« Maintenant qu’on nous a mariés, faisons connaissance, déclare Dominique Falcoz. La Métropole est née, le Grand Paris commence à exister dans les têtes, mais il faut que les représentations bougent, que l’on sorte des clichés dans lesquels on a été depuis très longtemps. » La directrice du Théâtre de la nuit connaît bien la question, puisqu’elle a déjà organisé une collecte de photos et de commentaires à Arcueil pour Ma ville vue de ma fenêtre, en 2010. Une opération conçue en réaction aux formes d’exclusion qui a produit 180 photos montrées à l’écomusée du Val de Bièvre. Ce premier volet d’un projet plus ambitieux, intitulé Au-delà du périph’, l’autre histoire du Grand Paris, se prolonge aujourd’hui avec Le Grand Paris vu de nos fenêtres, l’une des expositions du Mois de la photo.
Ce recueil de clichés vernaculaires et de commentaires est enrichi par des travaux de scientifiques (urbanistes, architectes, géographes, historiens, sociologues…) et d’artistes. « Si on veut faire bouger les représentations, les artistes ne sont qu’une partie de la réponse, il y a aussi les habitants… Le cœur de ce que je fais est d’associer trois types de points de vue : ceux des scientifiques, des artistes et des habitants », précise Dominique Falcoz, qui partage le commissariat de l’exposition avec Frédérique Founès, de l’agence Signatures.
Sortir des clichés
Pour mettre en place le projet à travers les quatre-cent-douze communes, couvrant onze territoires et huit départements, Dominique Falcoz s’est appuyée sur ses réseaux et un ensemble de volontaires en service civique. Tatiana, Paul, Johanna, Bertrand, Anaïs, Elarif, Maud… une poignée de jeunes qui ont arpenté les banlieues durant un an et demi en distribuant des tracts dans les boîtes aux lettres, et surtout en allant au-devant des habitants pour leur expliquer le projet – Ouvrez les fenêtres pour sortir des clichés ! – et les inciter à poster des vues de leur fenêtre, accompagnées de leur commentaire. Cette campagne s’est étendue à une vingtaine de lycées où ont été menés des ateliers d’écriture et de sensibilisation à l’urbanisme de proximité qui ont permis aux élèves de mettre des mots sur leurs photos. Au total une quinzaine de villes comprenant des établissements classés en ZEP, des lycées traditionnels ou techniques, dans des zones géographiques aussi diverses que Sceaux, Sarcelles, Mantes-la-Jolie… ou Paris.
« La révélation, c’est que dès qu’on n’est plus dans le cadre contraignant de l’école, ils aiment écrire », déclare Patrick Bard, photographe et écrivain, animateur de ces ateliers qui ont touché au total plus de 350 personnes, si on y ajoute les séances pour adultes et enfants…
L’intégralité de cet article est à retrouver dans Fisheye #23, en kiosque depuis le 10 mars et disponible sur Relay.com
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Découvrez toutes les images du projet : www.vudenosfenetres.fr
L’exposition :
Le Grand Paris vu de nos fenêtres
À partir du 8 avril 2017
Maison de l’architecture en Île-de-France
148, rue du Faubourg-Saint-Martin
75010 Paris