Le 10 juin, le Réseau Caritas France a annoncé les gagnants de la première édition de son prix photographique. L’objectif étant la création d’une alliance entre le monde de la photo et les acteurs luttant contre la pauvreté. Retour sur ce palmarès.
Présidé par agnès b., le jury de la première édition du Prix Caritas Photo Sociale a élu lauréate Aglaé Bory pour sa série Odyssées. Quant aux finalistes, ont été sélectionnés Myr Muratet et Julie Joubert. Le premier a réalisé Chapelle, un projet sur les sans-abris, migrants, Roms installés dans le quartier nord de Paris où l’artiste vit et a grandi. « Je ne fais pas un travail sur les pauvres, je cherche à voir comment les gens qui n’ont rien essaient de se construire une existence. Et montrer comment ceux qui résistent… ne résistent pas vraiment. On ne résiste pas au pouvoir et à la force » nuance-t-il. Julie Joubert a interpellé le jury avec sa série Mido. La photographe, diplômée de l’École des Arts Décoratifs de Paris, a suivi le quotidien d’Ahmed, rencontré dans un centre de réinsertion pour jeunes en difficulté quelques années plus tôt. À travers plusieurs moyens de captation – boîtier numérique, jetable ou téléphone portable – l’artiste dresse le portrait d’un homme en perte de liberté.
© Julie Joubert
La pauvreté française et migratoire
Désignée comme grande lauréate, Aglaé Bory, diplômée de l’École Nationale de Photographie d’Arles, remporte une dotation de 4 000 euros avec Odyssées. Sa série fera également l’objet d’une publication aux éditions Filigranes. À l’instar de L’Odyssée d’Homère, contant une histoire sans fin, l’artiste parisienne arpente dans ce projet l’exil dans la ville du Havre. En associant des portraits de réfugiés et demandeurs d’asile à des paysages, Aglaé Bory métaphorise les sentiments d’attente et d’incertitude. Le jury de ce nouveau prix souligne également la qualité du travail de Pierre Faure en lui décernant une mention d’honneur. Dans France périphérique, le photographe s’immerge dans des terres rurales où la pauvreté ne fait qu’accroitre. De ses clichés en noir et blanc émanent une réalité sans équivoque : 60 % de la population vit dans cette « France périphérique », à l’écart des villes mondialisées.
L’annonce de ce palmarès remplit alors une double mission. « À travers le regard d’artistes, nous voulons rendre visibles ceux que l’on voit peu : les plus fragiles. Et soutenir les photographes est essentiel pour sensibiliser le grand public », s’exclame Emmanuel Fagnou, le coordinateur du Réseau Caritas France.
Les travaux des quatre artistes seront en partie présentés à Paris, à l’automne.
© Aglaé Bory
© Pierre Faure
© Myr Muratet
Image d’ouverture © Pierre Faure