C’est le monde urbain qui inspire Clément Boulard et Claire Frichet, nos coups de cœur #431. L’un capture l’érosion des murs causée par le temps, tandis que l’autre s’immerge dans l’énergie unique des rues new-yorkaises.
Clément Boulard
Photographe-auteur spécialisé en architecture, Clément Boulard, 36 ans, a fait ses armes en laboratoire en tant que tireur, après être tombé amoureux du 8e art lorsqu’il étudiait le cinéma à la Sorbonne-Nouvelle. « Durant cette même année, j’ai suivi des cours d’histoire de l’art et d’esthétique de l’image qui m’ont beaucoup influencé. Je me suis ensuite consacré exclusivement à la pratique photographique, et j’ai été reçu en 2008 aux Gobelins après avoir suivi un cours préparatoire aux grandes écoles d’art à l’Atelier Clouet », poursuit-il. C’est dans les rues de la capitale française, lors d’errances régulières qu’il commence à créer. « Je me suis vite intéressé à la matière et aux détails des éléments urbains. Je me décrirais comme un photographe opportuniste qui porte son regard sur des détails du quotidien, que l’on croise sans forcément les remarquer. Il y a de la poésie dans toute chose, et j’aime particulièrement les traces laissées par le passage de l’homme », confie-t-il. Ruines visuelles, publicités déchirées, murs décrépis… Dans les images de Clément Boulard, le minimalisme règne et transforme l’érosion en œuvre d’art. « Avec Disparition, j’ai trouvé intéressant d’entamer une progression du réel vers l’onirique. Je me suis interrogé sur la place des images dans notre cadre urbain. Cette abstraction permet de les regarder en se libérant de tout contexte, d’approcher une liberté d’interprétation totale », conclut-il.
© Clément Boulard
Claire Frichet
« Je suis fascinée par le mouvement, l’acte de capter, la beauté singulière de l’humain, l’entre-deux », déclare Claire Frichet. Originaire du sud de la France, la photographe a d’abord travaillé pour l’industrie de la télévision avant de se tourner vers le 8e art. Aujourd’hui, elle développe une écriture intimiste, qu’elle complète au fil de ses pérégrinations. « Toute la magie demeure pour moi dans la capture de l’essence d’un moment éphémère, afin de la garder dans son esprit et son cœur, comme une ancre d’ondes positives », ajoute-t-elle. Fin 2022, l’artiste s’est envolée à New York pour deux mois, avide de découvrir la ville qui ne dort jamais. De ce périple, elle rapporte une collection d’images argentiques au grain vaporeux, flirtant avec l’univers des songes. Aux frontières de l’onirisme et de la street photography, Claire Frichet capture les rues animées de la Grosse Pomme, les voyages en ferry comme en métro, les habitant·es qui les emplissent, avec une délicate sensibilité. « Au fur et à mesure que j’avance dans mon voyage, j’aime me laisser bercer par le brouhaha qui m’entoure, pour absorber puis capturer l’énergie ressentie. Car ce sont les vibrations de cette ville magique en perpétuel mouvement qui me donnaient envie d’y séjourner depuis longtemps », affirme-t-elle.
© Claire Frichet
Image d’ouverture : © Claire Frichet