Comment se préserver en temps de crise ? Morvarid K réfléchit sur la question depuis 2013, avec son travail intitulé Preserved for a better day. Une série à redécouvrir en écho à la crise du Covid-19.
« Il y a des jours où je manquais de motivation, et où je me demandais à quoi, tout ce que l’on fait, pouvait bien servir – de bonnes questions existentielles ! Et puis il y a des jours où je parvenais à avancer sur mes divers projets artistiques », lance Morvarid K, en souvenir du confinement. Des projets presque toujours marqués par l’engagement, la complexité humaine et la résilience. Fondamentales dans son œuvre, ces trois notions sont aussi intemporelles et universelles et ont particulièrement raisonné durant la crise du Covid 19. Un autre écho à l’actualité ? Preserved for a better day. Une série signée sept ans plus tôt, alors que l’Iran subissait une crise politique et sociale, prenant aujourd’hui un nouveau sens.
« À l’époque, je vivais à Téhéran et la pression géopolitique et l’embargo des États-Unis se faisaient vraiment sentir dans la vie quotidienne, les prix avaient flambé, beaucoup de produits étaient introuvables. C’était difficile et on sentait bien que les gens tenaient comme ils pouvaient, en espérant des jours meilleurs. J’avais l’impression de voir la carapace de chacun, bidouillée avec les moyens du bord », se souvient l’artiste. Morvarid K a photographié des Téhéranais masqués dans leurs intérieurs, devant se cacher pour être préservés. « À travers la métaphore du drap, je relate l’histoire d’individus contraints de vivre avec des restrictions avec l’espoir d’être encore présent à l’arrivée des jours meilleurs », précise-t-elle. L’origine des crises diffère, et pourtant la symbolique est similaire. « La résilience, le fait d’être en suspens, et le besoin de continuer à avancer comme on peut font partie de notre vie et surviennent à différents moments, et sous diverses formes », conclut Morvarid K.
© Morvarid K