Juan Borgognoni fait son théâtre du monde

09 mai 2022   •  
Écrit par Ana Corderot
Juan Borgognoni fait son théâtre du monde

Dans les images et les peintures de Juan Borgognoni, l’histoire se dessine au fil de ses inspirations. Avec créativité, il invente des contes fabuleux se voulant proches de notre réalité.

Artiste indépendant, photographe de mode, peintre amateur et fervent défenseur de l’art conceptuel, Juan Borgognoni vagabonde entre spontanéité et perfectionnisme. En faisant dialoguer ses origines latino-américaines et européennes au sein de son œuvre, il tente de dévoiler toute « sa vérité intérieure ». Car dans son approche artistique, l’acte créatif est spirituel. C’est un moment d’accalmie salvateur où le corps semble être en parfaite harmonie avec l’esprit. « Mon univers photographique est un amas d’idées, de sensations qui fusent au moment même où je réalise mes œuvres. La créativité me guérit. C’est quelque chose de très instinctif qui exige tout de même un voyage vers l’intérieur. Le médium photographique fait le pont entre mon intellect et mon cœur. C’est un dialogue perpétuel avec l’extérieur », explique-t-il. Conçues comme des extensions de son imaginaire foisonnant, ses créations photographiques et picturales se lisent comme des contes pop et rocambolesques, théâtres d’émotions pures.

La théâtralité de la réalité

Dans ses images aux couleurs chatoyantes, Juan Borgognoni nous raconte des histoires inventées, parfois inspirées de celles de ses amies ou encore d’expériences personnelles. Malgré une technique et un processus artistique s’approchant de la perfection, le photographe laisse une place primordiale à l’impromptu, comme un acteur sur une scène ouverte. « Dans mon travail personnel, j’improvise beaucoup. Parfois, les idées me viennent d’histoires que quelqu’un m’a racontées. D’autres fois, l’inspiration émane d’un endroit qui a attiré mon attention, ou bien elle provient de la relation que j’entretiens avec les objets. D’une certaine manière, ce sont eux qui me dictent le chemin des images. Ils sont pareils à des autels dans lesquels j’organise mes pensées », dévoile-t-il.

Et dans cet espace libre d’inventions, les protagonistes de ses images se mettent en scène en se fondant dans des rôles bien écrits. Ici, les moues et visages semblent exagérés, parfois grimés, mais tentent néanmoins de dévoiler leur propre vérité. Selon l’auteur, chaque image est un miroir faussement stéréotypé de notre réalité. « J’aime nommer le concept de mes images : “théâtralité de la réalité”. Ces photos vous proposent des morceaux de récits, aussi bien humains que culturels ou universels », ajoute-t-il. C’est notamment la sensation qu’un de ses clichés − représentant deux jumelles face à face − lui procure. « Dans leurs yeux, j’ai ressenti de l’extase puisque j’ai compris que nos reflets n’avaient rien à voir avec notre essence, que rien ne nous appartenait vraiment et que notre vision du réel était tout à fait subjective », exprime-t-il. Véritable pratique cathartique, l’art de figer l’instant et les entités prend tout son sens pour Juan Borgognoni – tout comme le dessin.

© Juan Borgognoni

© Juan Borgognoni

La créativité, envers et contre tous

D’une énergie créatrice inépuisable, l’artiste brille dans diverses disciplines artistiques. Le dessin et la peinture apparaissent comme une continuité de son œuvre, voire comme des fulgurances de son inventivité. « Parfois, j’ai l’impression que la photographie en moi est usée ou brouillée, cela fait de nombreuses années que je crée à partir de ce que je ressens, mais parfois, je pense que l’immédiateté des peintures me garantit beaucoup plus de plaisir, d’authenticité et d’instantané que le 8e art », avoue-t-il. Pareilles à des émanations de son inconscient, ses œuvres picturales se dessinent au gré de ses pulsions sur le pinceau et lui procurent un air de renouveau. Il y a, dans ses compositions peintes, le besoin d’une reconnexion à soi, la nécessité de trouver un équilibre qui se fait sentir. Un élan que Juan Borgognoni concrétise en liant créations picturales et photographiques entres-elles. « Il me semble que je fais des peintures pour dire à mes images comment elles devraient être », ajoute-t-il avec amusement. Comme happé dans un flux continu de production artistique, l’artiste nourrit le feu de sa créativité pour ne jamais le consumer.

© Juan Borgognoni© Juan Borgognoni

 

© Juan Borgognoni

 

© Juan Borgognoni

© Juan Borgognoni© Juan Borgognoni

 

 

© Juan Borgognoni

 

© Juan Borgognoni

 

 

 

© Juan Borgognoni© Juan Borgognoni

 

 

 

© Juan Borgognoni

© Juan Borgognoni

 

 

© Juan Borgognoni© Juan Borgognoni

 

 

© Juan Borgognoni

 

 

© Juan Borgognoni© Juan Borgognoni

 

 

 

© Juan Borgognoni

Explorez
Festival de Cannes : 22 séries photo qui mettent le cinéma à l’honneur
Un calendrier situé à l'extérieur du bureau du lieutenant indique le nombre de jours écoulés depuis le dernier meurtre © Theo Wenner
Festival de Cannes : 22 séries photo qui mettent le cinéma à l’honneur
À l’occasion de la 78e édition du Festival de Cannes, qui commence ce mardi 13 mai, la rédaction de Fisheye met le cinéma à...
13 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 28 avril 2025 : rétrospective d’avril
© Sander Coers
Les images de la semaine du 28 avril 2025 : rétrospective d’avril
C’est l’heure du récap ! De nombreux rendez-vous ont rythmé les publications de cette semaine. Les coups de cœur du mois, un nouvel...
04 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les Rencontres de Niort : la nuit en ébullition des artistes en résidence
Les ballades du corail © Joan Alvado
Les Rencontres de Niort : la nuit en ébullition des artistes en résidence
Depuis 1994, Les Rencontres de la jeune photographie internationale de Niort poursuivent leur volonté d’être un incubateur de création...
03 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Pôle Nord, corgis et plongeuses japonaises : nos coups de cœur photo d’avril 2025
Images issues de Midnight Sun (Collapse Books, 2025) © Aliocha Boi
Pôle Nord, corgis et plongeuses japonaises : nos coups de cœur photo d’avril 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
30 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Festival de Cannes : 22 séries photo qui mettent le cinéma à l’honneur
Un calendrier situé à l'extérieur du bureau du lieutenant indique le nombre de jours écoulés depuis le dernier meurtre © Theo Wenner
Festival de Cannes : 22 séries photo qui mettent le cinéma à l’honneur
À l’occasion de la 78e édition du Festival de Cannes, qui commence ce mardi 13 mai, la rédaction de Fisheye met le cinéma à...
13 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #506 : avec la légèreté d'une plume
© Oana Stoian / Instagram
La sélection Instagram #506 : avec la légèreté d’une plume
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine saisissent un instant, un moment suspendu dans l’air, une respiration, une...
13 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
L'exposition Benzine Cyprine victime de vandalisme
Le compromis, de la série Benzine Cyprine © Kamille Lévêque Jégo
L’exposition Benzine Cyprine victime de vandalisme
Les expositions présentant le travail de femmes photographes et traitant de sujets liés au féminisme et à l’égalité des genres sont...
12 mai 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Dans l'œil de Marivan Martins : portrait de la surconsommation
Black Friday © Marivan Martins
Dans l’œil de Marivan Martins : portrait de la surconsommation
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Marivan Martins, photographe brésilien, installé à Paris, dont le livre autoédité Black Friday est...
12 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger