La Bibliothèque nationale de France accueille une exposition des lauréat·e·s des nombreux prix photographiques qu’elle soutient. Du Prix Nicéphore Nièpce au prix Nadar, La photographie à tout prix est une grande fresque du paysage de la photo contemporaine française, à découvrir avant le 12 mars 2023 !
Depuis des années, la BnF soutient de nombreux prix photographiques comme le Prix Niépce et le Prix Nadar initiés par l’association Gens d’images en 1955, la Bourse du Talent et enfin, depuis 2020, le nouveau Prix du tirage – Collection Florence & Damien Bachelot – Collège international de photographie. Par ces récompenses, la BnF marque son implication auprès des photographes, des éditeurices, des tireur·ses … Pour la deuxième année consécutive, le lieu culturel, en collaboration avec le Collège international de photographie, Gens d’Images, photographie.com et Picto Foundation, expose certains tirages des lauréat·e·s de ces prix. On fera alors la rencontre de talents comme Julien Magre, Céline Croze, Adeline Care, Victorine Alisse, Paloma Laudet, et bien d’autres jeunes photographes, qui aujourd’hui dessinent l’avenir du 8e art en le faisant dialoguer avec les sujets les plus actuels. Tous·tes, par leur travail, abordent des thématiques engagées et d’une forte portée politique, de la guerre aux trafics de drogue, des enjeux écologiques à notre intimité jusqu’à l’exploration libre du corps. Sans surprises, ce sont les femmes photographes qui marquent cette année riche en événements et en actualités.
© Céline Croze
Ces femmes photographes qui décortiquent le monde contemporain
C’est particulièrement le travail de Victorine Alisse qui attire notre regard. Devenue photographe après une formation en relations internationales et action humanitaire, elle porte en elle l’ADN de la reporter qui visibilise, par ses clichés, ces conflits et tragédies sociales oubliés. Avec Israël/Palestine : qui cultive la terre ?, elle donne à voir les agriculteurs palestiniens du village de Wadi Foukin qui tentent de sauver les terres que l’État hébreu s’approprie. Elle est exposée en tant que lauréate de la Bourse du Talent, mais elle s’est aussi démarquée en 2021 lorsqu’elle a remporté le deuxième Prix Caritas de la Photo Sociale avec un projet sur les sans-abris et le mal logement.
Céline Croze figure aussi parmi les photographes incontournables de l’année, après la publication de son livre Siempre que (éditions lamaindonne), lauréat du prix Nadar 2022. Le regard de la photographe capte la violente noirceur et l’impertinente sensualité de la ville de Caracas et de ses habitant·e·s. Dans le livre, elle raconte sa rencontre avec Yair, jeune dealer qui l’embarque au cœur de la pègre locale, un règne où la vie ne vaut pas grand-chose. C’est la conscience de cette finitude qui touche profondément Céline, qui immortalise le visage ombreux de Yair, qui ressemble comme une goutte d’eau au Caravage, les cheveux indomptables et les yeux brûlants de vie. C’est la faillite d’un État dont la photographe rend compte, en nous entraînant dans un voyage aux allures de thriller.
Ce même engagement social et environnemental, on le retrouve chez Paloma Laudet, née en 1999, qui est aussi une lauréate de la Bourse du Talent. Avec No man’s land, la jeune reporter documente les conséquences des politiques migratoires européennes et en particulier de l’impact des dispositifs anti-migrants sur l’urbanisme. Une série qui mélange souci de l’habitat avec le souci de l’humain, dans une Europe en perte de valeur humanistes.
La photographie à tout prix, Une année de prix photographiques, se tient à la BnF sur le site François-Mitterrand Allée Julien Cain du 13 décembre 2022 au 12 mars 2023.
© à g. Victorine Alisse, à d. Adeline Care
© Paloma Laudet
Image à la une : © Céline Croze