Sur les traces de l’Aéropostale

26 octobre 2017   •  
Écrit par Eric Karsenty
Sur les traces de l’Aéropostale

Comment évoquer les premiers « fous volants » à la veille du 100e anniversaire de l’Aéropostale, célébré l’an prochain à Toulouse ? Christian Sanna, jeune photographe italo-malgache de 28 ans, a brillamment relevé le défi avec son Carnet de vol, au terme de la Résidence 1+2 qu’il vient de suivre dans la Ville rose. Embarquement immédiat. Cet article fait partie de notre dernier numéro.

Placée sous le signe des Traversées, la deuxième édition de la Résidence 1+2 à Toulouse présente les travaux de trois photographes : Israel Ariño sur l’eau, Leslie Moquin sur le vent d’autan, et Christian Sanna sur l’Aéropostale. « Ça fait longtemps que je voyage, nous confie ce dernier. Je suis originaire de Madagascar, je me suis arraché très tôt à mes racines. Alors quand Philippe Guionie (organisateur de la résidence, ndlr) a proposé le thème “Traversées”, j’ai de suite pensé aux photographes voyageurs et aux pionniers de l’Aéropostale. » Le jeune diplômé de l’ETPA, distingué du Grand Prix photo 2016 de l’école, a rassemblé informations, documents et pas mal de livres (d’Antoine de Saint-Exupéry à Joseph Kessel) pour inventer son périple. Un travail pensé comme un carnet de route – plutôt un Carnet de vol – qui rassemble des éléments documentaires et des écritures plus personnelles.

Moulin à vent près de Lézignan sur Corbière
Tombe d’un aviateur à côté de l’aéroclub de Lézignan

Approches documentaire et fictive

« J’avais déjà fait des carnets de mes voyages précédents, en Australie et ailleurs, et je me suis rendu compte qu’il était intéressant de mêler approches documentaire et fictive afin d’évoquer ma propre expérience »,

précise le photographe de 28 ans. La traversée de l’espace se mélange ainsi à celle du temps dans des cahiers où le photographe consigne ses impressions à travers l’écriture, comme ont pu le faire Max Pam ou Gao Bo, des auteurs dont il se nourrit. Le photographe évoque aussi la figure de Robert Frank qui a guidé ses pas à travers une phrase : « The truth is somewhere between the documentary and the fictional, and that is what I try to show. What is real one moment has become imaginary the next. You believe what you see now, and the next second you don’t anymore. » [« La vérité est quelque part entre le documentaire et la fiction, et c’est ce que j’essaie de montrer. Ce qui est vrai un moment devient imaginaire le suivant. Vous croyez ce que vous voyez maintenant, et la seconde suivante, vous ne le faites plus. »]

Christian Sanna nous raconte ainsi un voyage qui passe par l’aérodrome de Montaudran d’où décollaient « ces merveilleux fous volants » à bord de leurs Latécoère, construits à côté ; fait un crochet par l’hôtel Le Grand Balcon où logeaient ingénieurs, pilotes et mécaniciens comme Didier Daurat, Henri Guillaumet ou Jean Mermoz ; et trace sa route en retrouvant de drôles de phares nocturnes qui balisaient la trajectoire des pionniers de l’Aéropostale. Il déambule dans les rues de Toulouse à la recherche d’objets qui, un siècle plus tard, continuent d’alimenter le mythe, comme la porte de l’hôtel La Caravelle. Il traque enfin sur les pistes et dans le ciel les traces de ces avions magiques qui nous entraînent à rêver plus loin.

© Christian Sanna

© Christian Sanna
Premier phare nocture de la ligne entre toulouse et barcelone.
© Christian Sanna
© Christian Sanna
© Christian Sanna
© Christian Sanna
© Christian Sanna

© Christian Sanna

Exposition Résidence 1+2
du 13 octobre au 19 novembre 2017,
Musée Paul-Dupuy, à Toulouse (31).

L’intégralité de cet article est à retrouver dans Fisheye #26, en kiosque depuis le 16 septembre et disponible sur Relay.com

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