Jolanta Mazur est une photographe polonaise autodidacte qui s’intéresse à la symétrie des paysages urbains. Dans sa série Human in Geometry, elle bâtit un monde parallèle et coloré, peuplé de silhouettes errantes. Un univers géométrique et aliénant, inspiré par la peinture.
Jolanta Mazur découvre la photographie lorsqu’elle déménage en Malaisie, en 2016. Elle arpente les rues de Kuala Lumpur, en quête de points de vue uniques. « Je suis en recherche perpétuelle de scènes graphiques, raconte la photographe, j’aime manipuler mes images pour qu’elles soient visuellement pures, minimalistes. » Human in Geometry est une série disloquée. Les images, venues de Pologne et de Malaisie, se mélangent, tout en s’opposant. « J’essaie de brouiller les pistes, pour installer une sensation d’ambiguïté », explique la photographe. De ses clichés émerge un monde étrange, à la fois proche et lointain. Un territoire urbain et dépeuplé, aux couleurs magnétiques. « Un monde bariolé, artificiel et insensé », précise-t-elle.
Photographie picturale
C’est la peinture qui influence Jolanta. Ses images, abstraites et géométriques, semblent parfois tracées au pinceau. Comme si l’artiste avait joué avec la réalité. « J’utilise un objectif à longue focale, confie-t-elle, sa capacité à réduire la profondeur rend l’image plus plate, lui donnant des airs de tableaux. » La photographe invente ainsi un nouvel espace, aliénant, presque effrayant. « Il reflète mes propres pensées et, parmi elles, mes peurs », explique-t-elle. Les lignes d’horizon sont absentes des photographies. Sans elles, les hommes immortalisés par l’objectif se retrouvent piégés dans cet espace urbain et claustrophobe. De ces lieux banals, Jolanta construit une photographie picturale insolite. Ses sujets, des silhouettes anonymes, arpentent ce territoire, seuls et perdus. Des ombres peintes sur une toile. « J’aime transformer ces scènes du quotidien en quelque chose d’étrange. Ces instants prosaïques évoluent alors en une création poétique », conclut-elle.
© Jolanta Mazur