Sebastião Salgado, un 4e mousquetaire sous la coupole

13 décembre 2017   •  
Écrit par Eric Karsenty
Sebastião Salgado, un 4e mousquetaire sous la coupole

Installé à l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France le 6 décembre dernier par Yann Arthus-Bertrand au poste de Lucien Clergue décédé en 2014, Sebastião Salgado rejoint le club très select des « immortels » destinés à « promouvoir et encourager la création artistique dans toutes ses expressions, et à veiller à la défense du patrimoine culturel français ».

Les roulements de tambours résonnent sous la Coupole du Palais de l’Institut de France, donnant le signal d’ouverture des festivités. Les académiciens arrivent en rangs serrés, défilé de costumes verts avec épées à la taille, ils font leur entrée dans un petit amphithéâtre rempli de tout ce que le milieu de la photo compte d’officiel. On y voit le directeur de la MEP, celui de la fondation Henri Cartier-Bresson, des rédacteurs en chef de magazines et d’agences photo, et bien sûr des photographes, comme William Klein, fatigué, qui arrive dans un fauteuil roulant, et d’autres à peine plus jeunes. Beaucoup de cheveux gris et blanc dans cette assemblée à majorité masculine.

© Sebastião Salgado / Amazonas Images

Photographe humaniste

Yann Arthus-Bertrand, académicien et photographe connu entre autres pour son travail sur La Terre vue du ciel, ouvre le bal en s’installant au pupitre et en prenant quelques photos du public avant de commencer son discours. Il retrace avec émotion la formidable carrière de Sebastião Salgado, photographe humaniste qui a sillonné les cinq continents en produisant de grands sujets en noir et blanc (Autres Amériques, La main de l’homme, Exodes, Genesis…), exposés et publiés un peu partout dans le monde. Le photographe né au Brésil lui a répondu par un discours plein d’émotion, en rendant hommage à sa compagne Lélia, véritable complice, grâce à qui il a choisi la photographie à l’âge de 30 ans, et y a consacré sa vie.

Quatre hommes en arme

Rejoignant Yann Arthus-Bertrand, Bruno Barbey et Jean Gaumy (ces deux derniers ayant, comme lui, collaboré avec l’agence Magnum), Sebastião Salgado est donc le 4e photographe à rejoindre ce club très fermé de l’Institut de France (sans compter Lucien Clergue qui a ouvert la route en entrant à l’Académie en 2006). Comparé aux quatre mousquetaires – quatre hommes en arme –, leur mission sera de « promouvoir et encourager la création artistique dans toutes ses expressions, et à veiller à la défense du patrimoine culturel français ». Sans nullement renier la qualité de ces quatre photographes promus au rang d’immortel, on peut juste regretter qu’aucune femme ne les y ait encore rejoints. Un nom a bien circulé à un moment, mais ce sera pour une autre fois. Rappelons qu’il a tout de même fallu attendre 1980 pour voir entrer Marguerite Yourcenar sous la Coupole, une institution fondée en 1635, soit trois siècles et demi !

L’histoire des académiciens était très présente à l’esprit de tout le monde, avec la disparition deux jours avant de Jean d’Ormesson, entré à l’Institut en 1973, à l’âge de 48 ans. Et le matin même, on apprenait la mort Johnny Halliday – pas vraiment académicien –, mais les discours de réception et de remise de l’épée y ont fait référence, donnant à cette journée un accent rock’n’roll un peu dissonant. 

Sebastião Salgado, vous connaissez ? © Nina Peyrachon

© Sebastião Salgado© Sebastião Salgado / Amazonas Images© Sebastião Salgado / Amazonas Images

© Sebastião Salgado

© Sebastião Salgado / Amazonas Images

© Sebastião Salgado / Amazonas Images

Explorez
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
© Laura Menassa
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
Entre journal intime visuel et témoignage collectif, le travail de Laura Menassa explore la fragilité et la résilience au cœur de...
04 novembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Une danse entre la vie et la mort capturée par Oan Kim
Le coup de grâce lors d'une corrida à Madrid © Oan Kim/MYOP
Une danse entre la vie et la mort capturée par Oan Kim
À travers un noir et blanc contrasté, qui rappelle la chaleur sèche de l'Andalousie, Oan Kim, cofondateur de l'agence MYOP, montre...
27 octobre 2025   •  
Écrit par Milena III
Kiko et Mar : voyage dans les subcultures de Chine
If you want to come and see me, just let me know © Kiko et Mar
Kiko et Mar : voyage dans les subcultures de Chine
Fruit d’une résidence d’artiste en Chine, la série If you want to come and see me, just let me know, réalisée par le couple de...
24 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
MP#06 : un mentorat pour accompagner la singularité
© Jennifer Carlos
MP#06 : un mentorat pour accompagner la singularité
Chaque année, le Fonds Régnier pour la Création et l’Agence VU’ unissent leurs forces pour donner naissance à un espace rare dans le...
22 octobre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
© Laura Menassa
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
Entre journal intime visuel et témoignage collectif, le travail de Laura Menassa explore la fragilité et la résilience au cœur de...
04 novembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #531 : dans le brouillard
© Francesco Topino / Instagram
La sélection Instagram #531 : dans le brouillard
Le ciel s’assombrit, les températures chutent. La vision se brouille. Alors que l’automne nous enveloppe dans une brume quotidienne, les...
04 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
© Charlotte Abramow
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
Sept ans après la publication de son ouvrage Maurice, tristesse et rigolade, Charlotte Abramow rouvre les pages de l’histoire de son...
03 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #564 : Lycien-David Cséry et Ana da Silva
© Ana da Silva
Les coups de cœur #564 : Lycien-David Cséry et Ana da Silva
Lycien-David Cséry et Ana da Silva, nos coups de cœur de la semaine, prêtent attention aux détails. Le premier observe les objets et les...
03 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger