Avec Miner, un travail créatif sur les matières et les minéraux, l’artiste américaine Lindsey Kennedy questionne notre rapport à l’intimité. Une notion mise à mal par un confinement prolongé.
« Je passe par différentes phases, durant lesquelles je suis obsédée par une texture, une palette de couleurs, un effet visuel particuliers. Je passe alors de nombreuses heures sur internet – et dans des friperies – à la recherche d’objets, de pierres, de verres, de fabriques… »
, raconte Lindsey Kennedy.
Fascinée par les matières, la photographe venue de Santa Fe s’enferme, des jours durant, dans son studio à la recherche des bonnes combinaisons. Douceur et rugosité fusionnent dans ses œuvres presque tactiles et questionnent notre rapport au toucher. Drapés dans des tissus de soie ou de velours, les rochers et noyaux de fruits deviennent des trésors étincelants de mille feux. Un univers minéral que l’on retrouve dans Miner, un travail minimaliste autour de la notion d’intimité. « Comme beaucoup de personnes, l’intimité émotionnelle est quelque chose que j’ai subi, que l’on m’a poussée à vivre. Je la perçois comme une monnaie d’échange, que je ne peux jamais vraiment éviter », confie-t-elle.
Un répit hors de l’obscurité
Inspirée par la crise sanitaire et le confinement imposé à la population, Lindsey Kennedy s’est interrogée sur les changements que ceux-ci provoquent au cœur des relations. « Tout est devenu assez extrême. Certaines connexions ont ralenti, ou se sont même effacées à cause de la quarantaine. D’autres se sont considérablement accélérés, grandissant dans un manque d’espace. Ces changements, ainsi que notre désir de cultiver l’intimité par l’intermédiaire d’écrans m’ont poussé à me questionner, à tenter de représenter ce voile qui nous enveloppe », raconte l’artiste.
Au cœur de Miner, les minéraux aux bords coupants représentent notre essence : parée de matières luisantes, mais incapable d’en sortir. Les animaux écorchés, quant à eux, évoquent notre liberté, arrachée, mise à terre. En utilisant des tons doux, des textures lisses, la photographe nous propose un répit hors de l’obscurité. Un havre de paix influencé par la folie du monde extérieur et pourtant rassurant. « J’essaie toujours de créer des œuvres tendres. Dernièrement, je pense que cette esthétique est devenue une forme d’apaisement personnel », ajoute-t-elle. Fragile, vulnérable, précieuse, son allégorie de l’intimité nous invite à repenser nos relations et à faire le point sur notre santé mentale.
© Lindsey Kennedy