Focus #32 : Anaïs Boudot révèle les « Oubliées » de l’histoire

28 décembre 2022   •  
Écrit par Apolline Coëffet
C’est l’heure du rendez-vous Focus de la semaine ! Aujourd’hui, lumière sur Anaïs Boudot. La photographe française a imaginé Les Oubliées, une série de portraits de femmes, inspirée par les expérimentations sur plaques de verre de Brassaï et de Picasso, de même que leur misogynie.

Vous le savez, au sein de la rédaction Fisheye, on aime autant les photos que leurs récits ! Alors nous avons lancé, en mars dernier, un objet multimédia dont le 32e épisode sort aujourd’hui. Au cœur des Focus, les artistes se dévoilent et partagent avec nous quelques anecdotes. Succédant à 31 auteurs et autrices − dont vous trouverez la liste ci-dessous –, Anaïs Boudot donne une seconde vie à des Oubliées de l’histoire. À l’origine de son projet, le souvenir d’une réappropriation multiple. Picasso a commencé son travail sur plaque de verre après en avoir retrouvé un exemplaire oublié par Brassaï dans son atelier. Quelque temps plus tard, ce dernier utilise ses négatifs à la manière de son ami en les gravant à même la gélatine en guise de clin d’œil. Dans le prolongement de ce dialogue, la photographe calque leur procédé pour interroger la place des femmes artistes dans un milieu dominé par le patriarcat.

« Habituellement, ma pratique n’est pas militante, mais je dois dire que ce projet m’a mise, en quelque sorte, au pied du mur, nous confie notre interlocutrice. Parce qu’après avoir pris conscience des violences et des mécanismes de domination d’un artiste – en particulier Picasso – il était impossible pour moi de faire comme si ça n’existait pas et de fermer les yeux. » S’il incarne pour beaucoup la figure du génie, les œuvres du peintre espagnol ont été créées pour l’essentiel au détriment des femmes qui l’entouraient. Dans un acte féministe, Anaïs Boudot a décidé de leur rendre hommage en se réappropriant une technique qu’elle applique à des plaques de verre trouvées en brocante. « Au début, j’avais un peu peur de détruire ces images uniques, et ces visages qui ont une histoire, même si je ne la connais pas. Puis je me suis dit que c’était une sorte de transformation, une remise en lumière de ces personnes », conclut-elle.

Une histoire d’engagement à retrouver dans Focus #32. Et pour visionner nos autres épisodes, c’est par ici :

Sani Soinnen, Loïc Laforge, Teo Becher et Solal Israel, Rhiannon Adam, Romy AlizéeLuis CorzoLewis BushTim FrancoMatilde Søes Rasmussen, Elie Monférier, Carolina Arantes, Mathieu Farcy, Matthieu Gafsou, FLORE, Alex Turner, Martina Cirese, Ward Long, Vincent Ferrané, Christine Spengler, Marta Bogdanska, Patrick Wack, Tania Franco Klein, Lucie Hodiesne Darras, Cyril AbadKourtney Roy, Alain Keler, Emily Graham, Brandon Tauszik, Camille Gharbi, Corentin Fohlen, Pixy Liao

© Fisheye Magazine

Explorez
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
The Journey Home from School © Laura Pannack, United Kingdom, Winner, Professional competition, Perspectives, Sony World Photography Awards 2025.
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
Des corps qui chutent, des trajectoires contrariées, des espaces repris de force… Et si la photographie était un langage de reconquête ?...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Anaïs Viand
Marion Gronier, la folie et le regard
© Marion Gronier, Quelque chose comme une araignée / Courtesy of the artist and Prix Caritas Photo Sociale
Marion Gronier, la folie et le regard
Pendant deux ans, Marion Gronier a arpenté des institutions psychiatriques en France et au Sénégal. Sans jamais montrer de visages, elle...
09 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Daniel Obasi : l'étoffe de la révolte
Beautiful Resistance © Daniel Obasi
Daniel Obasi : l’étoffe de la révolte
À Lagos, Daniel Obasi, 30 ans, met en lumière les communautés marginalisées du Niger à travers une mode émancipatrice et...
08 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
À la Bourse de commerce, Deana Lawson suscite la réflexion
Bendy, 2019. Pinault Collection. © Deana Lawson / courtesy de l’artiste et de David Kordansky Gallery
À la Bourse de commerce, Deana Lawson suscite la réflexion
Jusqu’au 25 août 2025, la Bourse de commerce, à Paris, accueille la première exposition monographique de Deana Lawson en France. Sur les...
06 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
The Journey Home from School © Laura Pannack, United Kingdom, Winner, Professional competition, Perspectives, Sony World Photography Awards 2025.
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
Des corps qui chutent, des trajectoires contrariées, des espaces repris de force… Et si la photographie était un langage de reconquête ?...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Anaïs Viand
Marion Gronier, la folie et le regard
© Marion Gronier, Quelque chose comme une araignée / Courtesy of the artist and Prix Caritas Photo Sociale
Marion Gronier, la folie et le regard
Pendant deux ans, Marion Gronier a arpenté des institutions psychiatriques en France et au Sénégal. Sans jamais montrer de visages, elle...
09 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Anouk Durocher : portrait d'une révolution intime
© Anouk Durocher
Anouk Durocher : portrait d’une révolution intime
Nous avons posé quelques questions à Anouk Durocher, artiste exposée à Circulation(s) 2025. Dans son travail, elle explore l'approche...
08 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Daniel Obasi : l'étoffe de la révolte
Beautiful Resistance © Daniel Obasi
Daniel Obasi : l’étoffe de la révolte
À Lagos, Daniel Obasi, 30 ans, met en lumière les communautés marginalisées du Niger à travers une mode émancipatrice et...
08 mai 2025   •  
Écrit par Milena III