Un photographe philosophe

20 juin 2018   •  
Écrit par Anaïs Viand
Un photographe philosophe

C’est à la MEP que Frank Horvat et Sandra Wis dévoilent le fruit de leur collaboration : Le Photosophe, des instants avec Frank Horvat. Un film captivant qui fait dialoguer photo et vidéo. Il est visible jusqu’au 27 novembre en Espagne dans cadre de la rétrospective Frank Horvat – Please don’t smile.

« Ce projet est né de ma rencontre avec le photographe Frank Horvat qui m’a permis de plonger dans son intimité, ses souvenirs et ses archives », explique Sandra Wis, la réalisatrice du film Le Photosophe, des instants avec Frank Horvat. La première fois qu’ils se sont vus, c’était il y a deux ans. Et depuis, une vraie complicité les lie. D’elle, Frank Horvat, raconte : « Sandra sait filmer d’une manière qui me touche. Elle va toujours là où je veux qu’elle aille, comme si la caméra pouvait suivre mes désirs ». On lit alors sur le visage de la concernée une immense émotion.

C’était le mercredi 2 mai dernier, lors de la projection du film Le Photosophe, des instants avec Frank Horvatdans l’auditorium de la Maison européenne de la photographie (MEP). Sur l’écran, le public assiste à un véritable duel d’images de 73 minutes. Elle, derrière sa caméra. Lui, derrière son boîtier. Que ce soit en studio, dans un train ou sous un olivier de la maison de campagne de Frank Horvat.

© Frank Horvat

Une promenade du regard

Dans ce film, l’ancien membre de l’agence Magnum nous raconte sa vision de la photographie à partir des instants clefs de sa carrière. Dans son studio, il nous dévoile quelques uns de ses diptyques, une façon pour lui de montrer aux autres ce qu’il se passe dans sa tête. L’un d’eux marque notre esprit : deux taureaux et un couple. Deux images et plusieurs interprétations. Et pourtant, la puissance qu’il en émane demeure.

Un saut dans les années 1960 nous emporte à New York où il réalise ses premières photos de mode pour quelques grands magazines (Elle, Vogue et Harper’s Bazaar). « Une bonne photo de mode, c’est un instant d’une femme », définit le photographe. Puis arrêt à Cotignac, où il revient sur les natures mortes qu’il réalise inspiré par une lumière qui ne cesse de l’obséder. Il évoque aussi ses délicieux portraits d’arbres, un hymne à l’axe du monde. « J’ai peur des chiens, mais pas des arbres », avoue le photographe, face caméra.

Le Photosophe… est une promenade du regard parsemée d’anecdotes et de conseils sur la réalisation d’une bonne photo. « Il ne faut pas qu’elle se répète, il faut qu’elle raconte quelque chose de différent », partage le photographe. Plus loin, il questionne  le temps qui passe, une thématique chère au photographe-philosophe qui demeure attaché à la mémoire, aux souvenirs : « Les images sont des traces de la vie (…) aujourd’hui, on a tout vu et la photo fait revivre ce qui a disparu. » Et puis, avec une absolue modestie, il finit par avouer qu’il n’y est pour rien. « C’est le hasard qui fait tout, il apporte sa propre contribution. »

Le carpe diem selon Wis et Horvat

Sandra Wis signe ici un vrai long-métrage sur la photographie, sur l’instant photographique – bien loin de la classique biographie. Quant aux paroles du photosophe, elles résonnent comme une ode à la vie : « Regarder, voir et prendre. » Ce long-métrage est à retrouver en Espagne, au musée Palau Solterra, dans le cadre de la rétrospective Frank Horvat – Please don’t smile. À l’occasion de Paris Photo 2018, il sera aussi présenté à Paris en présence de Frank Horvat et de la réalisatrice Sandra Wis.

© Frank Horvat © Frank Horvat © Frank Horvat © Frank Horvat © Frank Horvat

© Frank Horvat

Explorez
La précieuse fragilité selon le festival FLOW#1
Les Fossiles du futur, Synesthésies océaniques © Laure Winants, Fondation Tara Océan
La précieuse fragilité selon le festival FLOW#1
Du 20 septembre au 30 octobre 2025 s’est tenue la première édition de FLOW, un parcours culturel ambitieux imaginé par The Eyes...
13 novembre 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Une fable collective au cœur du béton, par Alexandre Silberman
© Alexandre Silberman, Nature
Une fable collective au cœur du béton, par Alexandre Silberman
Exposée à la galerie Madé, dans le cadre de PhotoSaintGermain, jusqu’au 30 novembre 2025, la série NATURE d'Alexandre Silberman...
12 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Laura Lafon Cadilhac : s'indigner sur les cendres de l'été
Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor © Laura Lafon Cadilhac
Laura Lafon Cadilhac : s’indigner sur les cendres de l’été
Publié chez Saetta Books, Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor de Laura Lafon Cadilhac révèle un été interminable. L’ouvrage se veut...
07 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Écofemmes Fest : un rendez-vous pour créer, lutter, transmettre
Trenza, le lien qui nous unit, 2025 ©Gabriela Larrea Almeida
Écofemmes Fest : un rendez-vous pour créer, lutter, transmettre
Jusqu'au 9 novembre prochain, La Caserne, dans le 10e arrondissement de Paris, accueille la première édition d’Écofemmes Fest, un...
07 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
La Galerie Carole Lambert réenchante l'œuvre de Manuel Álvarez Bravo
Petit cheval de Quito © Archivo Manuel Álvarez Bravo
La Galerie Carole Lambert réenchante l’œuvre de Manuel Álvarez Bravo
Jusqu'au 18 décembre 2025, la Galerie Carole Lambert devient l’écueil des 40 tirages d’exception du photographe mexicain Manuel Álvarez...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les secrets des météorites dévoilés par Emilia Martin
I saw a tree bearing stones in place of apples and pears © Emilia Martin
Les secrets des météorites dévoilés par Emilia Martin
Dans son livre I Saw a Tree Bearing Stones in the Place of Apples and Pears, publié chez Yogurt Editions, Emilia Martin s’intéresse au...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Jonathan Bertin : l'impressionnisme au-delà des frontières
Silhouette urbaine, Séoul Impressionism © Jonathan Bertin
Jonathan Bertin : l’impressionnisme au-delà des frontières
Jusqu’au 20 décembre 2025, Jonathan Bertin présente, à la Galerie Porte B, un dialogue délicat entre sa Normandie natale et Séoul, ville...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), 2023 © Emilio Azevedo
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Présentée dans le cadre du festival PhotoSaintGermain et au musée du Quai Branly, l'exposition Rondônia. Comment je suis tombé amoureux...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III