Le 15 octobre 2019, le jury du Prix Nadar Gens d’images a récompensé l’ouvrage So it goes de la photographe japonaise Miho Kajioka, publié aux (M) éditions. Une œuvre délicate inspirée par le temps et sa chronologie.
Le Prix Nadar Gens d’images récompense chaque année depuis 1955 un ouvrage consacré à la photographie contemporaine ou ancienne, édité en France. Le 15 octobre, un jury composé de personnalités du monde de l’édition et du 8e art a délibéré et sélectionné un nouveau lauréat. C’est l’œuvre de Miho Kajioka qui a fait l’unanimité. Un livre poétique et raffiné, représentatif des publications de the (M) editions, qui s’attachent à proposer à leurs lecteurs une expérience esthétique et sensorielle à chaque création. La photographe, née au Japon en 1973 a signé les images, texte et design du livre, donnant à voir un travail intime et singulier.
Jouer avec le sens du temps
Après avoir étudié la peinture au San Francisco Art Institute, Miho Kajioka s’est tournée vers le médium photographique. Elle entame finalement une carrière de journaliste pour la télévision, et laisse de côté le 8e art pendant dix ans. En 2011, le tremblement de terre et le tsunami qui frappent le Japon la marquent profondément, et la réalisation d’images s’impose alors comme un moyen de panser ces blessures.
Le livre So it goes présente un travail inspiré par les notions de temps, de mémoire et de lieu. Comme à son habitude, l’artiste puise dans son quotidien pour capturer des images intuitives et intemporelles. Inspirée par l’ouvrage Abattoir 5 ou la Croisade des enfants, écrit par Kurt Vonnegut en 1969, la photographe s’intéresse à la chronologie et au sens des événements. Dans le roman de l’auteur américain, le protagoniste possède le pouvoir de voyager dans le temps et de mener plusieurs existences. Son récit non linéaire mêle ainsi faits historiques et histoires abracadabrantes. Pour Miho Kajioka, la photographie intercepte et fige des instants – elle joue, par conséquent, avec le sens du temps. Un périple semblable à celui du héros d’Abattoir 5 prenant ici la forme d’une aventure poétique au cœur d’une délicate intimité.
Maurice, tristesse et rigolade, édité par Fisheye a été remarqué par le jury.
© Miho Kajioka / The (M) editions