Le 4 février 2021, le Prix Camera Clara a révélé le nom de sa lauréate : Stéphanie Solinas. Dans L’Inexpliqué – Revenants, la photographe française fait dialoguer science et foi, visible et invisible.
Initié en 2012, le Prix photographique Camera Clara récompense tous les ans des artistes travaillant à la chambre. Dans un monde sur-connecté, où s’est développé un « tout va » visuel, le concours entend se positionner en contre champ des tendances. Une décision menée à bien par ses deux créatrices, Joséphine de Bodinat, présidente de la Fondaton Grésigny, et la directrice artistique Audrey Bazin, qui souhaitent ainsi faire l’éloge d’une démarche réfléchie et d’une certaine lenteur. Après avoir présélectionné dix dossiers, le jury – composé notamment de Dominique de Font-Reaulx, conservatrice générale au musée du Louvre, Chantal Nedjib, directrice de communication et consultante en entreprise sur l’image ou encore Michel Poivert, professeur en histoire de l’art – a désigné, ce 4 février, la lauréate de cette nouvelle édition : Stéphanie Solinas. Une mention spéciale a été attribuée à Thomas Boivin.
Rétablir une certaine porosité
Née en 1978, Stéphanie Solinas s’attache, dans sa pratique photographique, à tisser des liens entre le visible et l’invisible, le tangible et l’abstrait. Fascinée par l’évolution du médium, de sa création aux dernières avancées technologiques – parmi elles, l’intelligence artificielle – elle puise dans l’histoire, les croyances et la science pour mener ses investigations visuelles. Dans L’Inexpliqué – Revenants, projet retenu par le Prix Camera Clara, l’artiste s’inspire du personnage de Galilée « En 1633, à Rome, il est condamné par l’Église pour avoir défendu la thèse de l’héliocentrisme (une théorie physique qui s’oppose au géocentrisme en plaçant le soleil, plutôt que la Terre, au centre de l’univers, NDLR). On oublie aussi souvent qu’il est aussi celui qui expulsa du royaume de la physique, pour les reléguer dans celui de l’illusion subjective, les qualités qui sont l’essence même du monde sensoriel : les couleurs, les sons, la chaleur, les odeurs, les saveurs », raconte-t-elle.
C’est le début de la science moderne, triomphant face à l’obscurantisme. Pourtant, en mettant en scène les corps – vivants comme sculpturaux – Stéphanie Solinas rétablit une certaine porosité entre le savoir et la croyance. En détournant l’appareil photographique, elle fait dialoguer peinture et image, œuvres anciennes et silhouettes contemporaines. Un travail fascinant à découvrir à la Galerie Clémentine de la Feronnière, du 4 au 20 février 2021.
© Stéphanie Solinas