Chantez, buvez et amusez-vous ! 

11 janvier 2019   •  
Écrit par Anaïs Viand
Chantez, buvez et amusez-vous ! 

En 2018, durant deux mois, la photographe russe Valya Lee s’est fait passer pour une party girl dans un club de karaoké chinois. Elle immortalise son immersion dans un reportage glaçant, intitulé Katyusha. In the Mood for Love.

En Chine, personne ne sait vraiment ce qu’il se passe dans les clubs de karaoké. Alors Valya Lee, une photographe russe indépendante, a décidé d’aller enquêter sur le terrain. « Il est essentiel de me plonger dans le monde que j’étudie, d’explorer le sujet depuis l’intérieur, explique la jeune femme, étudiante en photo à Saint-Pétersbourg. Avec Katyusha. In the Mood for Love, je raconte l’histoire de milliers de femmes qui travaillent dans des clubs de karaoké – on les appelle “party girls”, c’est-à-dire “hôtesses”, “fêtardes” ou encore “filles qui s’amusent avec de l’alcool”. » Si elles sont majoritairement chinoises, ces hôtesses viennent aussi de Russie ou d’Ukraine. Durant deux mois, Valya Lee partage le quotidien de ses femmes poupées et documente cette économie souterraine au smartphone. « Ce n’était pas une expérience facile. C’est le genre d’endroit où les femmes sont considérées comme une marchandise. Leur beauté est tout ce qu’elles peuvent offrir. Les filles entrent dans la pièce et s’alignent sur une seule rangée. Puis les hommes font leur choix », raconte Valya Lee. Le mot d’ordre véhiculé par les managers de ces lieux ? « Vous êtes là pour chanter, boire et vous amuser ! »

Créer une ambiance d’amour

« Dans ces clubs, les gens jouent aux amoureux. Les filles prétendent aimer communiquer avec des inconnus, elles sourient, permettent aux hommes de toucher leur corps ou tolèrent des relations encore plus intimes. Leur rôle ? Créer une ambiance d’amour », explique la photographe. Une mise en scène nécessaire à la survie de nombre d’entre elles. À travers ses images, Valya Lee offre un témoignage poignant sur l’état du monde moderne et sur la société chinoise marquée par l’instabilité économique. Personne n’oblige ces femmes à travailler et pourtant, « certaines d’entre elles aiment leur travail, car il leur permet de gagner rapidement de l’argent et de vivre une belle vie ». On le savait déjà, le corps est un objet de consommation, et pourtant, les images de Valya Lee présentent un univers glaçant.

© Valya Lee © Valya Lee

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© Valya Lee © Valya Lee

© Valya Lee© Valya Lee

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