Cette année encore, le projet Elles x Paris Photo – mené par le ministère de la Culture avec le soutien de Kering | Women in Motion – affirme son engagement auprès des femmes photographes. À cette occasion, le parcours a réuni 77 artistes, un nombre à la portée hautement symbolique.
« Pour survivre dans cette jungle qu’est l’art contemporain, j’essaye d’appliquer à mon travail de conservatrice des stratégies libératrices et chamaniques. C’est souvent la littérature qui m’aide, permet d’associer des idées et de construire la structure dans la création d’un projet. Pour cette édition du parcours Elles x Paris Photo, je me suis inspirée d’OuLiPo, le légendaire Ouvroir de littérature potentielle, dont les membres – des auteurs et des mathématiciens – créent des œuvres en s’imposant des contraintes d’écriture qui nourrissent leur imagination »
, commence Federica Chiocchetti. Cette dernière, directrice du Musée des Beaux-Arts du Locle en Suisse et commissaire d’exposition spécialisée en photographie et littérature, a conçu la 5e édition de ce projet, initié en 2018 sous l’impulsion du ministère de la Culture, en étroite collaboration avec Kering et son programme Women in Motion.
Mettre en lumière le travail des femmes
Pensé dans la contrainte, ce nouveau parcours n’a non pas été orchestré selon un thème précis, mais bien selon un nombre symbolique d’artistes. « Le nom du programme Women In Motion m’a rappelé l’importance des jambes, qui nous permettent, via la marche, de bouger. Dans La Tombola, jeu originaire de Naples et inspiré par la tradition de La Smorfia (la grimace), les rêves sont analysés et convertis en nombres afin de jouer à la loterie. Le 77 représente les jambes des femmes, comme si elles devaient toutes être longues et minces », explique Federica Chiocchetti. Ce nombre, également associé au diable dans la croyance populaire, porte en lui les vestiges misogynes du patriarcat. « De plus, 1977 est une année importante pour le mouvement féministe en Italie, mon pays d’origine, étaye la commissaire. C’est cette année-là que les femmes ont commencé à militer contre le sexisme de manière autonome, aussi au sein des organisations de gauche dont elles faisaient partie. »
Au total, 77 femmes issues de générations et de régions disparates, qui n’avaient jusque-là jamais été sélectionnées pour Elles x Paris Photo, ont ainsi été réunies dans un même espace. Parmi elles figurent notamment Camille Gharbi, Julie Hascoët, Kata Geibl, Graciela Iturbide, Marina Gadonneix, Nan Goldin, Zanele Muholi et Nathalie Boutté. Comme à l’accoutumée, l’objectif de la démarche est d’inciter les galeries prenant part à la manifestation à mettre en lumière le travail des artistes qu’elles représentent, et ce, aussi bien auprès des collectionneurs que des institutions. « Cette initiative affiche des résultats encourageants, portant à près d’un tiers les femmes photographes présentes sur la foire en 2022, alors qu’elles n’étaient que 20 % il y a encore cinq ans », assurent les organistareurs·rices.
© à g. Nathalie Boutté, ADAGP 2022 / MAGNIN-A, à d. Camille Gharbi / The Eyes Publishing
© Graciela Iturbide, courtesy of the Museum of Fine Arts, Boston / courtesy of Peter Fetterman Gallery 2022.
Image d’ouverture © Graciela Iturbide, courtesy of the Museum of Fine Arts, Boston / courtesy of Peter Fetterman Gallery 2022.