Le Centre d’art contemporain de la Matmut accueille, jusqu’au 30 juin 2019, une exposition dédiée au travail de Nils Udo, peintre et photographe allemand. Une œuvre singulière, nourrie par la nature.
Donner accès à l’art au plus grand nombre, tel est l’objectif du Centre d’art contemporain de la Matmut. Ce lieu culturel, situé dans un magnifique château, accueille, chaque année quatre expositions. Pour célébrer l’arrivée du printemps, le Centre a invité l’artiste Nils Udo. Un choix judicieux, puisque le peintre-photographe construit son œuvre autour de la nature. « Elle est au cœur de ma vie. Lorsque je suis dans la nature, une certaine expérience peut me mener à la réalisation d’une œuvre ; sur place, ou dans mon atelier », précise le photographe, venu de Bavière.
D’abord peintre, Nils Udo a abandonné les tableaux pour se consacrer à la création d’œuvres imposantes dans l’environnement. Des constructions poétiques et justes, en harmonie avec le territoire. « J’arrive toujours sans la moindre idée préconçue : mon travail consiste à réagir », ajoute l’artiste, qui utilise les matériaux présents dans le territoire pour réaliser des œuvres « sauvages ». Des années plus tard, il retrouve le plaisir de peindre, et développe une esthétique complexe et variée : entre photographies surréalistes, et peintures teintées d’émotion. L’exposition met en parallèle ces deux pans de sa créativité. Tableaux et clichés en grand format se répondent, et proposent une immersion fascinante dans l’univers de Nils Udo. Si les photographies capturent la beauté de ses installations naturelles, ses tableaux se teintent d’onirisme, et proposent une vision plus fantaisiste du territoire. Un ensemble évoquant le mouvement impressionniste et invitant le regardeur à se distancer du réel.
La Couvée
Démarrer un récit
Nils Udo est avant tout un conteur d’histoires. Qu’il peigne ou photographie, l’artiste souhaite susciter l’émotion, démarrer un récit. Chaque installation devient une mise en scène, capturée seulement lorsqu’elle atteint la perfection. Avec passion, l’auteur se plonge dans ses souvenirs, et relate quelques anecdotes stupéfiantes : « réaliser l’image intitulée La Couvée était un exercice difficile, se remémore-t-il. Chaque œuf de marbre mesure deux mètres de haut et pèse 4,2 tonnes. Il m’a fallu prendre l’hélicoptère non militaire le plus lourd d’Europe pour les déplacer ! J’ai déposé ces œufs sur des graviers de marbre, la forêt représentant le nid. » Une création mêlant humour et noblesse.
Lors d’une balade en forêt, Nilds Udo tombe, par hasard, sur sa prochaine œuvre, en découvrant les ruines d’un bunker datant de la Première Guerre mondiale. « Je ne pouvais fermer les yeux devant ce terrible décor, il m’a fallu réagir, raconte-t-il. Je l’ai couvert de mousse, et j’ai fais pousser des fougères tout autour. J’ai même suspendu des fleurs rouges à l’entrée, rappelant la couleur du sang. C’était, en quelque sorte, mon hommage aux morts de cette guerre ridicule. » En résulte une oeuvre chargée d’émotion.
Dans la mer du Nord, en Allemagne, l’artiste a érigé sa Maison d’Eau. « Elle est composée de troncs d’épicéa de dix mètres de haut et de branches de bouleau attachées avec de l’osier, explique-t-il. Au fur et à mesure qu’elle avance, la marée couvre toute l’installation, noyant cette maison dans la mer. Un îlot est construit au milieu, et les visiteurs peuvent rester dessus afin d’observer le flux et le reflux – une expérience de six heures. » Au fil des histoires et des souvenirs, le visiteur pénètre dans un univers particulier. Une immersion dans un travail élégant, influencé par la nature, et pensé en harmonie avec l’environnement. Une œuvre fascinante et profondément respectueuse.
Jusqu’au 30 juin 2019
Centre d’art contemporain de la Matmut
425 rue du Château, 76480 Saint-Pierre-de-Varengeville
Maison d’eau
© Nils Udo