« Pendant que la mer monte », les errances de Guillaume Noury à Deauville

20 novembre 2018   •  
Écrit par Anaïs Viand
« Pendant que la mer monte », les errances de Guillaume Noury à Deauville

Le photographe nantais Guillaume Noury expose jusqu’au 25 novembre à Deauville, dans le cadre du festival Planche(s) contact, Pendant que la mer monte. Une série prétexte à la déambulation et à l’errance qui lui a valu le prix du jury.

« Je n’étais passé qu’une fois en vacances et je n’avais pas vraiment fait de photos », confie Guillaume Noury, photographe du Tremplin Jeunes talents présenté à Deauville, dans l’espace le Point de Vue. Découvert il y a bientôt un an sur le site Fisheye, c’est avec plaisir que nous retrouvons Guillaume et ses images au sein du Festival Planche(s) contact. « Lorsque nous avons démarré la résidence, nous a avons visité la ville : le golf, les hôtels Barrière, les planches, la marina et en allant sur les hauteurs j’ai découvert le quartier du Coteau. Un quartier social encerclé par le golf, une résidence de vacances d’un grand groupe, la villa des D’Ornano et le Deauville du centre. Animateur d’ateliers d’initiation à la photo à Nantes, je souhaitais proposer une animation dans la maison de quartier avec l’idée de rencontrer les habitants. Et puis j’ai appris qu’elle venait de fermer », explique-t-il. « Je venais de relire Errances de Raymond Depardon. Ce quartier aurait pu être l’aboutissement de ma quête d’un lieu acceptable », ajoute-t-il. Logé près de la plage, Guillaume a multiplié ses allers-retours dans cette ville inspirante.

L’errance, une place à l’intuition

Durant la résidence, le photographe nantais s’est interrogé sur sa pratique du 8ᵉ art. « J’ai appris qu’il était difficile de réinventer son travail. À l’origine, je voulais réaliser des portraits, mais au moment de l’editing, je me suis rendu compte qu’ils n’étaient pas satisfaisants, j’ai dû décaler mon propos et montrer autre chose », confie-t-il. Si l’espace d’observation lui a été imposé, l’errance et son rapport particulier à l’humain demeurent des éléments essentiels de son travail. « C’est ma façon de fonctionner, l’errance permet une disponibilité, une liberté et une  place à l’intuition », confie-t-il. Durant la  deuxième partie de la résidence, il se rend compte que son boitier argentique ne fonctionnait pas correctement. « Les photos des cinq derniers jours n’étaient pas exploitables. De colère j’ai photographié toute la nuit et la première image réalisée est aujourd’hui l’une de mes préférées », précise-t-il.

Sur les pas du photographe Anders Petersen, Guillaume préfère aux photographies du visible, les images du sensible. Si bien que sa vision du quotidien est toujours le reflet de ses sentiments. Et si Guillaume photographie ce qu’il ressent, c’est grâce à la lumière que tout peut commencer. Ses noirs et blanc profonds renvoient à notre humanité, sombre et sublime. Car Pendant que la mer monte dépeint une société laissée à la dérive, préoccupée par le confort et les apparences. L’écrivain Patrice Lumeau résume parfaitement son approche photographique. « La lumière semble pénétrer ses images par effraction, parfois avec fracas alors le blanc s’impose ; parfois avec une mouvance erratique, alors les gris, glissent comme autant de messages abandonnés au flot. L’humain y semble fugitif, un hôte de passage, invité pour cet instant seulement. Et pourtant nous n’avons pas peur de la route ».

© Guillaume Noury© Guillaume Noury

© Guillaume Noury

© Guillaume Noury© Guillaume Noury

© Guillaume Noury

© Guillaume Noury© Guillaume Noury

© Guillaume Noury

© Guillaume Noury

Explorez
Les coups de cœur #528 : Mélodie Roulaud et LickieMcGuire
© LickieMcGuire
Les coups de cœur #528 : Mélodie Roulaud et LickieMcGuire
Mélodie Roulaud et LickieMcGuire, nos coups de cœur de la semaine, se livrent toutes deux à une pratique photographique ayant trait à...
20 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Blue Monday : 24 séries de photographies qui remontent le moral 
© Charlotte Robin
Blue Monday : 24 séries de photographies qui remontent le moral 
Depuis 2005, chaque troisième lundi de janvier est connu pour être le Blue Monday. Derrière ce surnom se cache une croyance, née d’une...
18 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Marilia Destot : dans le paysage sommeille la mémoire du temps qui passe
© Marilia Destot
Marilia Destot : dans le paysage sommeille la mémoire du temps qui passe
Dans Memoryscapes, Marilia Destot poursuit son travail de collages aux lignes épurées. À travers cette nouvelle série au long...
15 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #527 : Éloi Ficat et Vincent Binant
© Éloi Ficat
Les coups de cœur #527 : Éloi Ficat et Vincent Binant
Éloi Ficat et Vincent Binant, nos coups de cœur de la semaine, nous emmènent dans leur promenade lyrique à travers les paysages perdus et...
13 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jean Ranobrac : des imaginaires queers iconiques
© Jean Ranobrac
Jean Ranobrac : des imaginaires queers iconiques
Jean Ranobrac est artiste et photographe. Magicien de la retouche, il est connu pour ses univers queers déjantés. Après avoir arpenté les...
22 janvier 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Sony World Photography Awards : la photographie à la fleur de l'âge
© Thapelo Mahlangu, South Africa, Shortlist, Student Competition, Sony World Photography Awards 2025
Sony World Photography Awards : la photographie à la fleur de l’âge
Les Sony World Photography Awards annoncent les finalistes de ses deux compétitions célébrant les jeunes photographes à travers le monde...
21 janvier 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Balázs Turós et le quotidien de sa grand-mère atteinte de démence
© Balázs Turós
Balázs Turós et le quotidien de sa grand-mère atteinte de démence
Confronté à la maladie de sa grand-mère et à ses propres questionnements existentiels, le photographe hongrois Balázs Turós sonde l’âme...
21 janvier 2025   •  
Écrit par Agathe Kalfas
La sélection Instagram #490 : jardin secret
© Talya Brott / Instagram
La sélection Instagram #490 : jardin secret
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine confectionnent un nid douillet. Sur leurs images se dévoilent un cocon familial...
21 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger