Cette semaine, et jusqu’au jeudi 9 avril, la photographe belge Charlotte Abramow s’empare du compte Instagram Fisheye. Durant quatre jours, elle reviendra sur ses productions et présentera le travail de ses photographes préférés. Et pour finir en beauté, elle sera l’invitée d’un live instagram jeudi soir.
Aux manettes du compte Instagram Fisheye, cette semaine, Charlotte Abramow. Durant quatre jours la photographe belge installée à Paris partagera son expérience à travers des images et des récits. Le corps en métamorphose, le corps libéré ou assujetti… Depuis ses travaux réalisés aux Gobelins jusqu’à ses dernières campagnes, Charlotte Abramow s’est positionnée contre la culture du viol et lutte plus largement contre la misogynie.
Dès aujourd’hui, et jusqu’à jeudi, elle décryptera quelques images iconiques. Le takeover se terminera jeudi soir 21h avec un live sur le compte Instagram.
Débutons ce takeover avec deux images qu’elle a choisi de nous commenter.
« Lorsque j’étudiais l’École des Gobelins, à Paris, un devoir m’a amené à réaliser cette image. Il fallait réaliser une photo « insolite » dans un lieu donné : l’Hôtel Potocki à Paris. J’ai pensé à une vieille femme nue se baladant dans le décor luxueux. J’ai alors contacté une agence de modèles seniors, lançant un petit : « Auriez-vous par hasard une femme acceptant de poser nue ? » À mon grand étonnement, ils m’ont répondu : « Oui, Claudette ! »
À l’époque de la photo, Claudette avait 74 ans mais l’âme d’une enfant de 6 ans brillait dans ses yeux. Sa vitalité et sa joie de vivre m’ont appris que la beauté était intemporelle. Je voulais montrer un corps nu tel qu’il est : âgé, ayant traversé une vie, et qu’on n’a pas plus l’habitude de voir nu. Durant la prise de vue, Claudette était à l’aise, fière, et naturelle. J’en avais oublié sa nudité. « Le corps est juste une enveloppe : tu seras belle tant que tu incarneras ton corps ». Merci Claudette de m’avoir fait comprendre cela. »
Claudette, 2014, Paris © Charlotte Abramow
« Initialement, cette image avait été shootée dans le cadre de mon projet Find Your Clitoris en 2017, mais je suis revenue dessus en réaction à un évènement grave dont le sujet est très important, et qui a connu une réaction massive sur les réseaux sociaux.
Le 6 novembre 2018, en Irlande, un homme accusé d’avoir violé une jeune fille de 17 ans a été acquitté. L’avocate de cet homme a évoqué le string en dentelle portée par la victime : « Vous devriez voir la manière dont elle était habillée. Elle portait un string en dentelle. » L’accusé du viol a été acquitté.
Un string n’est pas un consentement.
Les femmes devraient être libres de s’habiller comme elles veulent : porter des sous-vêtements sexy en dentelle, porter des mini-jupes ou des décolletés, ça ne veut pas dire vouloir être violé. Ça n’est pas une invitation à un acte sexuel. Ça n’est pas un feu vert. Ça n’est pas un consentement. »
This Is Not Consent, 2018, Paris © Charlotte Abramow