« Une jeunesse chinoise » : une créativité débordante

14 janvier 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
« Une jeunesse chinoise » : une créativité débordante

Fascinée par les cultures étrangères, Maï Lucas, photographe eurasienne, signe, avec Une jeunesse chinoise, accueillie par la Galerie Suzanne Tarasiève / Loft 19, une exposition mêlant mode, identité et société.

Presse écrite et musicale, commandes publicitaires, shootings de mode et projets personnels au long cours, la photographe Maï Lucas ne cesse de créer. « Je réalise essentiellement un travail artistique de longue haleine sur l’identité, les subcultures et la jeunesse », précise-t-elle. Influencée par l’univers de la mode, l’artiste perçoit le modèle comme un acteur de l’image, apportant aux vêtements qu’il porte ou au récit qu’il met en scène une nouvelle identité. C’est cet attrait pour l’humain, ce désir de mettre en lumière la singularité des êtres qui constitue le fil rouge de l’œuvre de Maï Lucas.

Une jeunesse chinoise, exposition présentée pour la première fois à Paris, est le fruit d’un travail réalisé en Chine durant un an, suite à l’invitation du Centre culturel français en Chine, pour le festival multidisciplinaire Croisements, entre 2016 et 2017. Un projet ancré dans le désir de l’auteure de voyager aux quatre coins du monde pour capturer la jeunesse. « J’aime observer les rapports humains, le langage corporel, le style, les mouvements identitaires. Immortaliser les icônes modernes de notre génération à travers différents continents. La diversité culturelle est une source de richesse que l’on ne doit cesser d’observer et de célébrer », rappelle-t-elle. Par le prisme de la mode, elle livre avec cette série une célébration de la culture chinoise – vibrante et diversifiée.

© Maï Lucas© Maï Lucas

Un récit social passionnant

À travers une quinzaine de portraits, Maï Lucas s’interroge. Comment affirmer sa différence ? Et dévoiler sa propre personnalité ? Par quels moyens exister, en tant que jeune, dans une société ? Après avoir notamment photographié les afro-américains en Amérique, l’artiste découvre, avec plaisir, une tout autre culture en Orient. « Les États-Unis et la France sont des sociétés qui donnent beaucoup d’importance à la représentation, qui créent et renouvellent sans cesser l’habit et l’identité. En Chine – avec l’obligation de porter l’uniforme pendant de longues années – la politique d’ouverture est née il y a seulement quarante ans », explique-t-elle.

Dans un pays ultra-connecté où tout semble évoluer plus rapidement, les personnes qu’elle rencontre et shoote dévoilent une formidable créativité. « Ce sont des jeunes qui ont une histoire très différente du reste du monde. Suite à la politique de l’enfant unique (terminée en 2015), ils ont grandi sans fratrie et ont dû se créer leur identité seuls », précise Maï Lucas. Il y a, dans chaque cliché de la photographe, une envie de célébrer la diversité, de souligner l’authenticité de ses modèles. En suivant la piste de la mode, elle construit, en contrepoint, un récit social passionnant. « Ce sont aussi les créateurs du monde de demain. Beaucoup de chaînes ont été brisées, ils voyagent enfin facilement. Ils créeront main dans la main avec les enfants occidentaux », prédit-elle. Une ode brillante à la diversité.

 

Une jeunesse chinoise

Du 16 janvier au 2 février

Galerie Suzanne Tarasiève / Loft 19

5 passage de l’Atlas, Villa Marcel Lods, Paris 19e

© Maï Lucas© Maï Lucas

© Maï Lucas

© Maï Lucas© Maï Lucas

© Maï Lucas

Explorez
Une danse entre la vie et la mort capturée par Oan Kim
Le coup de grâce lors d'une corrida à Madrid © Oan Kim/MYOP
Une danse entre la vie et la mort capturée par Oan Kim
À travers un noir et blanc contrasté, qui rappelle la chaleur sèche de l'Andalousie, Oan Kim, cofondateur de l'agence MYOP, montre...
27 octobre 2025   •  
Écrit par Milena III
Kiko et Mar : voyage dans les subcultures de Chine
If you want to come and see me, just let me know © Kiko et Mar
Kiko et Mar : voyage dans les subcultures de Chine
Fruit d’une résidence d’artiste en Chine, la série If you want to come and see me, just let me know, réalisée par le couple de...
24 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
MP#06 : un mentorat pour accompagner la singularité
© Jennifer Carlos
MP#06 : un mentorat pour accompagner la singularité
Chaque année, le Fonds Régnier pour la Création et l’Agence VU’ unissent leurs forces pour donner naissance à un espace rare dans le...
22 octobre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Maryam Firuzi : broder la mémoire, photographier la révolte
© Maryam Firuzi
Maryam Firuzi : broder la mémoire, photographier la révolte
Photographe et artiste iranienne, Maryam Firuzi explore la mémoire collective et les silences imposés aux femmes à travers une œuvre où...
18 octobre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 27 octobre 2025 : communautés et rétrospectives
Jennifer et Saba, de la série We're Just Trying to Learn How to Love © Hamza Ashraf
Les images de la semaine du 27 octobre 2025 : communautés et rétrospectives
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, nous vous parlons de différentes communautés, de sentiments amoureux et de rétrospectives...
02 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
© Elise Jaunet
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
À travers sa série Faire corps – Journal d’une métamorphose, l’artiste nantaise Elise Jaunet explore la traversée du cancer du...
01 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
© Diego Moreno, ABISMOS, from the series Malign Influences, 2020
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
Des peurs les plus enfouies aux allégories d'une minorité opprimée, des croyances étranges aux expérimentations en chambre noire pour...
31 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Edward Weston, Shells, 1927 © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Jusqu’au 21 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie consacre une exposition exceptionnelle à Edward Weston. Intitulée...
30 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet