Parti intime : l’anneau thermique, pour une contraception plus équitable

21 juillet 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Parti intime : l’anneau thermique, pour une contraception plus équitable

Habitué des projets documentaires atypiques, Guillaume Blot tourne cette fois son objectif vers l’intérieur en réalisant Parti Intime. Un projet mêlant photographie et témoignages autour d’un moyen de contraception peu connu : l’anneau thermique.

Après avoir capturé le charme des Rades, des Buvettes et des Relais Routiers, Guillaume Blot s’est plongé dans un sujet intime, encore trop peu discuté : l’anneau thermique. Photographe et journaliste de formation, l’auteur venu de Nantes s’attache depuis plusieurs années à explorer des thématiques méconnues, des univers ignorés que l’on découvre avec fascination au fil de ses images sensibles. Avec passion, il ne cesse de créer, construire, partager avec le monde une mosaïque de contenus où l’humour croise l’intelligence. « Mon travail documentaire se concentre essentiellement sur les univers que je peux côtoyer. Alors, lorsque j’ai décidé d’utiliser l’anneau thermique, fin 2021, je me suis dit qu’un témoignage en photo et textes du parcours pouvait se montrer utile à d’autres personnes », explique l’auteur.

Peu commercialisé et encore moins populaire, l’anneau thermique propose une véritable alternative à la charge mentale contraceptive, réservée généralement aux femmes cis-hétéro. « Je connaissais la méthode via le slip chauffant, mais j’imaginais alors des mini-bouilloires greffées à mon boxer, épousant mes testicules qui deviendraient par magie inopérantes. C’est via Instagram et des comptes militants que j’ai découvert l’existence de l’anneau. Le procédé est peu invasif : un simple objet siliconé à porter 15 heures par jour. Une méthode sans hormone et réversible. Je me suis dit : pourquoi pas ? », se souvient Guillaume Blot.

© Guillaume Blot© Guillaume Blot

Comme un encouragement doux

À la manière d’un journal de bord, croisant photographies, témoignages et textes personnels, le photographe débute alors Parti Intime. Une série à fleur de peau, où la didactique rencontre le naturel – et parfois le cru. Une manière sensée et sensible de démocratiser la contraception masculine. « Les personnes qui figurent sur mes images ont répondu à mon appel sur les réseaux sociaux. Ce sont autant des connaissances que des inconnu·es. Si j’ai recueilli la parole d’hommes, j’ai également souhaité intégrer les témoignages de duo », explique-t-il. Parmi eux, le couple d’Élie et Lucie. « Je l’ai aidé dans le chemin sinueux des débuts en l’accompagnant moralement, en étant patiente. Puis je l’ai laissé gérer », confie d’ailleurs la jeune femme. Et pour son compagnon, la méthode est un succès : « Je voyais bien que son implant la saoulait. J’ai mis un peu de temps à me lancer, car personne autour de moi ne le portrait, et j’avais besoin, je crois, d’être rassuré. Le groupe Facebook Contraception masculine – infos et témoignages m’a pas mal aidé à ce sujet », précise-t-il.

Imaginé comme un projet collaboratif, cherchant à regrouper et diffuser l’information, Parti Intime entend rendre visible le parcours à suivre lorsqu’on souhaite se familiariser avec l’anneau. Achat, spermogramme, consultation avec un médecin, contrôle des parties génitales, vérification quelques mois plus tard… Si les étapes sont nombreuses, celles-ci permettent une égalité plus importante au sein des couples. Un processus que même les femmes ont encore du mal à accepter : « J’ai reçu de la part de certaines d’entre elles des encouragements, quelques félicitations, qui ne devraient pourtant pas avoir lieu d’être – applaudit-on les filles qui prennent la pilule ? – et parfois des doutes quant à la responsabilité et la confiance contraceptive déplacée sur le garçon », ajoute le photographe. Une réticence révélant les séquelles d’une société régie par un patriarcat omniprésent. Et pourtant, loin de capturer les tensions, ou les doutes qui accompagnent ces nouveaux objets, Guillaume Blot choisit plutôt de souligner l’amour, la communication, l’acceptation de ses protagonistes. Tons feutrés, corps dénudés, moments intimes et étreintes douces… Tout dans ses clichés appelle à l’apaisement, à la sérénité. Comme un encouragement doux à faire éclore le débat, à rassurer sur la lente évolution des responsabilités au cœur des relations. Disponible en totalité sur son site, le reportage Parti Intime évoque d’ailleurs un tutoriel artistique, suscitant la curiosité. Une belle manière de faire rimer engagement et photographie. Et si des questions vous taraudent, l’auteur propose même d’échanger avec lui par email, à son adresse : heyguillaume@gmail.com. 

© Guillaume Blot

© Guillaume Blot© Guillaume Blot

© Guillaume Blot

© Guillaume Blot© Guillaume Blot

© Guillaume Blot

Explorez
Raymond Depardon, l’éloge du passage
© Raymond Depardon
Raymond Depardon, l’éloge du passage
La Galerie Magnum présente Raymond Depardon : Passages, une rétrospective visible jusqu'au 26 juillet 2025. À travers une...
18 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Le palmarès du prix Picto de la Mode 2025 : la mode au croisement des enjeux contemporains
Symbiose © Arash Khaksari
Le palmarès du prix Picto de la Mode 2025 : la mode au croisement des enjeux contemporains
À l’occasion de la 27e édition du prix Picto de la Photographie de Mode, la cour du Palais Galliera s’est transformée en un lieu...
16 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Alex Bex révèle la sensibilité des cowboys texans
Intermission (Big Foot, Texas), de la série Memories of Dust © Alex Bex, France, 3rd Place, Professional competition, Documentary Projects, Sony World Photography Awards 2025.
Alex Bex révèle la sensibilité des cowboys texans
Avec sa série Memories of Dust, le photographe franco-texan Alex Bex ébranle les codes de la masculinité dans les ranchs de cowboys au...
13 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
18 séries photo à découvrir aux Rencontres d'Arles 2025
Extrait de Father (Atelier EXB Paris, 2024) © Diana Markosian
18 séries photo à découvrir aux Rencontres d’Arles 2025
Alors que la 56e édition des Rencontres de la photographie d’Arles approche à grands pas, la rédaction de Fisheye vous invite à...
11 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Que reste-t-il après le feu ? : des images, des voix, des actifs
Tour immersive en forêt © Alexandre Dupeyron
Que reste-t-il après le feu ? : des images, des voix, des actifs
À l’Écomusée de Marquèze, jusqu’au 28 septembre 2025, l’exposition 600° La forêt après le feu du collectif LesAssociés, pose une...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Archevêché by Fisheye : une 2e édition haute en couleur
© Marie Meister
Archevêché by Fisheye : une 2e édition haute en couleur
Du 7 au 12 juillet 2025, Fisheye investit la cour de l’Archevêché, lieu de rendez-vous incontournable du ()ff des Rencontres d’Arles, au...
19 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Bouche : l'épiderme selon Lucile Boiron
Bouche © Lucile Boiron
Bouche : l’épiderme selon Lucile Boiron
Avec sa série Bouche, Lucile Boiron, formée à l'École nationale supérieure Louis-Lumière, s'intéresse de près à la peau, aux fluides et...
19 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Raymond Depardon, l’éloge du passage
© Raymond Depardon
Raymond Depardon, l’éloge du passage
La Galerie Magnum présente Raymond Depardon : Passages, une rétrospective visible jusqu'au 26 juillet 2025. À travers une...
18 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina