Du 8 au 12 mars la
Galerie Château de Madame de Graffigny accueille
une exposition de Julie Peiffer intitulée
Celebrate Women. Avec son écriture sensible et intimiste, la photographe crée un monde feutré où tout est affleurement, sensualité et humanité : le féminin y apparaît libéré de toute forme de contrôle et emprise.
Julie Peiffer, photographe française née en 1967, pose un regard onirique sur les évolutions du monde qui nous entoure et développe une écriture reconnaissable au premier regard. Autodidacte, elle ne s’encombre pas de codes traditionnels du 8e art et, dans sa pratique, elle s’émancipe volontiers des normes. Son travail s’apparente à celui d’une artiste et d’une auteure : elle parvient ainsi à dérouler une trame narrative poétique sur des thématiques comme la crise écologique, l’évolution de nos espaces urbains ou encore la place de la femme dans nos sociétés.
Son chemin de photographe démarre en 2015, après les attentats de Charlie Hebdo. Auparavant, elle avait collaboré avec des magazines sans jamais oser appuyer sur le déclencheur. Un photographe lui offre un jour un Nikon FM2, mais elle n’y touche pas, presque impressionnée par l’appareil. C’est face à la brutalité des attentats, poussée par le sentiment d’urgence de raconter le réel, que la photographe se saisit enfin de son Nikon pour capturer la ville où la vie se détériore, où la nuit devient incertaine. Toutefois, son intérêt se focalise rapidement sur la représentation des femmes et de leur corps. Ses clichés intimistes, feutrés, parsemés de douceur, abordent la féminité comme une quête complexe, loin d’être figée. Le féminin est ici une expérience ressentie plus qu’une condition d’existence et il est incarné avec une forme de mélancolie qui se mêle harmonieusement à une puissante énergie.
Une quête de liberté et d’expression de soi
Au cœur de l’exposition Celebrate Women, Julie Peiffer présente des images extraites de diverse séries : Panic Spaces, Chair Terre, L’une, l’autre, L’histoire de la Femme de Goncourt, Tr(A)ce, Une Séparation… Autant de travaux qui explorent les liens entre le corps humain et la nature ainsi que la féminité, libérée de toute emprise et injonction. C’est cette volonté de reprendre le pouvoir que la photographe représente dans ses clichés, en mettant en scène sa propre recherche de liberté, sa propre quête d’estime d’elle-même, et se dévoilant au fur et à mesure.
La série Chair Terre, réalisée dans la forêt du Limousin, représente ainsi un sujet capable de se faire renaître, libéré des normes et des conventions. Le corps de la femme-qui-danse s’affranchit du devoir de plaire à l’homme et sa sensualité est brute, indépendante. Une puissance féminine qui résonne avec encore plus de force dans la série L’histoire de la Femme de Goncourt, mettant en scène une femme dans un bistrot prenant la liberté d’y déployer toutes sortes de gestes inattendus. Elle s’allonge sur une table, puis par terre, elle touche les objets et le sol, comme pour se réapproprier l’espace public dont les femmes sont souvent exclues. Sa liberté totale nous interpelle et nous invite à réfléchir à ce qu’on attend d’un corps féminin en société. Une fois de plus, Julie Peiffer nous donne à voir une féminité libérée de toute forme d’emprise.
© Julie Peiffer