Le 2 novembre, le nouveau Prix pour la photographie du musée du quai Branly – Jacques Chirac a dévoilé ses trois lauréat·es : Gayatri Ganju, Seif Kousmate et le duo Ritual Inhabitual. Des photographes ayant à cœur d’illustrer les enjeux contemporains de notre monde.
Initiée en 2008, le programme de Résidences du musée du quai Branly – Jacques Chirac entendait apporter son soutien aux auteurs et autrices émergent·es venu·es du monde entier. Une ambition renouvelée cette année grâce à la création du Prix pour la photographie. Armé d’une nouvelle formule et d’une nouvelle dotation – de 30 000 euros – l’événement réaffirme son engagement historique envers la création visuelle et contemporaine. Composé notamment de Christine Barthe, responsable de l’Unité patrimoniale des collections Photographies du musée du quai Branly – Jacques Chirac, de Brook Andrew, artiste et lauréat 2015 des Résidences photographiques, et de Samantha McCoy, directrice de la Galerie Magnum à Paris, le jury a dévoilé, ce 2 novembre, les noms des trois lauréat·es du Prix : l’Indienne Gayatri Ganju, le Marocain Seif Kousmate et le duo chilien Ritual Inhabitual (Florencia Grisanti et Tito González García). Mário Macilau et Camila Juarez Morales ont quant à eux obtenu deux mentions spéciales.
© Gayatri Ganju
Tisser des récits complexes
Traditions alternatives, et rituels formateurs, surexploitation de la nature, migrations… Les finalistes du Prix pour la photographie tissent des récits complexes alimentés par les enjeux sociétaux et environnementaux de notre monde. Influencée par la mythologie, la notion de genre, et le monde sauvage, Gayatri Ganji s’intéresse, dans Someone who’s here and there aux communautés autochtones vivant dans la région forestière des montagnes Niligri, au Népal. Des natifs organisant leur existence autour de l’eau, des plantes et du sol. Interrogeant sa propre place privilégiée d’artiste, elle entend tisser un dialogue avec ses sujets pour construire un travail collaboratif, centré sur la forêt – primordiale à leur survivance.
C’est au Maroc, au cœur d’une oasis de la région, que Saif Kousmate poursuit quant à lui son projet Waha. Un espace qui, malgré son passé prospère – les oasis étaient autrefois des foyers agricoles et des hauts lieux de commerce – se meurt aujourd’hui à petit feu, victime des cycles de sécheresse qui s’abattent sur le territoire. Jouant avec les éléments organiques collectés sur place, comme avec l’acide, métaphore des effets néfastes de la pollution, il compose un récit poétique et résolument engagé.
Enfin, le duo Ritual Inhabitual voyage jusqu’au Mexique pour développer Oro Verde, une série aux frontières du réel et de la fiction centrée sur la révolution des Puréhpechas de Chéran – une révolte initiée par les femmes de la communauté mexicaine contre les partis politiques et les forces de l’ordre municipale profitant – aux côtés d’organisations criminelles – du marché extrêmement lucratif de l’avocat. Un combat animé par une volonté noble : celle de protéger leur environnement.
© Seif Kousmate
© Ritual Inhabitual
Image d’ouverture : © Ritual Inhabitual