Certain·e·s ont dit de Paul Kooiker que sa photographie explore une beauté qui échappe à tout contrôle, qui est impossible à maîtriser ou à canaliser. Car la sensualité débordante qui se dégage de ses images n’a rien à voir avec les fantaisies pornographiques de notre temps. Elle exprime, au contraire, les pulsions et les désirs freudiens les plus tabous. L’inconscient et le fétiche se rencontrent sur une toile de fond surréaliste qui évoque tantôt Man Ray tantôt Dora Maar. Les identités disparaissent et les visages sortent du cadre. Les genres n’ont plus aucune importance et on ignore si les corps sont ceux d’humain·e·s ou de poupées. Les tableaux photographiques de l’auteur nous renvoient sans cesse à nous-mêmes : en magnifiant les moyens de présentation, qu’il s’agisse de mannequins ou de présentoirs, l’artiste crée un cadre sublime pour l’expression de notre propre désir. Nous plongeons dans nos tabous, dans nos mystères intérieurs, à la fois intrigué·es et écœuré·es par ces étranges compositions. Face à son art, nous ne maîtrisons rien et nos canons de beauté sont balayés d’un revers de manche.
Par son usage détourné du smartphone et grâce à sa maîtrise de la photographie de mode, le photographe donne vie à FASHION, qui s’aborde comme une galerie de miroirs : nos obsessions narcissiques sont tournées au ridicule et les désirs surfaits et superficiels impulsés par la mode sont confrontés à la réalité de nos fantasmes enfuis. La course folle de l’industrie de la beauté est brutalement arrêtée par ces images qui la renvoient à son absurdité.
© Paul Kooiker à g. Untitled 2022, à d. Untitled, 2020
© Paul Kooiker à g. Untitled 2019, à d. Untitled, 2021