflux des souvenirs colorer ses œuvres. « Certaines personnes perçoivent ce projet comme un travail triste, mais je dirais plutôt que ces images sont mélancoliques », ajoute-t-il. Au cœur des photos, sa famille apparaît, comme un ancrage dans un présent plus certain. Alors que ses voyages le conduisent aux confins de sa mémoire, le photographe laisse ses proches le guider vers des terres connues. « Mais je pense que je retournerai à nouveau au Brésil, peut-être accompagné de mon frère – nous n’y sommes jamais allés ensemble », conclut le photographe. Une série attendrissante, donnant à voir la difficile recherche de son identité.

 

La marée de la mémoire

Jusqu’au 2 novembre 2019

Espace photographique du Leica Store

105, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris

© Marzio Emilio Villa

© Marzio Emilio Villa© Marzio Emilio Villa

© Marzio Emilio Villa© Marzio Emilio Villa

© Marzio Emilio Villa© Marzio Emilio Villa

© Marzio Emilio Villa

© Marzio Emilio Villa

Explorez
Ces séries de photographies réalisées au flash
© Nicolas Hrycaj
Ces séries de photographies réalisées au flash
En ce milieu de printemps, à mesure que les nuits s’écourtent, les flashs des appareils photo se multiplient pour immortaliser la douceur...
02 mai 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les émeutes visuelles de Paul Van Trigt
© Paul Van Trigt
Les émeutes visuelles de Paul Van Trigt
Impliqué dans la scène musicale expérimentale depuis de nombreuses années, aussi bien avec ses projets MOT et IDLER qu'avec ses travaux...
01 mai 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Ultra-violence, bodybuilding et livre d’artiste : nos coups de cœur photo du mois
© Kristina Rozhkova
Ultra-violence, bodybuilding et livre d’artiste : nos coups de cœur photo du mois
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
30 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
© Christopher Barraja
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
La photographie analogique ne cesse de séduire un large public. Pour Fujifilm, Aliocha Boi et Christopher Barraja s’emparent de l’Instax...
26 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Ces séries de photographies réalisées au flash
© Nicolas Hrycaj
Ces séries de photographies réalisées au flash
En ce milieu de printemps, à mesure que les nuits s’écourtent, les flashs des appareils photo se multiplient pour immortaliser la douceur...
02 mai 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Au Musée de la Femme, la photographie déploie son langage universel
© Camelia Shahat
Au Musée de la Femme, la photographie déploie son langage universel
Jusqu'au 31 octobre 2024, le Musée de la Femme de Marrakech accueille Photographie : le langage universel, une exposition imaginée avec...
02 mai 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
© Ana Núñez Rodríguez
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
Aujourd’hui encore, l’extraction de cette pierre charrie de nombreuses croyances et légendes. C’est ce qui a captivé Ana Núñez Rodríguez...
02 mai 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Focus #72 : Mohamed Bourouissa esquisse les lignes de force d’une révolte
05:07
© Fisheye Magazine
Focus #72 : Mohamed Bourouissa esquisse les lignes de force d’une révolte
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Ce mois-ci, et en l’honneur de Signal, sa rétrospective, accueillie jusqu’au 30 juin 2024 au Palais...
01 mai 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine