Kurt Tong, lauréat du Prix Élysée raconte l’histoire d’un mystérieux Franklin…

30 juin 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Kurt Tong, lauréat du Prix Élysée raconte l’histoire d’un mystérieux Franklin…

Le 22 juin, le Prix Élysée a divulgué le nom du lauréat de sa quatrième édition : Kurt Tong. Dans Dear Franklin, le photographe hongkongais croise les médiums pour explorer ses racines chinoises.

Depuis sa création, le Prix Élysée accompagne les photographes dans l’évolution de leur carrière. Sans thématique imposée, le concours distingue, chaque année, huit finalistes internationaux, dont les travaux ont déjà fait l’objet de publications ou d’expositions. Chacun de ces nommés reçoit une contribution de 5000 CHF (environ 4550 euros) pour réaliser un projet inédit. Parmi ces auteurs, un lauréat est ensuite récompensé. Celui-ci remporte 80 000 CHF (soit environ 72 800 euros) – une somme lui permettant de finaliser un projet, et de publier un livre à son sujet – un véritable tremplin pour des artistes en pleine création ! Pour cette quatrième édition, le jury du Prix a choisi de récompenser le photographe hongkongais Kurt Tong, et son projet Dear Franklin.

© Kurt Tong© Kurt Tong

Une relecture de l’histoire

Diplômé d’un master en photographie documentaire du London College of Communication, Kurt Tong explore, à travers des projets multidisciplinaires, ses racines chinoises, sa culture et sa propre compréhension de son pays d’origine. Dans Dear Franklin, il se plonge dans une relecture de l’histoire, retraçant les pas de Franklin Lung, un homme ayant vécu juste après la chute de l’Empire chinois, en 1912.

C’est en 2018 que l’auteur fait la connaissance du personnage, en recevant, à la mort de son voisin, un vieux coffre en bois, scellé par un sceau taoïste, contenant de nombreuses lettres et photographies appartenant à Franklin. Fasciné par l’anecdote, Kurt Tong se lance dans de longues recherches, et découvre, peu à peu, le récit de sa vie. Issu d’une famille pauvre de Hong Kong, l’homme – à force de détermination – parvient à s’intégrer à la haute société chinoise, et se fiance à Dongyu, fille d’un général de haut rang. En 1948, Dongyu, alors à bord d’un bateau fuyant l’armée communiste, fait naufrage. Le cœur brisé, Franklin décidé malgré tout de l’épouser, par le biais d’une cérémonie fantomatique, unissant une personne vivante à un être décédé. Peu après, il émigre aux États-Unis, mais peine à maintenir sa stature. Ruiné, il retourne finalement à Hong Kong, où il finit par se suicider.

Ancrée dans un passé tumultueux, l’histoire du protagoniste de Kurt Tong fascine par son universalité. Au fil des péripéties, le photographe parvient à mêler passé et présent, réalité et fiction, et à explorer des sujets modernes en les ancrant dans une époque révolue. « Kurt utilise un mélange de fictions et d’événements historiques pour parler des problèmes qui nous entourent aujourd’hui : les migrations forcées, les guerres civiles et les effets que ces événements ont sur l’individu », conclut Laurel Parker, jurée du Prix Élysée.

© Kurt Tong© Kurt Tong

© Kurt Tong

© Kurt Tong© Kurt Tong

© Kurt Tong

© Kurt Tong

Explorez
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
On Mass Hysteria : étude d'une résistance physique contre l'oppression
CASE PIECE #1 CHALCO, (Case 1, Mexico, On Mass Hysteria), 2023, Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris © Laia Abril
On Mass Hysteria : étude d’une résistance physique contre l’oppression
À travers l’exposition On Mass Hysteria - Une histoire de la misogynie, présentée au Bal jusqu’au 18 mai 2025, l’artiste catalane...
19 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Tisser des liens, capter des mondes : le regard de Noémie de Bellaigue
© Noémie de Bellaigue
Tisser des liens, capter des mondes : le regard de Noémie de Bellaigue
Photographe et journaliste, Noémie de Bellaigue capture des récits intimes à travers ses images, tissant des liens avec celles et ceux...
15 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Faits divers : savoir mener l’enquête
© Claude Closky, Soucoupe volante, rue Pierre Dupont (6), 1996.
Faits divers : savoir mener l’enquête
Au Mac Val, à Vitry-sur-Seine (94), l’exposition collective Faits divers – Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse...
13 février 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
22 février 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina