Marco Laborda, artiste né à Barcelone, joue avec les photographies pour reconstruire une nouvelle réalité. Il transforme ainsi des portraits en collages bariolés, créant des espaces ouverts à l’imagination.
« Après des années de travail sur ordinateur, j’ai trouvé un moyen de renouer avec mon enfance : le jeu, la manipulation et la création »,
affirme Marco Laborda. L’artiste catalan collabore avec deux photographes, Vincent Urbani et Carlos Villarejo, pour créer ses collages. « C’est d’ailleurs par le collage que j’ai commencé à accorder beaucoup plus d’attention à la photographie », confie-t-il. Il parcourt ainsi des revues, les photographies de ses collaborateurs, en quête de portraits et de regards qui le captivent. En parallèle, il crée dans sa tête des espaces colorés, lieux de de reconstruction des éléments qu’il décortique. Son travail devient un jeu de (dé)construction d’images. L’objet de sa fascination ? L’humain. « Sans doute l’objet qui me fascine le plus est l’être humain, avec toute sa complexité, son idiotie, ses peurs et ses rêves. » Ainsi, avec ses collages, il cherche à une « façon d’arrêter le temps et de capturer l’âme humaine. » En observant ses créations, nous retenons ces figures décomposés, ces espaces colorés. Il construit une nouvelle réalité, composite, à partir d’images existantes. De façon intuitive − c’est ainsi qu’il décrit son travail, Marco Laborda propose une approche entre décomposition et reconstruction. Et puis « il y a un moment où je m’arrête et j’arrête de chercher, comme si j’arrivais à un bon port ». Pourtant, une image, comme une histoire, n’est jamais achevée.
Un être en mouvement
Quand Marco Laborda parle de son travail, il évoque une danse, un « être en mouvement ». Le parcours de l’artiste en est témoin : fils d’un peintre, ayant grandi entouré d’art, il a suivi des études d’art dramatique, a travaillé dans le cinéma et la publicité avant de se consacrer aux arts visuels. « Je suis un être en mouvement, les expériences me modifient intérieurement et extérieurement », révèle l’artiste. Marco Laborda, comme ses collages, est lui-même en construction, un être en quête de nouveaux médiums d’expression. « J’aime à penser que, comme les collages, nous sommes tous composés de restes d’autres personnes : nos parents, nos grands-parents et tous ceux qui ont influencé notre vie et notre manière d’être. » Des collages à l’instar de son créateur, mais aussi de tout humain, en construction permanente. Tout dans notre vie est en mouvement. Marco Laborda résume ainsi l’essence de son œuvre : « J’aimerais penser que ces collages transmettent la complexité d’être un être humain. Les bords, les vides, le mouvement constant que nous vivons. En fin de compte, nous vivons dans un état d’altération constante, que je ressens en moi. Aujourd’hui je ne suis plus le même qu’hier, j’évolue et je suis involutif dans d’autres cas. Le collage a cette particularité : on peut jouer avec les visages et les modifier. C’est pourquoi j’aime créer des figures incomplètes, en construction. » Finalement, comme un humain, « une œuvre d’art n’est jamais terminée, elle s’arrête simplement aux endroits intéressants ».
© Marco Laborda / Vincent Urbani / Carlos Villarejo