Pascale Arnaud, la nouvelle lauréate du prix Picto de la mode qui vient de terminer sa formation aux Gobelins, expose Emerging Adulthood et Xiaotong. Deux séries qui jettent un pont entre deux contrées, la France et la Chine, et évoquent un âge entre deux rivages, l’adolescence et l’âge adulte, avec ses doutes, sa nostalgie et sa mélancolie.
« Je ne suis plus une adolescente, mais je ne me sens pas tout à fait adulte », déclare d’emblée Pascale Arnaud, 23 ans, la nouvelle lauréate du prix Picto attribué cet automne dans le prestigieux cadre du Palais Galliera, le musée de la mode de la Ville de Paris. Les deux séries présentées par la photographe, Emerging Adulthood et Xiaotong, ont rapidement et unanimement conquis les treize membres du jury, présidé par Paolo Roversi. Ce travail qui associe le noir et blanc et la couleur, les prises de vue argentiques et numériques, réalisées en France et en Chine (dans le cadre d’un échange scolaire entre les Gobelins, école de l’image, et l’Académie des beaux-arts de Hangzhou), produit au final des images sombres et mélancoliques où l’on retrouve les états d’âme de Pascale et, au-delà, de toute une génération. « Il y a beaucoup de choses qui se mélangent : la peur du futur, la nostalgie de l’enfance et de l’adolescence… J’ai construit cette série [Emerging Adulthood, ndlr] à partir de différents shootings, qui étaient assez clairs, mais le but c’était de tout mélanger. Il y a aussi des parties plus heureuses, insouciantes, joyeuses… », explique la jeune diplômée.
Du côté de la mode
En approfondissant ce travail pour son mémoire, elle découvre que cette période est étudiée par des sociologues depuis plusieurs années et a même été baptisée par Jeffrey Arnett, professeur de psychologie américain, « emerging adulthood » [« l’âge adulte émergent » qui se situe entre 18 et 25 ans, ndlr]. « Ça m’a permis de mettre des mots sur ce que je ressentais, sur mes émotions… Ça m’a aidée à m’orienter », précise l’auteure, qui a ensuite croisé la route de Xiaotong, la jeune modèle de l’autre série, habillée par un styliste chinois dans le cadre d’un workshop à Hangzhou. C’est ce qui lui a fait sauter le pas du côté de la mode. « Ça m’a permis d’associer mes deux passions : faire du portrait et quelque chose de très esthétique. Je ne suis pas trop fan de la mode à la base. C’est plus la photo de mode qui m’intéresse, détaille Pascale. Entre approche artistique et photo de mode, j’essaie de naviguer dans ce mélange de sensations. J’ai du mal à en parler, c’est assez flou, c’est bien pour ça que je fais des images… »
© Pascale Arnaud
Pascale Arnaud
Du 17 janvier au 3 mars 2018 à la Fisheye Gallery,
2, rue de l’Hôpital-Saint-Louis, Paris 10e (75).